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lundi 30 novembre 2015

Trop court itinéraire d'un jeune homme bien né


Certes, les deuils sont toujours des événements pénibles, mais la perte d'un enfant se situe au-delà de l'insupportable. Quelqu'un me faisait remarquer, un  jour, qu'il n'y a d'ailleurs pas de mot dans la langue pour exprimer la situation que cela crée dans une famille, pour un parent, un frère ou une sœur, contrairement à la perte d'un parent qui donne : "veuf", "veuve", "orphelin" ou "orpheline".

Et si le passé ne plaide pas pour le futur, la mort d'un jeune homme qui a déjà donné des espérances de réussite (qu'elle soit sociale ou personnelle), laisse forcément une frustration accrue : quel affreux gâchis, ne dit-on pas alors.

Il y a quelques temps, le 3 août 2013, j'ai raconté la triste fin de Christian Benoist-Gironière, décédé accidentellement dans le massif de la Chartreuse d'une chute, lors d'une excursion avec sa fiancée. C'était le 30 août 1925, en fin de journée. Il avait 26 ans.

Voici l'heure d'évoquer non plus sa mort, mais sa vie, en tout cas celle qui a laissé une trace dans les archives publiques.

Il était donc le second enfant du couple Benoist - Proust de la Gironière (lui, médecin ; elle, propriétaire, comme indiqué dans les documents). Un premier enfant, Robert, leur était venu mais avait succombé à l'âge de deux ans.

Christian Benoist-Gironière était né le 3 mars 1899 à Guémené. Toutefois, la vie connue du jeune homme commence à ses dix-huit ans, au tout début 1918.

A l'époque, la Première Guerre Mondiale est entrée dans sa dernière année. Mais pour autant, l'issue du conflit reste indécise. D'un côté, les Américains ont rejoint les Alliés, à la fin de 1917. Mais d'un autre côté, la Révolution russe va rapidement déboucher sur une paix séparée sur le front de l'est, permettant aux Puissances Centrales de récupérer des troupes et de mener sur le front de l'ouest une vaste offensive qui sera proche, au cours du premier semestre 1918, de l'emporter.

C'est donc dans un contexte militaire incertain pour les armées françaises, que le jeune Christian choisit de s'engager volontairement, pour la durée de la guerre, et pour au moins trois ans, durée du service militaire.

Cet engagement est enregistré le 26 janvier 1918, à Guémené. Le 2 février, le jeune homme arrive au corps du Génie où il va effectuer ses classes : il est sapeur de 2ème classe. Il passe ensuite au 2ème Régiment du Génie le 30 septembre 1918 et part sur le front le 1er octobre.

Malade, il sera évacué et hospitalisé le 4 décembre 1918 à l'hôpital militaire complémentaire de Nantes et ne rentrera au dépôt que le 17 février 1919. Il sera ensuite détaché à l'Ecole des Aspirants d'Angers le 8 mars 1919 et sera nommé sergent le 1er octobre de la même année.

Il se porte ensuite volontaire pour l'Armée d'Orient et quitte la France le 26 décembre 1919. Il en sera rapatrié le 17 novembre 1920 et sera renvoyé dans ses foyers le 11 février 1921, passant dans la réserve de l'armée d'active le 16 février suivant (6ème régiment du Génie).

Sa courte carrière militaire au front, fin 1918 en métropole, est cependant remarquée. Il bénéficie ainsi d'une citation assortie de la Croix de Guerre : " Jeune sous-officier de la classe 1919, affecté, sur sa demande, à une unité combattante, a pris part de septembre à Novembre 1918 à toutes les affaires auxquelles sa compagnie a été mêlée et s'est particulièrement distingué au cours de la progression de ces deux derniers mois de campagne dans la construction de passerelles sur l'Ailette et en établissant des ponts de passage pour l'infanterie."

Les papiers militaires conservent quelques éléments permettant d'imaginer la silhouette des jeunes gens passés par le Conseil de Révision. Christian Benoist-Gironière mesurait ainsi 1 mètre 72. Il avait des cheveux noirs et des yeux bruns. Pour le militaire qui l'ausculta, son visage était long, son front haut et son nez rectiligne. La photo ci-après n'infirme pas ces observations :



Que fait-il entre février 1921 et janvier 1922 ? Ce n'est pas tracé. On peut imaginer qu'il prépara le concours d'entrée à l'Ecole des Beaux-Arts de Paris, concours tenté une première fois le 16 février 1918, alors qu'il avait déjà rejoint l'armée.

Toujours est-il qu'il que le 28 janvier 1922, Louis Cirée, architecte qui fut l'un des promoteurs de la station balnéaire d'Hauteville-sur-Mer dans la Manche, non loin de Coutances, qui dirige un atelier préparatoire à l'Ecole des Beaux Arts de Paris, délivre  une attestation qui stipule que le jeune Christian a bien suivi la préparation au concours sous sa direction et qu'il est apte à en subir les épreuves.

Cette préparation lui réussit, puisque le 17 mars suivant, le jeune Christian est admis dans l'établissement de la rue Bonaparte à Paris, section architecture. Le sujet traité lors de ce concours était un portique-abri.

Il y sera identifié comme le matricule 7785, sous le nom de Benoist, dit Benoist-Gironière, ce dernier patronyme d'usage n'ayant pas encore fait l'objet d'une décision du Conseil d'Etat, comme l'atteste un courrier du jeune homme du 6 avril 1922 dans lequel il réclame que soit utilisé son nom composé dans les courriers (convocations d'examen) afin d'éviter la confusion avec d'autres Benoist.

Voici un extrait de cette lettre qui permet de découvrir l'écriture de l'étudiant et, au détour de celle-ci, une part de sa personnalité et de la façon de l'exposer.
























A Paris, le jeune homme demeure rue des Grands-Augustins, petite rue du 6ème arrondissement qui vit passer plus d'une gloire : les peintres Robert et Sonia Delaunay, Picasso, le mathématicien Pierre-Simon de Laplace, Gounod qui y passa son enfance, Littré, La Bruyère,... Mais aucune célébrité n'avait encore, semble-t-il, hanté le n° 10 où résida le future architecte.

Le jeune homme qui suivra dans l'Ecole l'enseignement qu'Henri Deglane et Charles Louis Nicod (deux gloires de l'époque) dispensaient dans leurs ateliers respectifs, ne fut pas manchot. Au détour de sa première année (2ème classe), il obtient un nombre conséquent de "valeurs" dont une troisième médaille en modelage et une deuxième médaille en construction.

Il passe dans la classe suivante (1ère classe) le 26 octobre 1923. Il obtient alors quatre deuxièmes médailles en dessin et modelage ; une deuxième médaille en histoire de l'architecture ; deux premières médailles en projets rendus ainsi que la Grande Médaille de l'émulation en 1923 - 1924.
























Evidemment, je ne me rends pas bien compte de ce que représente cette accumulation de breloques, mais je sens diffusément qu'on a affaire à un bon élève.

A compter du 20 août 1924, il demeure au 38 rue du Bac.























C'est fort logiquement qu'il obtient son diplôme le 12 novembre 1924 dans le cadre de la 128ème promotion de l'Ecole. Son projet de fin d'étude fut une villa à Cabourg. C'est le premier enfant de Guémené à connaître pareil succès.

Puis en 1925, il reçoit la Grande Médaille d'argent de la Société centrale des architectes, fondation Alfred Chapelain.

Le 31 mars 1925 constitue la dernière date de sa présence à l'Ecole, et l'élève Christian Benoist-Gironière a alors bien mérité de la Loire-Inférieure qui a subventionné ses études.

Son décès accidentel fut brièvement mentionné dans la revue la Construction moderne, numéro du 11 octobre 1925, page 23 :


samedi 21 novembre 2015

Famille rurale, je vous aime


Les attentats de vendredi dernier à Paris ont ceci de particulier pour les Parisiens, qu'ils peuvent avoir le sentiment que ç'aurait pu être eux, chacun, n'importe qui.

Les deux photos, ci-dessous, c'est l'immeuble en face de chez moi, de l'autre côté de l'étroite rue pavée. Un hommage de voisins, des fleurs, des bougies, des dessins d'enfants. La femme avait 46 ans et sa vie s'est arrêtée au Bataclan.





Mais, comme on dit, la réponse à cette terreur contre ce que nous sommes, doit être de continuer à être ce que l'on est.

Alors, on continue.


***

Le 17 juillet 1965, c'était un samedi, j'étais forcément à Guémené depuis quelques semaines déjà. Je ne me souviens pas d'avoir assisté à l'événement dont je vais parler et qui pourtant a dû faire envie à ma grand-mère Gustine et à ma tante Madeleine-qui-m'a-élevé : il serait bien étonnant que nous n'y ayons pas pointé notre nez...

Pourquoi cette date, cet événement ? Pour rien, sinon que le hasard de la recherche de vieux papiers concernant Guémené m'a amené à acheter un petit livret tout entier consacré à la Journée de la Famille Rurale, journée qui semble bien avoir eu toutes les caractéristiques d'une sorte de kermesse populaire.

Le livret en question comporte le programme des festivités et, pour le reste, des publicités locales. Outre un voyage au coeur des amusements passés, il s'agit donc d'une plongée dans le Guémené commerçant d'alors, décor de cette époque pour tous les Guémenois.

Cette fiesta familiale est placée sous le patronage de l'O.R.T.F., qui va assurer une partie de l'animation, et de divers organismes et associations du cru : communes circonvoisines, organismes agricoles financiers ou institutionnels, syndicats paysans,... La présence parmi ces "sponsors" du "Syndicat des Radio-Électriciens et Dérivés", est moins intuitive, mais enfin...et puis c'est quoi, les "Dérivés"..?



Le programme des festivités est rien moins qu'alléchant et couvre l'ensemble de la journée de ce beau samedi.

La Journée a probablement commencé par quelques discours de "présidents". Les politiques locaux président, en effet, à l'événement : Hunault (Xavier) de Chateaubriant à fait le déplacement ainsi que les maires de Plessé, Pierric, Marsac, Massérac, Conquereuil, Derval et Plessé. Celui de Guémené (commune non citée) doit bien être de la partie aussi. On remarque également Fournis, le notaire, Conseiller Général du canton de Guémené.

Une fois les parloteries officielles achevées, les choses sérieuses peuvent débuter. Le matin est à la main des autorités locales. Mais l'après-midi relève de l'organisation de l'O.R.T.F.

On commence donc à 9 heures 30 par des JEUX DIVERS pour enfants et grandes personnes. On imagine un peu : pêche au canard, course en sacs, ... pour les uns ; jeux d'adresse, concours de palets,...pour les autres. Imaginer aussi une buvette, voire plusieurs : l'exercice donne soif, c'est bien connu, surtout à Guémené.

On enchaîne par un RADIO-CROCHET. On ne conserve malheureusement pas de trace de cet épisode lyrique qui dut valoir son pesant de nougatine. L'imagination vagabonde, en essayant de se figurer la scène...Heureusement, le Cercle Celtique du Don vient offrir une demi-heure de folklore costumé vers 11 heures.

Le déroulement de l'après-midi est confié à un présentateur animateur "sympathique", Eric Menigant qui opère depuis un car studio de l'O.R.T.F. Il s'agit peut-être d'Eric Menigand, un comédien de cette époque.

A 13 heures est lancé le FIL ROUGE. Je ne sais pas ce que c'est, mais ça dure quand même deux heures.

A 15 heures, nous sommes au pic de la journée : on lance les "épreuves intéressant le machinisme agricole" (concours ou démonstration d'engins ?) puis la "sélection des familles". Tout ça nous entraîne jusque vers 18 heures.

Pendant ce temps, les fanfares du coin et le Cercle Celtique donnent de la voix et de la cuisse : "Aubades, chants et danses" se sont succédé à un rythme endiablé.

Enfin, il faut bien terminer une fête, et à 18 heures on procède à la remise des lots. Une tombola devait sans doute être associée à l'événement : les programme sont en effet numérotés et coûtent un franc. C'est la "Reine de Guémené" qui s'y colle...premier prix un vélo, deuxième prix dix bouteilles de Gros Plant, troisième prix... Applaudissements, bisous, un dernier coup de blanc pour la route, la foule se disperse...On regrette vraiment de ne se souvenir de rien...




La partie publicitaire du livret est aussi un régal.

Il faut d'abord apprécier les conseils en matière de prudence de conduite automobile du syndicat d'initiative de Guémené qui, pour l'occasion fait couplé gagnant avec la Prévention Routière. Ainsi ce proverbe marqué au coin du bon sens : "Va vite quand tu peux, doucement quand il faut, mais jamais trop vite"...Ou encore cette injonction qui en dit long sur les méthodes d'apprentissages "économiques" de la conduite à l'époque : "Apprenez à conduire avec des professionnels, votre vie n'a pas de prix"... Ou même cette remarque pleine d'un lourd sous-entendu à la fin : "Voiture ou cycliste mal ou non éclairé, engin ignoré"...

Commence ensuite la longue litanie des "réclames". Elles se distinguent par leur taille : page, demi-page, quart-de-page ; l'accumulation d'arguments factuels supposés convaincre ; la typo ; une accroche, quelque fois.

Legrand, place de l'Eglise vendait des disques, des lustres, des frigos, des télés,...et Sévère Babin, derrière la Mairie, s'occupait de tout en matière de photographie, en son "Studio Celtique".



L'Economique, sans doute parce qu'on y pratiquait de petits prix, n'avait apparemment pas les moyens de se payer plus qu'un quart-de-page. Sa clientèle est faite de "clientes". 

Le chauffagiste Henri Janvier, sur la route de Beslé, s'occupe de pas mal de choses : plomberie, zinguerie, etc...Il vend aussi des bouteilles de gaz.



Si Grimault résume assez bien son activité par un "Tout l'Habillement" aussi simple qu'exhaustif, Marie Rousseau semble avoir un territoire de jeu moins homogène : on ne sait pas bien pourquoi, en effet, son magasin de la Place de l'Eglise étant consacré à l'alimentation, elle y vend aussi les laines Phildar...Bibard, l'horloger situé non loin, n'hésite pas à mettre en avant son activité de maroquinerie...



Avec l'auto-école St-Christophe de la rue de la Chevauchardais, c'est toute la modernité des années 60 qui s'étale : on utilise des "disques et enregistrements magnétiques", oui madame, pour des cours de code de surcroît gratuits et, tant qu'à faire, modernes !

Aux Docks de l'Ouest de la famille Daniel (ah, Julien Daniel, vous êtes toujours dans le panthéon de mes souvenirs, quand vous faisiez votre tournée avec votre camionnette, distribuant des bonbons aux enfants), la modernité est bien présente aussi : c'est un "Libre Service" !

Et Ménard, combien de cadeaux et autres bricoles achetés avec ma grand-mère dans ce magasin de référence !



Le Central' Café de la Place Simon existe toujours, avec sa terrasse. On n'y sert surement plus des bières "La Meuse". On appréciera la mention "consommations fraîches"... 

On allait chez Gravaud, rue de l’Épée pour acheter des canevas ou des écheveaux de fil DMC pour les broderies de ma tante Madeleine.



On ne manquait jamais de s'arrêter au Café du Stade, rue de Beslé : c'était souvent au retour des enterrements sur le trajet desquels était ce vénérable établissement. Je ne me rappelle pas avoir jamais rencontré André Paillaud, mais sa femme fait partie de mes souvenirs d'enfance. Son prénom était-il Monique ? Je finis par en douter. 

Ma grand-mère était amie avec cette très gentille dame. Je la revois derrière son comptoir, son rire sonore emplit encore mes oreilles et si la grenadine - qu'elle m'offrait - a un visage, c'est le sien.



Nous n'avons jamais fréquenté le magasin de Josette Haudion, "Elegance et Haute Coiffure". On se demande bien quel diplôme d'Etat pouvait bien avoir cette personne pour vendre ses produits. Au fait qu'est-ce que ces "exclusivités" : Dr Faust et R Garraud ?



Le Café de la Résistance n'est plus. Nous n'y allions jamais. Mais l'un des fils Le Huludut, enseignant, m'avait donné des leçons, l'été, à la fin des année 60. 

Hurel est plus associé pour moi aux travaux de menuiserie qu'au reste. Je garde assez vivace son souvenir (une casquette, une cigarette au coin de la bouche) et sauf si je confonds, il me semble qu'il avait un atelier aussi sur le Boulevard.



Borgogno, je m'en souviens, et de sa fin et de son enterrement...J'en ai parlé naguère...

Jehanno, l'auto-école, fait encore plus fort que St-Christophe : les cours de codes gratuits sont filmés !



Gadessaud, rue de la Poste, constitue une adresse familière pour cette époque où tout le monde avait un vélo (à réparer). C'est aujourd'hui une épicerie fine qui a repris l'emplacement, plus rien à voir...

On reste par ailleurs confondu par l'éclectisme marchand de Lepage, épicerie et mercerie, miel et tissus...

Et ce pauvre Chopin, "membre du Comité Artistique de la Coiffure Française", comment a-t-il pu atterrir chez "Mme Borgogno" ? Encore heureux qu'il pratique les "coiffures modernes" !



Briand, à l'angle de la rue de la Poste et de la rue de la Chevauchardais, était vraiment "tout l'ameublement", à Guémené.

Et Clavier ! C'est là que j'allais acheter mes asticots pour la pêche et les carottes de tabac à chiquer pour le Père Després, notre voisin de la Hyonnais...



Les frères Cormerais furent une référence pour la réparation automobile. C'est chez eux que mes parents confièrent à l'été 67 leur pauvre R10 toute neuve ravagée dans un accident vers Langon. Et la charcuterie Poupon de la Place Simon (qui visiblement n'avait qu'un pâté de lapin, mais plusieurs andouilles de Guémené...), demeure dans ma mémoire olfactive...



Pierre Legendre du Pont de l'Arondelle (ou de la Rondelle, au fait ?) était un cousin germain de ma mère. Sa belle-fille habite toujours sur place, je la salue.

Et chez Colson, tout est bon ! C'est fort !



Il faudrait des pages pour évoquer les pâtisseries de chez Tardif !

On notera sur un autre plan et avec curiosité que Janine Geffray vous proposait un examen du cheveu (gratuit) avec "micro-visionneur" : qu'en faisait-elle ?




Sans doute y aurait-il beaucoup plus à dire, mais je n'allais pas beaucoup faire les courses, en dehors des choses les plus courantes.

Je note d'ailleurs à regret que le magasin de fruits et légumes de Madame Michel, décédée très âgée, récemment, ne figure pas dans la liste des annonceurs. Mais après tout, elle n'en avait pas besoin tant son magasin et ses produits étaient fameux.

dimanche 15 novembre 2015

Trois invalides


Depuis la fin de l'année 1694, l'Hôtel des Invalides accueille, à Paris, plaine de Grenelle, quartier du Gros Caillou, les abîmés de l'armée française.

Je voudrais aujourd'hui tirer de l'oubli trois de ces valeureux qui ont fait un petit peu de la gloire des Louis guerriers (le XV, en l'occurrence) ; qui, ce faisant, y ont laissé un peu d'eux-mêmes, et qu'aucune rue, ni creuse cérémonie, ne viendra jamais rappeler à notre mémoire.

Ces trois gaillards sont nés au début du XVIIIème siècle, à l'heure où Louis XIV commençait de tourner rance, pour le plus âgé de nos nouveaux amis (1712), ou bien à l'heure où ce valeureux monarque commençait sûrement à ne plus ressembler à grand-chose, pour les deux plus jeunes (1719 et 1720).



L'aîné se nomme Louis François de la Chatelais et fut baptisé le 16 mars 1712 en l'église de Guémené par Messire Méhat, alors recteur de cette paroisse, et qui sentait un peu le pipi.

La Chatelais un un village qui se trouve à l'ouest de Guémené, tout près de Juzet et de la commune de Conquereuil.

C'est peut-être en ce lieu excentré du bourg que naquit, le 28 février 1712 le jeune Louis François.

En effet, papa et maman, respectivement Messire Guy de la Chatelais et Dame Perrine Joly, sont explicitement mentionnés comme seigneur et dame dudit lieu. Il faut croire que le brave petit n'était pas trop sûr que la vie valût la peine d'être vécue car il n'avait pas trop fière allure à la naissance : étant alors jugé en péril de mort, on alla quérir un curé au plus près, et ce fut le recteur Lucas de Conquereuil qui vint oindre le chérubin, à domicile.

Soit franchement le bébé a mis du temps à se décider à vivre, soit il n'a pas fait un temps à mettre un môme dehors de quinze jours, à Guémené, mais le baptême officiel, si j'ose dire, ne se tint en l'église de Guémené que le 16 mars suivant. .

Toujours est-il qu'on n'alla pas loin chercher le parrain qui fut Jean François de Poulpiquet, seigneur du Halgouët, de Juzet et autres lieux, autrement dit un voisin.

La marraine fut prise dans la même classe sociale puisqu’il s'agit de Dame Louise Pichat, dame de Calac (et autres lieux, naturellement).

Voici donc un petit rejeton de nobliau de robe (probablement), qui visiblement ne dut pas être très doué pour les lettres (ni pour les chiffres), ni même pour rien du tout, en fait, car s'il embrasse une carrière militaire dont on ne sait rien, elle ne le mena assurément pas bien loin en termes de position dans l'armée. Louis-François termine en effet son parcours militaire comme "bas-officier", c'est-à-dire, en françois de notre époque : sous-off'.

Cette carrière dut lui laisser quelques loisirs quand même. Car Louis François, distrayant son attention et son énergie de la France, trouva le temps de se marier. Ce fut en 1748, le 20 février, en hiver comme un vulgaire paysan, qu'il convola avec une demoiselle Marie Bégouin de la paroisse voisine de Pierric, en l'église de cette dernière.

A vrai dire, la mariée n'était plus de la première fraîcheur, étant âgée de 58 ans (lui de 36) au moment de la cérémonie. Apparemment, ce n'était pas son mariage d'essai puisqu'il était alors veuf d'une certaine Marie Dupuis.

On trouve encore sa trace au mariage de son beau-frère, à Pierric en 1755.

Ayant fini de tuer les ennemis de la France et sans doute ses femmes, on ne sait qui l'estropia, ni comment, mais il est admis aux Invalides en 1769 et 1770.

Probablement quelque peu remis sur pied, il termina son existence aventureuse à Nozay, à peu de lieues de sa paroisse natale, où il coula les jours heureux d'un pensionné de guerre.



Le second héros guerrier de ce jour s'appelle Julien Le Masson. Il m'est proche en affection car s'il naquit le 29 janvier 1719 (étant baptisé le 30) à Guémené, ce fut dans mon cher village de la Hyonnais (écrit : la Hignonais). Dans laquelle donc des ruines et autres vieilles bâtisses encore debout près de ma maison, le cri premier de ce nourrisson fut-il donc poussé et entendu...

Il est le fils de Vincent Le Masson et de Louise Poitevin dont on ne sait rien.

Sa carrière militaire est en revanche plus documentée que celle de notre précédent héros.

Julien Le Masson, dit Masson, selon l'usage de l'époque d'attribuer un sobriquet aux soldats, est un cavalier et il devait avoir fière allure dans son bel habit.






















Il passe trois ans dans les Milices de Bretagne, Bataillon de Redon, puis sert vingt ans  au Régiment Royal Etranger, Compagnie d'Aigremont. 

En dépit des apparences, ce régiment recrutait en France uniquement. Il comprenait deux escadrons, puis quatre à partir de 1761. Chaque escadron comprenait quatre compagnies de quarante cavaliers. L'une de ces compagnie était celle de Masson.

Considérons que Masson servit dans ce régiment entre 1740 et 1763.

En 1749, le régiment stationne à Ploërmel, en 1751 à Vannes, avant de gagner Laon en 1752, Valenciennes en 1754 et Dôle en 1755.

Il participa à la Guerre de Sept Ans qui débuta en 1756.


Notre héros ne ménagea pas sa peine. Et si sa fiche à l'Hôtel des Invalides signale qu'il est catholique comme il se doit, elle mentionne aussi que le pauvre garçon est sujet à de fréquents étourdissements.

C'est cette infirmité, peu compatible avec la monte d'un canasson et la défense de la patrie, qui le conduit à l'hospice de la plaine de Grenelle.

Il y entre le 31 mars 1763.

Il ne dut pas y rester trop longtemps, soit que la soupe y était aigre, soit qu'on trouvât qu'il ferait bien d'aller voir ailleurs. Toujours est-il qu'il mourut loin de la Hyonnais, à Calais, le 24 novembre 1770, paroisse Saint-Pierre, et fut enterré le lendemain, âgé de 52 ans seulement, étant pensionné, au faubourg de cette ville.

Il laissait une veuve, éplorée, selon l'usage en vigueur, Madeleine Ledoux.



Notre troisième héros du jour est Jean Meslin. Jean est le fils de Julien Meslin et de Julienne Corbin, qualifiés "d'honorables gens".

Ces derniers deviennent parents du petit Jean le 14 octobre 1720, baptisé le lendemain.

Il quitta ce monde le 20 juin 1779, en sa résidence guémenoise de Balleron, à la sortie du bourg à l'ouest, bien fatigué apparemment puisqu'on lui donnait dix ans de plus que son âge réel. Il laissait pour veuve Julienne Judalet, un nom bien de chez nous.

Jean Meslin, dit Tranquille, fut admis aux Invalides le 29 octobre 1761, mais on ne sait quand il en sortit pour rejoindre son nid natal et y vivre en pensionné de guerre ses dernières années près de la douce Judalet.

Il avait eu une vie militaire plutôt bien remplie qui l'avait conduit au grade de sergent. C'était donc un "bas-officier", lui aussi.

Il a commencé sa carrière dans le régiment de Chartres où il aurait passé dix-huit ans dont six en tant que sergent.

Ensuite, il fait partie des Volontaires Liégeois, pendant deux ans, où il fut sergent également.

Sa dernière affectation comme sergent est le Corps des Volontaires du Dauphiné, Compagnie Duras, où il a tiré dix-neuf mois.

Tout ça, bien sûr, n'a pas été sans conséquences. Participant aux guerres de son époque, le brave homme a encouru quelques blessures.

Ainsi, au mois d'août 1760, il reçoit un premier coup de feu au bras gauche près de Warburg, où les armée françaises furent défaites pendant la Guerre de Sept Ans. Cette balle fut suivie d'une seconde reçue on ne sait où, à la bataille de Creveldt, le 30 octobre 1760.













Tout catholique qu'il soit, comme cela est dûment noté dans fiche d'hôtel (des Invalides), cela l'incommode et le conduit finalement à l'hospice un an plus tard, après vingt deux ans de loyaux services commencés, semble-t-il, vers l'âge de dix-neuf ans.

Bon, voilà pour le devoir de mémoire auprès de ces très anciens. Il faudra aussi penser à ceux d'avant-hier.

dimanche 8 novembre 2015

Héros et Thanatos


C’est toujours pareil : il n’y a pas de rapport entre la trace des choses et leur importance. Il n’y a pas de rapport non plus entre la qualité sociale des gens et leur moralité politique.

On peut aussi se demander pourquoi certains, pas des héros a priori, gens ordinaires, fondus dans la population, vont choisir de risquer leur vie et faire des choses remarquables que, sans trop en savoir le détail, les générations futures vont bien plus tard comémorer en de creux et dérisoires rituels.

Bref, les héros, conçus comme à la fois les bons et les engagés, ne sont pas prévisibles.

Il est frappant aussi, quand on examine les faits et gestes des héros, de voir combien, individuellement, le résultat tangible de leur action est souvent ténu, et combien la trace de cette action est encore plus fugace.

Bref, l’action des héros accouche bien des fois de peu de choses palpables et ne laisse au passant qu’une ombre légère qui se remarque à peine et des prétextes à quelques célébrations distraites et lointaines.

La mort en général, celle qui toujours auréole a posteriori l’action des héros (et même des salauds, - de nous tous, en fait), fournit d’emblée, à ceux d’après, l’enjeu – qui paraît énorme - de la partie dans laquelle les héros se sont engagés.

Mais l’enjeu de la partie ne doit pas masquer le fait que ces héros étaient des gens comme vous et moi, et de simples vivants désireux de vivre, qui ne cherchaient probablement pas l’aventure ni la gloire.

Ainsi n’aspiraient-ils sans doute qu’à être en accord avec eux-mêmes, sans trop penser à la mort, ni à l'idéal qui les animait.

Et des héros, il y en a partout. Et ceux de Guémené ne le sont pas moins qu’ailleurs. Je dirais même qu’ils forment un échantillon emblématique qui raconte à lui seul toute l’histoire et la précarité de cet héroïsme.


Que reste-t-il de Jean Civel dans le souvenir des Hommes ? Quelques anciens enfants octogénaires ou nonagénaires de Guémené, dont on réchaufferait la mémoire, évoqueraient peut-être encore l’instituteur public, sa classe, ses leçons, et peut-être même, allons savoir, sans en dire forcément que du bien.

Deux feuillets dactylographiés, un peu passés, dont je suis redevable à un ami et fidèle lecteur, sont toutefois restés à la surface du néant où il a disparu. C’est de cela dont il va être question aujourd’hui.
























Le document de Jean Civel, instituteur à Guémené pendant l’Occupation allemande, fournit un éclairage sur une partie de l’histoire de la Résistance à Guémené, ainsi que sur une partie de ses acteurs.

On apprend ainsi que dès novembre 1942, un nommé Linard (alias James), agent de liaison de l’Armée Secrète, prend contact avec Jean Le Huludut, facteur à Guémené.

Jean Le Huludut signale à Jean Civel ce contact et « il est alors décidé de constituer un groupe d’agents parachuteurs ». Comme on s’en doute, ce groupe a pour objet de préparer des parachutages (d’armes notamment) dans la région de Guémené.

Le secteur de la Landezais, gros hameau à l’ouest de la commune, paraît approprié pour ces largages, en raison des longues prairies qui longent la rivière, le Don.

L’agent de liaison Linard connaît ce coin et fait enregistrer à Londres le terrain sous le nom de « Cérium » (le Cérium, métal de la famille des terres rares, entre notamment dans la fabrication des pierres à briquet…). Linard, qui était hébergé quand il venait à Guémené chez son cousin boulanger Georges Rabu, avait dû déjà se cacher à la ferme de M. et Mme Lizé, à la Landezais.

L’équipe en charge d’organiser et réceptionner les parachutages comprend :

Jean-Baptiste Certain, son fils Jean ; Francis Launay ; Jean Le Huludut ; Emile Menoret, sa fille Paulette ; Marcel et Alphonsine Marie Lizé ; Jean Civel.

Trois d’entre eux mourront en déportation ; trois d’entre eux en reviendront ; quatre d’entre eux, réussiront à y échapper.

L’annonce d’un éventuel parachutage sur le terrain « Cérium » doit se faire par un message de Radio Londres, un soir à 19 heures 30. Trois messages sont prévus :

Dans la plaine s’écoulent les eaux ", " La rame plonge dans le fleuve ", " Le papier est plus blanc que son âme ".

Ce n’est que vers le 10 novembre 1943 que le premier message passe. Ce soir-là, c’est la pleine lune et il fait clair. L’équipe se rend sur le terrain : un balisage au sol est mis en place avec trois lampes électriques blanches et une rouge disposées à 50 mètres de distance, dans le sens du vent pour accélérer notamment l'ouverture des parachutes.

Le passage de l’avion doit intervenir entre 23 heures et 1 heure du matin. L’avion arrive dans ce créneau. Un signal lumineux est produit au sol à intention de l’avion (un P, en morse) : celui-ci allume ses feux une seconde fois en signe de compréhension. Puis il fait un tour sur le marais pour prendre le vent et passe au-dessus du balisage. Là, il lâche ses containers d’armes et repart dans la nuit.

Les containers sont emportés à la ferme Lizé de la Landezais et camouflés, avant que, trois semaines plus tard, un camion ne viennent les prendre pour acheminer les armes à Saint-Étienne de Montluc chez deux membres de l’Armée Secrète, MM. M Maillard et M. Trottier.
















Un second parachutage était prévu pour fin janvier 1944, mais sera empêché par l’arrestation de plusieurs équipes de l’Armée Secrète à Nantes, Châteaubriant, Saint-Étienne de Montluc et, en dernier, à Guémené.

Le groupe de Guémené est ainsi arrêté le 27 janvier 1944 dès 7 heures du matin par la Gestapo de Nantes. Les premiers interrogatoires se déroulent chez Georges Rabu, puis place Louis XVI (Place Foch, au siège de la Gestapo) à Nantes. Ensuite le groupe sera enfermé à la prison La Fayette, toujours à Nantes.

Voici quelques éléments de leur biographie et de leur destin :


Ceux qui ne revinrent pas :

Jean-Baptiste Certain était né le 24 décembre 1891 à Guenrouët. A l’époque des faits, il est retraité de la gendarmerie et demeure au Pont de la Rondelle, à Guémené. Jean-Baptiste Certain est expédié à Compiègne le 18 février 1944 puis de là à Mathausen, le 22 mars 1944, où il arrive le 25 mars.

Il fait partie d’un convoi de 1.218 hommes, français pour la plupart, dont plus de la moitié de reviendra pas. Matricule 59698, il décède le 2 mai 1944 au camp annexe de Mathausen, la Loibl Pass, où il était affecté depuis le 17 avril 1944.

Créé en juin 1943, le camp annexe de Loibl Pass se composait en réalité de deux camps distincts : l'un, situé sur le versant sud du massif des Karawanken, du côté slovène, ouvert le 3 juin 1943, et, l'autre, implanté sur le versant nord du même massif mais du côté autrichien dont la construction date des mois de septembre et octobre 1943. Les détenus y travaillaient au percement d'un tunnel routier pour le compte de l'entreprise Universale Hoch-und Tiefbau AG.


Paulette Menoret était née le 29 février 1924 et elle habitait le village de Feuilly, non loin de la Landezais. Son convoi de déportation, qui comprend 50 femmes dont 36 rentreront, part de Paris le 2 mars 1944. Il passe par Aix-la-Chapelle.

Paulette Menoret est à Ravensbruck le 16 mars 1944 où elle intègre le block 32, puis à Mathausen le 7 mars 1945. Elle est cataloguée « NN », « Nuit et Brouillard », et à ce titre doit disparaître sans laisser de trace. Matricule 31969 (2212), elle est ensuite affectée à Amstetten, le 20 mars 1945, et y décède le jour même.

Le sous-camp ou Kommando de femmes d’Amstetten a pu comprendre jusqu’à 500 détenues. On y construisait des chemins de fer.


Jean Le Huludut était né le 28 juillet 1910 à Lorient et exerçait à Guémené la profession de facteur PTT. Un convoi de 1.490 hommes (91% de français) l’emporte le 6 avril 1944 dont un peu moins de la moitié reviendra.

L'ancien facteur est d’abord interné à Melk (24 avril 1944) puis au Camp Central de Mathausen (15 juillet 1944). Matricule 62566, il fut gazé le 5 décembre 1944 à Hartheim.

Au kommando de Melk, les déportés (jusqu’à plus de 10.000) étaient employés à la construction de galeries souterraines pour usines. Le château d’Hartheim  était un kommando spécial, en fait un centre d'euthanasie. Environ 30.000 personnes y sont mortes.


Ceux qui revinrent :

Jean Civel était né le 17 janvier 1909 au Gâvre. Instituteur à Guémené, il avait dans la Résistance la responsabilité de Chef de secteur. Il fit partie du même convoi que Jean-Baptiste Certain et arrive donc à Mathausen le 25 mars 1944.

Matricule 59745, il fut affecté à Steyr, sous-camp situé en Haute-Autriche. Libéré le 5 mai 1945, rapatrié à l’hôtel Lutétia à Paris le 25 mai, il écrira plus tard le petit texte de deux pages à peine qui permet de garder encore la mémoire du groupe de résistants de Guémené et de leur destin.

A Steyr, on fabriquait des armes ou des bunkers souterrains dans et pour la firme Steyr-Daimler-Puc. Jusqu’à un peu moins de 2.000 déportés y ont souffert.


Georges Rabu était né le 11 janvier 1904 à Ruffigné et faisait profession de boulanger à Guémené-Penfao. Il fit partie du même convoi que Jean-Baptiste Certain et Jean Civel.

Matricule 60480 à Mathausen, il fut affecté au kommando de Wiener Neudorf le 16 avril 1944, puis au Camp Central. Il fut libéré le 28 avril 1945 par la Croix-Rouge et rapatrié à Annemasse le 5 mai 1945.

Au kommando de Wiener Neudorf on produisait des moteurs d'avion. Ce kommando compta près de 3.000 déportés.


Marie Lizé, de son nom d’état-civil. Alphonsine Marie Houguet, cultivatrice, avait épousé Marcel Lizé, cultivateur à la Landezais. Elle était née le 11 avril 1911 à Guémené Penfao. Son convoi de déportation partit de Paris (Romainville) le 2 mars 1944, passa par Aix-la-Chapelle et arriva à Ravensbrück le 16 mars où elle est dirigée vers le block 32.

Elle fut ensuite envoyée à Mathausen le 7 mars 1945. Matricule 31960 (ou 2136) à Mathausen. Elle fait en fait partie du même convoi et suit le même parcours que Paulette Menoret. Estampillée également « NN », elle sera néanmoins libérée par la Croix-Rouge le 22 avril 1945 et rapatriée à Annecy le 29 avril 1945. Elle décédera à Guémené le 3 mai 1987.


Ceux qui s’échappèrent :

Jean Certain, fils du gendarme retraité du Pont de la Rondelle ; Emile Menoret, père de Paulette, demeurant à Feuilly ; Francis Launay, responsable EDF à Guémené ; Marcel Lizé cultivateur à la Landezais.


Autres déportés de Guémené non mentionnés par Jean Civel :


Jean-Baptiste Raimbaud (ou Rimbaud), né à Beslé le 30 octobre 1918, quatrième enfant de Pierre (né à Derval le 29 juillet 1874 et décédé à Avessac le 19 avril 1940), employé des Chemins de Fer de l’Etat et d’Angélique Guérin (née en 1886 à Pierric).

Déporté à Wilhelmshaven, ou il meurt le 20 janvier 1945. Matricule 43790 au camp de Neuegamme. Convoi de 722 hommes (27% rentreront), parti de Belfort le 29 août 1944.

Dans le même convoi se trouvait Bernard Danet, matricule 44233. Né à Beslé aussi, le 17 mai 1920. Il mourra à Bergen-Belsen le 13 avril 1945. Son neveu s’est employé avec beaucoup de force et une dévotion admirable à retracer les derniers temps de la jeune et courte vie de Bernard Danet. J'espère un jour pouvoir donner un aperçu de ce travail remarquable.



Un maître d'école, un gendarme à la retraite, un facteur, des cultivateurs, un agent EDF, un boulanger,....La Résistance : une sociologie à méditer...