Il y a quelques années déjà, les pelleteuses ont fait disparaître ce qu'il restait d'un monument de Guémené : la piste du vélodrome a été détruite. Une partie du patrimoine guémenéen a disparu. En quelques jours, le vélodrome Joseph-Haugomat a été la proie des pelleteuses, après 88 ans d'existence.
Le vélodrome a été construit en 1923, avec une piste en terre battue, et inauguré à l'Ascension de l'année suivante. Il a connu une première période florissante jusqu'en 1939, avec la participation des as de la petite reine du coin, les meilleurs pistards régionaux animant les réunions diurnes qui étaient organisées régulièrement.
Pendant la guerre de 1939-1945, le vélodrome est détruit par les Allemands qui défoncent la piste pour y faire des abris.
En 1947, sous l'impulsion de Joseph Haugomat, animateur de la Pédale guémenéenne, une piste en cendrée fut reconstruite. On retiendra que cette année-là, Jean Robic, vainqueur du Tour de France, dut s'incliner devant le régional Lucien Tulot venu en voisin (il est de Pierric, donc tout à côté de Guémené)...
Ci-dessous la photo de cet événement marquant où le petit gars du coin s'apprête à "sauter" le grand Robic, photo qui m'a été transmise par son fils que je remercie vivement (un article sera consacré à la carrière de Lucien Tulot prochainement).
On appréciera par ailleurs l'état du terrain et on versera une larme sur la minoterie Lucas à l'arrière-plan, autre monument local abattu par les pelleteuses...
Puis la piste fait à nouveau l'objet de travaux pour relever les virages et, en 1950, elle est cimentée. En 1951, l'éclairage est installé et la première nocturne organisée, le 15 août de cette même année.
Ensuite, chaque année, deux réunions sont organisées, à l'Ascension et au 15 août, en nocturne, avec en clôture un superbe feu d'artifice. Chaque soirée était alors une véritable fête populaire et familiale.
La Pédale guémenéenne a pu proposer des plateaux de qualité en retenant les coureurs qui s'étaient mis en évidence dans le Tour de France et les meilleurs pistards mondiaux.
Chaque année des coureurs qui se mettaient en évidence dans le Tour de France venaient participer à cette soirée.
C'est ainsi que se sont produits tour à tour sur l'anneau de Guémené : Jacques Anquetil, Raymond Poulidor, Cyrille Guimard, Roger Pingeon, Lucien Aimar, les frères Groussard, Jean Malléjac, Bernard Thévenet, Patrick Sercu, Bernard Hinault, Laurent Fignon, Ronan Pensec, les frères Madiot et bien d'autres.
En 1969, deux réunions avaient été organisées. La première l'après-midi du Jeudi de l'Ascension avec la participation des médaillés des Jeux olympiques de Mexico, les Trentin, Morelon, Rebillard et Rousseau à qui étaient opposés les meilleurs régionaux dont notamment Jean-Yves Lebreton.
Au 15 août de la même année, le Belge Ferdinand Bracke, champion du monde de poursuite, Lucien Aimar, vainqueur du Tour de France, Rolf Wolfschol, champion du monde de cyclo-cross tenaient la vedette et Cyrille Guimard apportait la contestation.années suivantes
Mais le record d'affluence se produit au 15 août 1971, lorsque 6 000 spectateurs sont venus encourager Raymond Poulidor.
J'ai encore dans l'oreille les primes aux coureurs offertes par les commerçants du bourg qu'annonçait au micro le speaker, tous montants données en nouveaux et en anciens francs...
Chaque réunion se terminait donc par un superbe feu d'artifice... C'était la fête. A plus de cent kilomètres à la ronde on parlait de la nocturne du 15 août à Guémené-Penfao et on se déplaçait ! On se souvient qu'après les courses, au milieu de l'anneau de course, un vélo s'enflammait, ses roues projetant dans la nuit des étincelles blanches.
Mais les années ont passé, les budgets ont été de plus en plus lourds et difficiles à équilibrer, entre désaffection du public et exigences financières des coureurs. La date du 15 août a été abandonnée...
Et le 28 juillet 1990, la réunion commentée par Daniel Mangeas, speaker officiel du Tour de France ne mobilisait plus que 1 500 spectateurs. Certes, Ronan Pensec, Thierry Claveyrolat, Laurent Biondi étaient présents mais...le couperet est tombé : la réunion sur piste d'après Tour avait vécu.
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