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samedi 1 novembre 2014

Curé-culum vitae : l'itinéraire de François Maillard


Il n'est pas né à Guémené, et n'y est pas mort non plus. Tout au plus y-a-t-il peut-être passé une douzaine d'années. Il ne fait cependant pas de doute que la personnalité de François Maillard n'a pas laissé la population guémenoise de son époque indifférente.

Il était né à Bouvron, au village de la Bélinais, le 6 février 1754, enfant de Paul Maillard et de Jeanne Olivier, laboureurs.

Ordonné prêtre en 1780, il fut d'abord vicaire à Derval où la Révolution de 1789 le trouve : son curé est alors l’Abbé Crespel, recteur de cette paroisse depuis 1788. Cet homme jeune, comme Maillard, populaire, est plutôt favorable au nouveau cours des choses.

Aussi, le dimanche 3 février 1791, au prône de la grand-messe, il prête serment à la Constitution Civile du Clergé, ainsi que son vicaire l’abbé Maillard : « je jure de veiller avec soin sur les fidèles de la paroisse qui m’est confiée, d’être fidèle à la Nation, à la Loi et au Roi et de maintenir de tout mon pouvoir la Constitution décrétée par l’Assemblée Nationale et acceptée par le Roi ».

Mais si, face à l'hostilité du Pape, Crespel va finir par renier son serment de fidélité à la Nation, François Maillard, lui, va persister dans ses choix. Il s'en suit une promotion qui l'amène à Plessé où il est alors curé constitutionnel à la place du curé réfractaire qui le précédait (qui fut exécuté : on dit parfois que Maillard l'aurait dénoncé...).

Petit à petit, François Maillard est amené à assurer aussi les offices à Guémené où il n'y avait plus de prêtre, le curé d'avant la Révolution (un certain Mangeard), étant entré en clandestinité).




Selon un témoin de l'époque, hostile à la Révolution, qui écrit en juin 1792, l'assistance aux offices de François Maillard n'est pas des plus assidues, sauf en cas d'accident. 

Voici en effet ce que rapporte ironiquement Mahé, l'intendant de Juzet, à son Maître : "...depuis Pâques, notre constitutionnel a fait six mariages dont toutes les mariées étaient enceintes, il fait des fiançailles dans les mêmes cas. La constitution fait de grands miracles et les femmes accouchent de deux enfants afin de procurer des citoyens à l'Etat."

L'engagement religieux de François Maillard à Guémené se double d'une implication dans les affaires politiques et administratives de cette commune, toujours au service du nouveau régime.

Dans les archives, on trouve ainsi que François Maillard a été "agent national". Il s'agissait d'une fonction instaurée sous la Terreur, consistant à représenter le gouvernement auprès des districts et communes, afin d'y faire appliquer la loi. Il semble donc que les opinions de ce curé étaient pour le moins avancées...

Le 26 octobre 1797 (6 brumaire an VI), il accède au poste de "commissaire municipal" de Guémené. Ce poste est assez proche du précédent.

Allié à une famille d'armateurs nantais enrichie dans le commerce triangulaire (les Corpron) qui avait acquis la terre de Tréguel et y séjournait sous la Révolution, François Maillard  avait acheté la vieille cure de Guémené où il résidait.

En 1801, une enquête préfectorale portant sur le clergé du département de Loire-Inférieure est l'occasion de petites vignettes plus ou moins critiques sur chaque prêtre. Voici comment le préfet Letourneur évoque notre héros du jour : " Maillard, François (vicaire, ex-curé constitutionnel, ex-maire, percepteur) : ne jouit pas de l'estime publique dans sa commune."

C'est qu'entre temps, Bonaparte a voulu ramener la paix des curés en signant le Concordat. L'ancien curé réfractaire Mangeard est ainsi rentré au pays le 11 février 1800.


Redevenu vicaire de Guémené, François Maillard est ensuite nommé prêtre de choeur à Saint-Nicolas à Nantes en 1803. Il exercera cette charge jusqu'à la fin de sa vie.

Il meurt à Nantes le soir du 11 mars 1826, dans la Maison Gaillard où il demeurait, située Pont Sauvetout dans le 3ème canton. A cette date, il est présenté comme "prêtre pensionnaire de l'Etat".

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