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samedi 19 mars 2016

Coins et recoins d'église (3)


Ce pourrait être un article de la série "Vitraux et merveilles". Mais le vitrail dont je veux parler aujourd'hui étant moins accessible que ceux de la nef de l'église de Guémené et l'ayant découvert dans le cadre de ma récente expédition dans les coulisses de cet édifice, je préfère le traiter dans la récente série des "Coins et recoins d'église". D'ailleurs, ça n'a aucune espèce d'importance.

Pour apercevoir le vitrail en question, il faut aller dans la sacristie où il se déploie sur la paroi de la pièce qui donne sur l'extérieur, naturellement.

Ce petit vitrail (petit par rapport aux autres) consiste grossièrement en un écu circulaire placé au milieu d'un rectangle. Le rectangle est bordé de verres jaunes et composée de figures de verre géométriques, bleues, bleu pâle, mauve. Ces pièces forment dans la partie supérieure une sorte de croix.

A la simplicité de ce fond, l'écu rond oppose une composition plus riche où le rouge domine. Toutefois, cette partie de l'oeuvre ne comporte que cinq pièces de verre sur lesquelles des motifs ont été peints.

Un liseré vert entoure le disque à fond rouge. Sur celui-ci quatre éléments se distinguent : au centre, un blason posé sur une croix ; au-dessus du blason, une couronne comtale ; un chapelet est accroché aux deux bras de la croix ; une devise, "VERITAS", est inscrite de part et d'autre de la croix du chapelet.



Les armoiries sont une composition complexe et appartiennent à l'ordre des Dominicains.

Le fond du blason est blanc ou argenté avec comme deux rideaux noirs dans sa partie supérieure.

Sur la partie argentée se trouve figuré un chien blanc (ou argenté) qui tient dans sa gueule une torche enflammée. Sa patte gauche est posée sur un globe, surmonté d'une croix d'or et qui devrait être bleu (il est blanc !).

En principe, le chien devrait aussi être couché sur un livre...ce qui n'est guère apparent dans notre cas.

Au-dessus du chien, une palme censée être verte et un lys d'une couleur qui peut variée, mais blanc (ou argenté), en l'occurrence.

La partie supérieure du blason fait apparaître une étoile d'or séparée du reste de la composition par un arc de cercle également d'or.

En bel langage héraldique, cela donne :

"D'argent, à la chape de sable, l'argent chargé d'un chien de même, tenant dans la gueule une torche enflammée, la patte senestre sur un globe d'azur et couché sur un livre de gueules, accompagné d'une palme de sinople et d'un lys au naturel passés en sautoir dans une couronne d'or, et une étoile d'or en chef."


On peut se demander à quoi tout cela rime, s'agissant d'un ordre monastique. En fait une légende permet de rendre compte de cette iconographie.

En effet, la mère du fondateur de l'Ordre des dominicains, la maman de Saint Dominique par conséquent, une certaine Jeanne d'Aza peut-être, fit un rêve pendant sa grossesse.

Dans ce songe, un chien tenant une torche allumée en sa gueule afin d'éclairer le monde lui apparut. Ce rêve prémonitoire annonce bien évidemment la vie de son futur fils Dominique et les dominicains (dominicanes en latin) qui sont les chiens du Seigneur (domini canes, en latin). 

En effet, après ce jeu de mot onirique et désopilant, la brave femme accoucha de son fils qui lui-même accoucha de l'ordre monastique bien connu, dont le rôle est d'aboyer contre les hérésies et de surveiller comme de bons toutous le troupeau des brebis du Seigneur. Des flics, quoi.

La composition de ce vitrail datant de 1905 est due à une artiste d'origine toulousaine qui exerça à Angers : Jean Clamens.

Né à Toulouse en 1850, celui-ci s'installe à Paris pour y étudier le dessin et faire carrière. Mais c'est en Anjou qu'il se fixe, vers 1875. Il y prospéra, ouvrant une succursale à Paris et New-York.





















Cet artiste de qualité est par ailleurs représenté dans l'église de Guémené par des oeuvres commandées par les famille de Becdelièvre et Dubourg (voir les premiers articles de la série "Vitraux et merveilles").

Le commanditaire du vitrail de la sacristie m'est inconnu. Il s'agit probablement d'un dominicain (jusque là tout va bien). On peut penser qu'il provenait d'une famille noble locale ce dont pourrait témoigner la couronne comtale qui domine le blason. Mystère...


2 commentaires:

  1. Bonjour

    J'ai mis votre blog dans les liens du mien.
    J'ai l'intention de tout lire...

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  2. Merci beaucoup
    Je ne manquerai pas de regarder le vôtre.
    Bien à vous

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