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dimanche 31 mars 2013

Vive l'alcool public, laïc et républicain !


Au printemps 1893, la Municipalité de Guémené, sous l'égide de son maire Fidèle Simon, a voté des travaux d'agrandissement de l'école publique de garçons située vers la Poste et la gendarmerie.

Malheureusement, cette bonne action n'est pas complètement financée et des recettes font défaut pour couvrir l'amortissement de l'emprunt qu'il a fallu souscrire.

Le Conseil Municipal décide donc en sa sagesse de taxer l'alcool consommé dans les estaminets de Guémené. Une loi est cependant nécessaire à la faisabilité de l'opération.

Qu'à cela ne tienne, le 30 janvier 1894, le Parlement français adopte un texte législatif créant "une surtaxe à l'octroi de Guémené-Penfao".

Que faut-il entendre par octroi ? Imagine-t-on des guichets aux entrées du bourg ? On ne sait, mais je pencherais plutôt pour une taxe acquittée directement par les débitants d'alcool sur leurs approvisionnements. D'ailleurs, cela n'a pas d'importance pour cette histoire.

Que dit cette loi ? Elle instaure pour trois ans une surtaxe de 5 francs par hectolitre d'alcool pur contenu dans "les esprits, eaux-de-vie, fruits à l'eau-de-vie, liqueurs et absinthes". Elle prévoit par ailleurs que le bon usage de cette manne sera vérifié annuellement et au terme de la période.

Dans les délibérations de la Municipalité, on apprend que celle-ci table sur un revenu annuel d'environ 1.000 francs, soit une consommation locale d'alcool pur de 200 hectolitres environ.

Problème :

Sachant qu'il faut plus de 2 litres d'eau-de-vie pour faire 1 litre d'alcool pur ;

Sachant que la population de Guémené s'élève en 1891 à 6.798 habitants (tous français) répartis en 1.513 ménages ;

Sachant que les hommes boivent plus que les femmes et les enfants (en principe) ;

Estimer la consommation moyenne de boissons alcoolisées par buveur guémenois (hors vin et cidre, et hors alcool produit aux "lambics").




Pas sûr que ce fut une épreuve du Brevet des écoles...

En fait la réponse au problème posé, même très approximative, laisse rêveur.

En effet, si l'on estime que les femmes consommaient ne serait-ce que trois fois moins d'alcool que les hommes (mais ma grand-mère ne rechignait pas sur les cerises à l'eau-de-vie !) et que la population adulte représentait 50% de la population d'alors, cela donne plus de 20 litres de boissons fortes alcoolisées par homme adulte et par an et environ 7 litres, pour les femmes !

Il faut donc espérer pour les adultes d'alors, que les enfants s'y mettaient aussi...ou alors que Guémené bénéficiait d'un afflux important de visiteurs assoiffés.

Et nul doute qu'avec des chiffres pareils, les nombreux cafés de Guémené n'aient fait des affaires...

Enfin, une question subsidiaire, pour obtenir la mention "Très-bien" : combien de garçons formés à l'école publique de Guémené ont participé ultérieurement au remboursement de leur école ?

N'hésitez surtout pas à me faire connaître vos réponses.

samedi 30 mars 2013

Tout ça n'est pas bien Claire


Une lectrice de Guémené a récemment attiré mon attention sur des évènements survenus dans son village et sa maison. Et je la remercie vivement : grâce à elle un nouvel article de ce blog voit le jour, auquel d'ailleurs elle n'a pas peu contribué.

Un document que j'ai trouvé tout récemment me permet d'éclairer quelque peu les faits.

Il y a un peu plus d'une vingtaine d'années, un petit groupe de religieuses est venu s'installer dans une propriété de la Landezais, hameau que l'on trouve en allant sur Massérac, en face de la Chapelle St-Yves, non loin de mon petit bois.

Sans doute ravies des conditions que présentait ce village, ces religieuses entreprirent des travaux d'aménagement dans leur "petit couvent" : une grange à charrettes fut transformée en "chapelle" où, semble-t-il, une tribune (ou mezzanine) fut construite afin qu'elles puissent assister à la messe à l'écart du "monde".

On trouve encore ici où là des traces de travaux qui témoignent de l'usage religieux passé des locaux : marque du piétement d'un autel, vestige d'un confessionnal...

Il paraît qu'enfermées derrière les murs de leur propriété, elles processionnaient dans le jardin en tenant un grand crucifix, seul indice de leur activité que pouvaient entrevoir les voisins. Peut-être ces trous dans le mur de la maison de ma lectrice et informatrice sont-ils la marque de l'emplacement du fameux grand crucifix...

Ces soeurs "occupèrent" aussi pendant un temps, la toute voisine Chapelle St-Yves (quelques mois apparemment).

Renseignements pris, il s'agissait d'un groupe de clarisses dissidentes arrivées "en Bretagne" en mai 1990.

Les clarisses ont en principe une règle plutôt sévère et doivent normalement "rester en clôture". Mais, pour les clarisses nouvellement arrivées à Guémené, les nécessités de leur subsistance et celles de leur installation ne permirent pas d'abord ce retranchement.

Sans être recluses, elles vivaient cependant à l'écart de l'Eglise et de ses représentants locaux : aucun contact avec l'Ordre duquel elles se réclamaient, avec la hiérarchie catholique du diocèse ou avec le curé de Guémené de l'époque.

Pourquoi ? Parce qu'elles étaient tout simplement en rupture d'Eglise, à laquelle elles reprochaient les orientations funestes (à leurs yeux) prises par le Concile Vatican II, au début des années 1960.

Elles revendiquaient toutefois leur engagement de clarisses, leur croyance en l'Eglise romaine et leur attachement aux traditions nécessaires, à leur sens, pour garder la Foi.

Pour elles, les décisions du Concile Vatican II avaient tout simplement institué une nouvelle religion dans laquelle elles ne reconnaissent pas. Dès lors, estimaient ces religieuses, tous ceux, Papes ou prêtres, qui prêchaient cette nouvelle religion étaient "anathèmes" et elles ne leur devaient par conséquent aucune attention ni obéissance. Voilà pourquoi, elles ne voulurent avoir aucun lien avec la paroisse de Guémené.

Faute de ces bergers, justement, que sont les prêtres, les évêques et les Papes, elles s'en remettaient à la miséricorde de Dieu pour les guider, mais aussi pour porter remède à la déviation néfaste où s'était engagée l'Eglise moderne.

Leur "chef" paraît avoir été une certaine "Soeur Marie-Claire du Christ-Roi". Tout une promesse...

Cette affaire se dissipa comme elle était venue. Les dissidentes partirent un beau jour, sans doute fin 1990, et allèrent s'installer à St-Aubin-des-Chateaux, du côté de Chateaubriand.

dimanche 24 mars 2013

Le destin tragique de Pauline Forestier, MPLF


"Une Bretonne de Guémené Penfao assassinée par les Boches."

L'action se passe à Wiesbaden, en territoire allemand, en mars 1920, pendant l'occupation de la rive droite du Rhin par les troupes françaises. L'Allemagne est vaincue, envahie par les Alliés, agitée de troubles sociaux, économiques et politiques, humiliée.

L'armée d'occupation française compte 100.000 soldats (dont beaucoup de troupes coloniales, ce qui ulcère les Allemands) et des auxiliaires civils.

Pauline Forestier a dix-huit ans. Elle fait partie de ces auxiliaires.

Elle est née à Avessac mais a été élevée à Guémené-Penfao, chez son beau-frère Alexandre Menuet, garde-chasse chez les Simon.

Elle a acquis une formation de dactylographe et travaille à Nantes, dans une usine sidérurgique, les Forges de Nantes. Sur proposition du colonel-commandant de cet établissement d'Etat, elle part donc rejoindre les troupes françaises en Allemagne.

Ce devait être un voyage bien extraordinaire à l'époque que de parcourir (en train forcément) les 1.200 kilomètres qui doivent séparer Guémené de Wiesbaden, près de Mayence. Que de changements ! Y compris à Paris ! Autre chose que d'aller à Nantes...

Ce devait être aussi un bien curieux sentiment qui animait la jeune fille partant "occuper" le pays dont des soldats, quelques années plus tôt, avaient tué son grand frère Baptiste. 

Comment, en effet, ne pas y penser à l'approche des territoires reconquis de l'Est, vers ces Vosges où, lors d'une violente attaque allemande, sous un déluge de feu et d'acier, ce jeune homme de vingt ans succombale 4 août 1915, sur les pentes du Schratmännele, avec tant d'autres "chasseurs" du 106ème Bataillon de Chasseurs à Pied ?..


L'incident fatal à la jeune fille est survenu de la manière suivante, semble-t-il : la jeune Pauline, toute fraîche arrivée de sa Bretagne depuis quinze jours, se rendait à son bureau, accompagnée d'une collègue dactylo, tout en devisant. 

En français, bien entendu. Leur conversation aurait été entendue par des passants qui les prennent à partie. L'affaire dégénère : elles sont bousculées et frappées. L'une d'elle, notre héroïne, est grièvement blessée et décède à Mayence. Nous sommes le 11 mars 1920.

Pour la presse régionale de l'époque (Ouest-Éclair), qui s'empare de l'affaire en première page, l’affaire est bien entendu très grave et surtout édifiante.

L'article qui couvre l’évènement est un florilège d'agressivité "anti-Boche".

Dans un premier temps, le journaliste rappelle que ce genre de faits, dont les Allemands seraient coutumiers, caractérise l'esprit ou la mentalité germanique et "prussienne" : pas de respect pour la loi (violation des traités), violation des lois de l'hospitalité (sans rire), lâcheté (attaques de personnes isolées).

Sur le ton de l'indignation sarcastique, le journaliste de Ouest-Éclair ironise : que deux personnes parlent français est bien entendu "une provocation intolérable pour les Prussiens, puisque nous n'avons pas voulu devenir leurs esclaves".

Que les "provocateurs" soient de surcroît deux femmes (sous-entendu : faibles et sans défense), a excité "le courage des patriotes prussiens qui ne leur permit pas de supporter l’offense". D'où l'a bagarre mortelle.

La dépouille de la jeune fille refit en train le chemin inverse et fut rendue à sa mère qui vivait retirée à Guémené-Penfao. Elle fut donc enterrée dans cette commune, contrairement à Baptiste le frère soldat dont on ignore le lieu de sépulture, perdu sans doute en Alsace.

Mais séparés par la mort, Pauline et son frère le sont aussi dans le souvenir et l'hommage : le nom de Pauline Forestier, finalement Morte pour la France elle aussi, n'est ainsi pas gravé sur le monument aux morts du cimetière de Guémené, au côté de celui de Baptiste.

Comme on le sait, ce monument aux morts est surmonté d'une composition sculpturale où une jeune femme en costume de Guémené pleure un soldat mort étendu à ses pieds. Imaginons un instant que ce soit Pauline et Baptiste. Voici donc quelques photos nouvelles de "leur" mémorial imaginaire :










samedi 23 mars 2013

Vitraux et merveilles (6)


Je poursuis la saga des vitraux de l'église de Guémené. Mais j'ai mangé mon plain blanc, et avec les seuls éléments auxquels Internet me donne accès, il devient de plus en plus difficile de faire le tour de chaque question (chaque paire de vitraux).

Ainsi, si je me tourne vers le choeur, je découvre les vitraux "MG et TG". Il sont là bien visibles, à droite des vitraux centraux figurant Jeanne d'Arc et un saint sauroctone, à savoir l'archange St-Michel (toutes les photos sont en fin d'article).

Je les appelle "MG et TG" d'après les initiales affichées des commanditaires dont je n'ai pas réussi à percer l'identité. J'aurais aussi bien pu les appeler "Marguerite et Théophile" puisque ce sont les deux saints qui forment la matière des deux verrières. On sait au moins à quels prénoms font donc référence les "M" et "T" de "MG" et "TG". Pour autant, je n'ai pas trouvé à Guémené vers la fin du XIXème siècle de Théophile dont le nom commençât (et oui, osons le subjonctif imparfait !) par "G". 

Ces vitraux sont très semblables, par leur économie et leur style, à ceux dédiés à la mémoire de Laurent Dubourg dont il a été question dans le quatrième post que j'ai consacré aux vitraux de l'église St-Pierre et St-Paul de Guémené, qui sont situés précisément à gauche des vitraux centraux du choeur.

Peut-être sont-ils la commande de quelque famille alliée ou amie de Laurent Dubourg, ce retraité percepteur et vieux garçon décédé en avril 1887.

Les deux oeuvres d'aujourd'hui sont elles-mêmes datées de 1887, soit un an après l'achèvement de l'église. Elles sont signées "MEGNEN, CLAMENS et BORDEREAU - ANGERS", attestant, comme pour les vitraux "Laurent Dubourg", la provenance angevine de cette production.

Mais comme on le signalait d'entrée, l'ordonnancement des deux vitraux est tellement semblable à ce que ce même atelier d'Angers à réalisé auparavant que, même sans signature, on aurait eu aucune difficulté d'attribution.

En effet, chaque vitrail présente, en partant d'en haut, le personnage principal avec ses attributs, puis une scène caractérisant sa vie et, enfin, une petite composition permettant de fournir les renseignements usuels : signature des artistes et identification des commanditaires.

Saint-Théophile était évêque d'Antioche, aux confins actuels de la Turquie et de la Syrie, et il vivait au deuxième siècle de notre ère. On ne sait rien de très croquignolet sur son existence. C'était un intellectuel qui a pas mal écrit à ce qu'il paraît, et dont il reste un traité, qualifié "d'apologie"  c'est-à-dire de texte défendant le christianisme : c'est donc un apologète...

On retrouve bien tous ces éléments dans le vitrail des verriers d'Angers : le Saint-Théophile en pied de la partie supérieure de l'oeuvre, est coiffé de sa mitre épiscopale et tient en mains une crosse, un stylet et un écritoire. On notera le liseré de pierres précieuses de son vêtement. Stylé, le Théo.

Dans la scène sous-jacente de son existence, ce saint barbu a l'air de tailler la discute avec d'autres "docteurs" mitrés. A l'époque où il vivait, les disputes religieuses et philosophiques battaient leur plein, soit entre penseurs chrétiens, soit avec les philosophes non chrétiens (le philosophe épicurien Celse, par exemple).

Sainte-Marguerite n'a pas eu une vie bien marrante. Elle vivait à Antioche aussi, mais un peu plus tard que Saint-Théophile (fin du IIème, début du IIIème siècle de notre ère). Elle se convertit au christianisme et fit voeu de virginité. Jusque-là rien que du normal. Mais voilà que le préfet d'Antioche, le romain Olibrius (!) veut l'épouser. L'affaire tourne mal : on la fait dévorer par un dragon, mais elle lui transperce le ventre. Alors, on lui coupe la tête (à Marguerite, pas au dragon).

Pas grand-chose de tout le légendaire final dans le vitrail de Guémené. Sainte-Marguerite, déjà auréolée, tenant une croix dans la main droite, est présentée au préfet romain assis sur un trône, par un personnage en manteau vert portant des lauriers d'or sur la tête. Elle tend sa main gauche vers Olibrius. D'ailleurs le mouvement des bras des trois personnages est curieux : le personnage en vert désigne la sainte qui pointe du doigt le préfet qui paraît s'en protéger par son bras qu'il ramène vers lui.

A l'arrière-plan, derrière Marguerite, un soldat romain complète la scène.

Au surplomb de ce moment d'émotion, la Sainte est représentée dans sa splendeur extatique : auréole bien sûr, yeux au ciel et palme du martyr au côté. Elle est vêtue d'un joli manteau rouge brodé d'arabesques florales dorées et tient sur son sein un objet blanc non identifié.

Voilà pour cette fois. Nous sommes en présence de l'une des premières ornementations de l'église de Guémené auxquelles les fidèles furent exposées. Ce n'est pas la meilleure, toutefois, et l'on a déjà vu que les artistes verriers angevins eux-mêmes pouvaient faire mieux.

A vous revoir, pour la suite de ces aventures vitraillistes.












dimanche 17 mars 2013

Le dernier recueil d'Eugène Cogrel


Je ne connais pas personnellement Eugène Cogrel qui, avec beaucoup de mérite, entretient depuis des années, par la voix et par la plume, la mémoire de la culture populaire de Guémené, et de sa langue.

Il a publié il y a quelque temps un nouveau recueil de contes ("Eugène Cogrel raconte", environ 410 pages, 24 euros) que je viens de me procurer à l'Office du Tourisme de Guémené. Il comprend 82 histoires écrites à la fois en patois de Guémené (ou si l'on préfère en Gallo) et en français. Idée de génie, un CD, fait d'enregistrements d'Eugène Cogrel en public, accompagne le livre.


Je n'ai pas fini de lire ce bouquin, mais j'ai écouté toutes les histoires du CD et je ne regrette déjà pas mon achat : c'est souvent drôle et cela s'ancre dans le Guémené des deux derniers siècles. Je vous le recommande donc.

Je le fais d'autant plus librement, que je n'aime pas du tout la façon dont Eugène Cogrel transcrit le parler de Guémené. Je ne vois pas l’intérêt, en effet, d'obscurcir la compréhension du texte par des conventions d'écriture qui n'apportent rien, si ce n'est l'illusion d'une soit-disant langue originale, différente du français.

Comme je fais ce que je veux sur ce blog, j'ai pris une partie d'un des meilleurs contes ("Ma grand-mère et son bouchon d'écuelle") et je l'ai retranscrite à ma manière (sans doute également très critiquable...)

Bien sûr que j'utilise aussi des conventions d'écriture, mais j'essaie de les cantonner aux prononciations sans équivalent en français  (hh pour le "h" fortement aspiré ; "an-in" pour représenter la prononciation des "an" qui se traînent en "in" évanescents ; "àou" pour la diphtongue "au", l'accent tonique portant sur le "a".). A l'inverse de la graphie cogrelienne, j'ai chaque fois que possible essayé de conserver l'orthographe française.

Voici en tout cas une histoire facétieuse et "rurale", mais aussi pleine d'enseignements : si par exemple vous aviez "l'enteurfesson échaouffeu l'éteu prouchain", vous y trouveriez un remède de grand-mère tout à fait efficace...

***

Ma grin-and-mère et son bouchon d’écuelle

C’que je m’souviens l’ pus de ma grin-and-mère, c’est son bouchon d’écuelle.

Ç’ateut quaï, un bouchon d’écuelle, le savous ? La grin-and-mère, quin-and èl’ en vleut yin tout neu, èl’ alleut din-ans eul’ coin à dreute, è’ défronmeu le batin-ant de l’armouère en chêne (que ç’ateu son grin-and-père a yelle qui l’aveut faite et qu’c’é maï qui ‘n’a hériteu) et peurneut en’ morsé de tail’ de len’ din-ans eul rintieu d’en’ cheumins’ de son bounonm’.

O les grin-ands cisiàou à touzeu les oueilles, èl’ tailleut en’ carreu, èl l’épénicheut conm’ il fàout et hop, èl’ jeteut eul’ morsé d’tail’ din-ans l’chàoudron naï, lu qui’teut pendu din-ans la chmineuï du matin au saï et du saï au matin…

C’é din-ans ce chàoudron-là que le bouchon d’écuelle passeut pu d’la maïtieu de son tin-emps, trempeu din-ans l’iàou chàoude ou ben freude, ben claire ou ben graissouse.

Le bouchon d’écuelle, ça serveut à tout : faire la vaisselle d’abord, i’ torcheut les écuelles et les piats, i’ torcheut la tab’ apreuï que le balai de g’neuts aveut outeu èl’ pu grous.

I’ serveut oussi à netayeu l’armouère, èl’ buffet, lé bin-ancs, les rouleaux du lit à ridiàoux, et cor èl’ billot pour hacheu la viin-ande, le grin-and bin-anc pour tueu le poursé et l’échelle pour le pend’ ! Faut dire que pour faire tout ça, le chàoudron naï suiveut le bouchon d’écuelle ou ben l’contraire. Is’ quitteuent point….

Sans son bouchon d’écuelle, ma grin-and-mère areut éteu perdue, pa’ce que i’ serveut à ben àout’ chouse. Quin-and mon frère et maï on teut cor tous p’tits queniàou, qui c’est qui nous a torcheus ? Eh ben c’est èl’ bouchon d’écuelle ! La grin-and-mère diseut yel’ : « La fouère de queniàou c’nest pas du pouéson, i’ n’beuvent que du lait ! ».

Le matin, les vaches aveuent-elles le peu bousou ? En’ coup d’bouchon d’écuelle.

La boun’ fonm’ aveut-elle de la bouse de vache su’ la goule (C‘est qu’ les queues d’vaches c’nest pas tout l’ temps prop’, et n’ça n’eurgarde pas euyoù qu’ça va) ? Eh ben cor en’ coup d’bouchon d’écuelle !

Mon frère et maï, quin-and oun a éteu d’âge, avin-ant d’alleu à l’école tou les matins, la viette au chat, o quaï teut-elle faite ? Eh ben avec le bouchon d’écuelle ! Ni l’un, ni l’àout’, on a attrapeu d’boutons, jan-meuï d’la vie ! Ergardez don les queniàou asteur qui sont pourtin-ant ben mieux débarbouilleus, i’ sont peuturoneus d’ partout su’ la goule !

El’ grin-and-père aveut quèqu’ faï les fesses échàouffeues din-ans l’éteu, l’enteurfesson, quaï : eh ben en’ coup d’bouchon d’écuelle ben gras et d’la farinne de bié naï, et i eurparteut conm’ en quatorze !

En’ bouchon d’écuelle, ça n’ dureut pas tout l’temps longtin-emps, j’ direus même pas longtin-emps, desfaï. Je m’rappelle en’ faï, ç’ateut en’ lend’main d’tuerie d’ pourcé, eun’ veuï treuï qu’aveut yel’ fait tré porteuï de p’tit pourciàou, qu’aveut la couënne épaisse conm’ deux pouces, l’un su’ l’àout’.

Falleut terjous netayeu tous les orsiàou qu’aveuent seurvi pour faire le pateu, les boudins, les sàoucisses et l’fricaud du pot.

Le matin, la grin-and-mère peurnit en’ bouchon d’écuelle tout neu, à midi apreuï avèr min-angeu, pu mo-yen de l’eurtrouveu ! Et cherche que j’te cherche, hern de hern et ras de ras ! El’ jou’ d’apreuï, on a su euyoù qu’i’teut : rin qu’à vouèr el’ chien Gobmeça qui s’prom’neut li din-ans le hhàout d’l’aire en r’chignin-ant o en’ tir’pelisse à traineu sous la queue…

Enteur temps, la grin-and-mère ‘teut yèl’ alleuï à dreute din-ans l’fond. El’ aveut défronmeu le batin-ant de l’armouère en chêne (que ç’ateu son grin-and-père a yelle qui l’aveut faite et qu’c’é maï qui ‘n’a hériteu). O les grin-ands cisiàou à touseu les oueuilles, el’ aveut tailleu pi épeunicheu en’ dabon de taille de len’, din-ans en’ rintieu d’en’ cheumins’ de son bounonm’, et hop, el’ l’aveut chteu din-ans le chàoudron naï qui, du saï au matin et du matin au saï est pendu din-ans la chmineuï.

Vitraux et merveilles (5)


Me revoilà, après une petite pause, avec ma saga des vitraux de l'église de Guémené.

Comment imaginer que cela nécessiterait autant d'énergie et de temps ! Et puis il reste tant à montrer et commenter....

Bon, pour cette fois, un petit sujet qui permet d'introduire le troisième atelier de vitraux représenté dans l'église, après les ateliers du Nantais Meuret et celui de l'Angevin Clamens.

Mais cela permet à nouveau de vérifier à la fois l'envers social de cette piété religieuse des commanditaires, et la sûreté de leurs moyens sinon de leurs goûts.

Il s'agit de quatre vitraux assez peu spectaculaires situés de part et d'autre du Choeur, dans les deux chapelles au nord du bâtiment.

La première paire se devine plus même qu'elle ne s’entre-aperçoit sur le cliché suivant, au fond à droite au-dessus de l'orgue, derrière le pilier.




 L'autre paire lui fait face et se trouve sur la photo ci-dessous tout à droite du pilier.






Comme on peut l'entrevoir, ces oeuvres ne sont pas figuratives, mais composées de figures géométriques et d'arabesques de couleurs. Tout au plus, un liseré de feuilles borde les quatre vitraux. 

Seule la composition dans la chapelle de Saint-Christophe, à l'ouest du Choeur, comporte une signature d'atelier. Mais la quasi identité des dessins ne laisse aucun doute sur la communauté d'origine de ces deux paires de vitraux dont chacun, en revanche, fait l'objet d'une attribution particulière s'agissant du donateur.

L'atelier à l'origine de cette production est parisien : le maître verrier s'appelle Charles Champigneulle et était actif au 96 de la rue Notre Dame des Champs dans l'actuel 6ème arrondissement. L'emplacement de cet atelier est aujourd'hui occupé par un immeuble d'habitation en briques. Une petite rue lui fait face : elle se nomme la rue Le Verrier, du nom...d'un astronome.

Charles Champigneulle est le fils de...Charles Champigneulle, artiste lorrain et maître verrier à Bar-le-Duc où il dirige une entreprise de renommée internationale. Notre Charles à nous, le  II, est né à Metz en 1853 et a commencé sa carrière chez son père, Charles I.

Il l'a continuée à Paris dans les années 1880. C'était à son époque un artiste reconnu et récompensé. Il est notamment connu pour avoir réalisé avec son frère Emmanuel les vitraux de l'église St-Pierre de Bouvines, dans le département du Nord. On peut également apprécier son talent dans l'église St-Jacques de Compiègne ou Notre-Dame de Sablé-sur Sarthe


La dynastie des Champigneulle se poursuivit sur deux générations avec le fils Charles-Marie, architecte et maître verrier (mort prématurément) et le  petit-fils Jacques-Charles maître-verrier également, qui acquit la notoriété grâce à la décoration du salon du paquebot Normandie.

Encore une fois, les commanditaires des oeuvres de Guémené savaient trouver les bonnes adresses. 

Ces commanditaires justement sont au nombre de quatre ou plus exactement quatre groupes :

Chapelle St-Christophe :

Vitrail de gauche : Aristide Frèrejouan du Saint
Vitrail de droite : Messieurs Charles et Joseph Couasnon

Chapelle de La Vierge :

Vitrail de gauche : M. et Mme Georges du Saint ; Melle Marie Couasnon
Vitrail de droite : Melle Eugénie Caroline de K.

Malgré pas mal de recherches sur Internet, je n'ai pas trouvé grand chose sur les trois derniers groupes de donateurs.  "Georges du Saint" est peut être la forme abrégée de "Georges Frèrejouan du Saint". Ce dernier, né à Guémené en 1850 était un juriste émérite à son époque (on trouve, et donc on consulte,  encore certains de ses ouvrages. Par exemple : un traité de droit sur les jeux et paris).

Quant aux autres, notamment les Couasnon, ce sont probablement les membres d'une famille alliée des Frèrejouan du Saint.

En effet, la fille d'Aristide Frèrejouan du Saint, Anne-Marie-Charlotte, a épousé en 1865 un Auguste-Marie-Joseph Couasnon, notaire, né natif du bourg de Guémené. Lors de l'établissement de l'acte de naissance d'Auguste, à la mairie de Guémené, l'un des deux témoins était le père d'Aristide...Vous me suivez ? - On continue...

Pour sa part, Aristide Frèrejouan du Saint est un ancien notaire né au début de son siècle, sous l’Empire, et décédé le 5 avril 1888. Son père, Pierre-Michel, était Contrôleur des Droits Réunis (percepteur des contributions indirectes) et adjoint municipal à Guémené lors de la naissance de son fils.

Aristide fut donc notaire et surtout propriétaire. Il fut par ailleurs le père du Georges juriste évoqué ci-dessus, qu'il eut de son mariage avec une dame Crépon, Jenny, fille d'un Substitut du Procureur du Roi de la Sarthe et nièce d'un Procureur Impérial de St-Etienne (on aura l'occasion un jour prochain de s'apercevoir que cette dame a également laissé une trace dans l'église de Guémené).

En somme, Aristide a baigné sa vie professionnelle et familiale durant, dans l'univers de la basoche.

Lors du constat du décès de l'ancien notaire en mairie, les deux témoins furent Amaury du Halgouët et Arthur de Boisfleury, bref un échantillon le gratin social guémenois. Le père Aristide devait d'ailleurs tenir à sa particule "du" dans son "du Saint", car on apprend que pas moins qu'un jugement du tribunal de St-Nazaire en août 1877 fixe que c'est bien ainsi que les choses s'orthographient. Encombrement des tribunaux...

Voici maintenant quelques photos, comme d'habitude, montrant le détail des inscriptions au bas des différents vitraux. Affaire à suivre.





samedi 9 mars 2013

Vitraux et merveilles (4)


Un sujet simple, aujourd'hui : les "vitraux Laurent Dubourg" (photos en fin d'article, as usual...).


Ces deux vitraux sont à la vue de tout le monde car situés dans celle des chapelles rayonnantes qui se trouve derrière le choeur. Autrement dit, les vitraux en question font partie de l'ensemble des dix vitraux qui s'alignent côte à côte, au fond de l'église.

Précisément, ces oeuvres se situent à la gauche des vitraux centraux représentant Jeanne d'Arc et Saint-Georges (j'aurai forcément l'occasion de revenir sur ces derniers, un jour).

Ces vitraux sont dédiés "à la mémoire de Monsieur Laurent Dubourg", ce qui nous indique déjà qu'il n'en est pas le donateur. Au demeurant, rien n'indique l'identité de ce dernier.

Laurent Dubourg était né le 6 mai 1830 à Guémené. Il mourut le 26 avril 1887 au bourg, où il résidait toujours. 

Il était le fils de René Dubourg, "notaire royal à la résidence de Marsac" et apparenté, par sa mère Julienne Simon, à la dynastie municipale bien connue (elle était la sœur du membre fondateur, François Simon, auquel j'ai consacré il y a quelques temps un petit sujet sur ce blog). Bref, un enfant de bonne famille, de la classe des notables guémenois navigant entre commerce, droit, propriétés et rentes.

Il s'était honoré dans la profession de "Receveur des Contributions Indirectes", dont il s'était retiré, et  il est gratifié par ailleurs du statut enviable de "propriétaire".

Célibataire, il demeurait avec sa soeur Jenny (Jeanne-Perrine-Julienne, à vrai dire), laquelle, dans un sursaut d'amour sororal, est probablement à l'initiative de l'hommage verrier à son frère le percepteur.

Les vitraux ont été réalisés par l'atelier d’Angers où œuvrait Jean Clamens dont il a déjà été souvent question dans les posts précédents. Mais la signature des vitraux mentionne deux autres maîtres verriers : Megnen et Bordereau.

En effet, Jean Clamens , après la retraite de son patron Louis Truffier en 1879, reprend l'affaire avec Charles Bordereau (gendre de Truffier) et Victor Megnen (un figuriste verrier de la maison Truffier). En 1895, l'association prend fin et les vitraux sortis de cet atelier ne portent plus désormais que la seule mention de "Jean Clamens".

Avec les "vitraux Laurent Dubourg" qui ne sont pas datés, nous sommes dans la période du triumvirat des artistes angevins. On peut présumer que leur exécution se situe autour de 1890.

La composition de l'oeuvre obéit aux règles déjà observées de cet atelier. Ainsi, chaque vitrail comprend trois parties : la partie supérieure avec le personnage principal ; en dessous une scène de sa geste ; le pied de l'oeuvre fournit les indications usuelles d'identification de l'atelier et de la famille concernée par le vitrail.

C'est sans grande surprise que le vitrail de gauche fait apparaître Saint Laurent auréolé. Comme c'est l'usage, il porte les attributs de son supplice, un gril à la main gauche, et la palme du martyr à la main droite. Il porte un habit rouge moucheté de petites flammes.

La scène qui illustre sa vie représente sans grande surprise non plus son "rôtissage". Le saint, simplement vêtu de son auréole et d'un manteau rouge, est allongé, tout tordu, sur le fameux gril. Deux hommes le tiennent, car il a l'air de se débattre. Un troisième s'affaire à entretenir le feu sous le gril. Un soldat casqué représentant le préfet de Rome Dacien, qui n'a pas l'air très commode et vers lequel Laurent porte son regard, brandit une sorte de bâton tandis qu'il tient le bras droit du martyr.

Ce brave Dacien voulait faire avouer à Laurent, en le cuisant à petit feu, où l'Eglise cachait son argent pour le lui prendre et le donner bien gentiment à l'Empereur qui se trouvait à court de monnaie. L'enfer est pavé de bonnes intentions, comme on dit.

On aperçoit donc Rome (un bout de temple, d'autres bâtiments) et la statue de l'Empereur, à l'arrière-plan de l'oeuvre.

En miroir de ce premier vitrail, à sa droite, nous avons pour sujet Sainte Catherine de Sienne, cette intellectuelle italienne du 14ème siècle (elle est Docteur de l'Eglise). Elle est représentée en religieuse, le chapelet tenu d'une main sur la poitrine tandis que de l'autre elle arbore un lys.

Entre autres moments importants de sa vie humaine et spirituelle, Catherine reçut les stigmates  et c'est probablement ce moment que représente l'atelier angevin dans la seconde partie du vitrail (elle épousa "mystiquement le Christ aussi....).

Agenouillée face au Christ, Catherine lui tend ses deux mains, paumes retournées vers lui. Le Christ sur un tapis nuageux, un bras vers le ciel, lui tend de l'autre un petit Sacré-Cœur.

Le pied de ce vitrail reprend exactement celui du précédent, répétant donc la mention "à la mémoire de monsieur Laurent Dubourg", avec, presque illisible, la signature des maîtres verriers d'Angers.

On peut s'interroger sur la raison qui a conduit à retenir le motif de Sainte Catherine de Sienne : Laurent Dubourg n'était pas marié et Catherine n'est donc pas le prénom d'une épouse. Sa sœur avec qui il partageait son existence se prénommait tout sauf Catherine.

Je vois deux possibilités : une dévotion particulière du défunt à cette sainte ou à ses oeuvres. Ou bien plus prosaïquement le fait qu'il mourut et fut enterré vers la Sainte Catherine, le 29 avril.

J'écarte bien entendu tout rapport avec le fait que la sœur de Laurent, vielle fille, ait pu coiffer Sainte Catherine à plusieurs reprises, car dans ce cas, il s'agit de Sainte Catherine d'Alexandrie. Enfin, une erreur est toujours possible.

Pour finir, je vous joins quelques photos des vitraux, prises ces jours-ci. Pour les amoureux des reliques un  peu hard, je vous produis également, en bonus, une photo de la tête de Sainte Catherine de Sienne. On voit bien qu'elle n'est plus toute jeune.








vendredi 8 mars 2013

Vitraux et merveilles (3)


Je ne finis pas de découvrir de très belles choses dans cette église de Guémené où je suis repassé cet après-midi prendre quelques photos.

Je vais consacrer ce post au premier vitrail qui finalement m'a fait découvrir tous les autres, je veux parler de celui offert par la famille Plédel de Balleron.

Comme à d'habitude, je renvoie les photos à la fin de l'article.

Je vais rappeler ce que j'écrivais naguère à propos de cette composition, que l'on doit à l'artiste nantais Antoine Meuret, et de ses commanditaires.

"Les Plédel était des cultivateurs probablement aisés, originaires de Balleron, pour Pierre-Marie le mari, et d'Orvault, tout près, pour Perrine (Drion) son épouse. A l'époque du vitrail, ils vivent avec la mère de madame Plédel et ont un fils né en 1878 prénommé également Pierre-Marie (qui épousera sur le tard - 1921 - une certaine Marie Gaudin). Ils hébergent par ailleurs deux domestiques et sont des "propriétaires".

L'artiste sus-mentionné, Antoine Meuret, dont l'atelier est localisé à Nantes, a essentiellement travaillé pour des églises de Loire-Atlantique (Le Croisic, Rougé, Le Pouliguen, Missillac, Erbray, Grand-Auverné,...), d'Ille-et-Vilaine (Pléchatel, Lieuron, Saint-Just, Sixt-sur-Aff...) ou du Morbihan (Caden, Limerzel, Montertelot,...)."

J'avais oublié de préciser que l'atelier où oeuvrait Antoine Meuret, en association avec Félix Lemoine ou seul, fut actif dans la région de 1878 à 1896, date de son décès. Enfin, Pierre-Marie Plédel fut conseiller municipal.

Les vitraux Plédel sont au nombre de cinq, surmontés d'une rosace. Ils sont situés à l’extrémité ouest du transept.

Chaque vitrail comporte une scène ou une représentation principale, et à sa base un élément décoratif avec des arabesques florales, des blasons, la signature de l'artiste, la mention de la famille donataire.

1- Le premier vitrail montre le Christ devant une table où se trouve un calice doré. La tête appuyée sur son épaule, dans une pause d'abandon et de confiance : un personnage que mon éloignement du catéchisme m'empêche de situer. Le Christ pose affectueusement son bras sur son épaule tandis que de l'autre main, il tient une hostie.

2- Le vitrail suivant est consacré au personnage de Saint Pierre, reconnaissable à la grosse clé du Paradis qu'il tient dans sa main droite. C'est une figure de roi (il est d'ailleurs couronné). Derrière lui des prélats, à ses pieds un roi et un empereur agenouillés : le message est clair, l'Eglise domine les puissants du temporel. A gauche du saint, une inscription en latin de la fameuse phrase : "Tu es Pierre et sur cette pierre, etc...". L'auréole comporte aussi un texte : "Sancta Ecclesia".

3- Le vitrail central figure le Christ en gloire, au ciel sur un petit nuage, deux anges à ses pieds. Il est encadré dans une mandorle (eh oui), c'est à dire une forme qui rappelle l'amande, sur le faîte de laquelle une inscription en latin, "Venite ad me omnes", invite tout le monde à venir le voir (comme quoi, les invitations Facebook, c'est un peu du réchauffé...).

4- Le premier vitrail à droite, ensuite, est peut-être celui que je préfère. Un personnage couronné, lève un bras au ciel. Il est entouré de gens du peuple, disons, une famille avec le père et le fils aîné à l'arrière-plan et, à genou, la mère qui présente au Ciel un enfant emmailloté. La devise latine "Potius mori quam foedari", nous dit qu'il vaut mieux mourir que subir le déshonneur. Voire...En tout cas, c'était la devise d'Anne de Bretagne, la bonne duchesse de not' pays. Elle eut l'amour du peuple, ce qui explique sans doute sa présence sur cette figuration. La Bretagne est représentée par un calvaire et par une belle église, en teintes gris bleuté, perchée sur une éminence arborée.

5- Le vitrail le plus à droite est dédié à la crucifixion du Christ. Les Femmes sont à ses pieds et le soldat romain lui perce le flanc de sa lance. Dans l'arrière-plan, un peu au-dessus, les deux larrons sont visibles, ainsi qu'un autre légionnaire portant une aigle, et une tour crénelée : la scène semble dans un cirque, au bord d'une falaise. Si l'on regarde bien l'extrémité supérieure du vitrail, on peut distinguer deux anges dans les nuages et un faisceau de lumière descendant du ciel.


Ces compositions sont, comme je l'ai indiqué au début, soutenues par des petits vitraux décoratifs. Les deux les plus à l'écart ne sont que des fleurs stylisées. Celui qui est sous Saint Pierre représente les armoiries de l'Eglise (probablement, car le blason en l'occurrence n'a pas l'air très standard). Sous Anne de Bretagne, sans surprise, le blason herminé du Duché. Au centre, sous le Christ en Gloire, on trouve en correspondance les noms de la famille mécène et de l'artiste. En toute modestie, cela va de soi.

Enfin, la rosace tout au-dessus. Elle porte en son centre le Sacré-Coeur, d'ailleurs présent sur les vitraux Plédel également, porté en sautoir par les personnages. Normal, nous sommes dans la chapelle du Sacré-Coeur.

Voilà, le bavardage est fini : place à l'image et à bientôt pour la suite.