Si qu'on sé bête un p'tit, c'est encor' raisonnable.
Faut pas exagérer : ça n'est plus pardonnable.
Et Mathurin Sicard, de la rue Saint-Clément
S'en aperçut trop tard, mais dam' il n'tait plus temps.
Vous l'avez-t-y connu ? Il était peillotier
Ca 'tait un métier d' ren pour les haricotiers.
Il avait épousé en premièr' noc' Perrine
Et il n' fut point heureux avec cett' vieille mâtine.
Ca 'tait un' vraie gueudill' : quand ell' fut carpaillée
Il fut plutôt ben aise et il n'a guèr buyé.
Vantié six mois après Mathurin se r'marie.
Il tombit 'cor' plus mal avec la Jeann'-Marie;
Du coup cinq ans après c'est Mathurin qui meurt
Et ça 'tait ben pour lui, ma foi, un grand bonheur.
Le v'la parti au Ciel pour parler à Saint Pierre
Qui fut dit-on un gendr' ben bon pour sa bell'-mère.
"Je fus dix ans mariés" dit-il dans un soupir,
"Dix ans ! c'est pas possib'. Ah, t'es un vrai martyr.
Viens, tu l'as mérité, car tu es un' belle âme."
"Sûr ! que dit Mathurin, mêm' que j'ai eu deux femmes."
"Comment, t'en as pris deux ? Dam' là, t'es ben trop bête,
Fous-moi l' camp, dam' vraiment tu t'paies ma tête,
Un' fois ça passe encore, et moi je l'ai ben fait
Mais dam' deux fois, mon gars faut êt' un grand benêt."
in "vieux rimiaux guémenois"
Poésies en patois de Guémené
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