Avec le patois, on a souvent le choix entre la dérision, la moquerie ou la répresssion. Parler cocasse (pour le gars de la ville...), maladroit ou mauvais français que les instituteurs pourchassaient de toute leur force, ainsi que me le raconte parfois ma mère, le patois - celui de Guémené - est, pour moi, patrimonial.
L'abbé Chenet, sous le pseudonyme de Jean Régale, a publié avant guerre des recueils d'une douzaine de contes en patois de Guémené. Cela fait penser aux fabliaux du Moyen-Age.
J'ai publié certains de ces "rimiaux" (c'est le terme consacré) sur ce blog, d'autres viendront.
Je trouve le patois de l'abbé parfois un peu littéraire (francisé) par rapport à celui de ma Grand-Mère. Et puis le parler de Guémené c'est aussi un accent si particulier, chantant, qu'aucun écrit ne peut conserver. N'importe, ces textes sont de la littérature guéménéenne, la seule peut-être et peu de bourgades peuvent s'enorgueillir d'en avoir autant.
Je dois les éléments de bibliographie de l'auteur des rimiaux à un Guéménéen de souche qui a connu ce prêtre. Je ne donne pas son nom car je crois qu'il souhaite la discrétion. Mais je lui témoigne ici toute mon immense gratitude et lui transmets mes plus vifs remerciements. Il tient d'ailleurs un blog ("PAPIERS BAVARDS", http://alapon.over-blog.com/).
L'abbé Chenet était né dans le bourg de Guémené le 30 juillet 1882 (il est donc à peu près comtemporain de mes grands-parents) d'un père négociant et d'une mère "propriétaire" (drôle de métier !). Comme le relève mon correspondant, cette dame maman du futur prêtre est précisément et curieusement qualifiée de "dame" dans le registre d'Etat-Civil, ce qui est pour le moins inhabituel ("Dame Hortense Françoise Marie Menant").
Ces braves gens dont le nom révèlent qu'ils ne sont pas de vieilles familles guéménéennes, s'étaient cependant mariés dans cette commune le 9 juin 1879 et en étaient natifs, fils et fille de négociants et marchands du bourg.
Le grand-père paternel était aussi négociant au bourg et l'arrière-grand-père, Joseph né en 1782 à Nort-sur-Erdre et marié à Guémené en 1812, était sabotier à Redon puis cordonnier à Guémené.
Pierre Chenet avait officié à Nantes avant de prendre sa retraite dans sa ville natale, au "Prieuré", propriété située à l'angle sud-est de la rue des Porteaux et de la route de Beslé (photo ci-après).
L'abbé y termina sa vie en 1958 et fut enterré au cimetière de Guémené. On trouve sa tombe dans l'allée A5, non loin de celle d'un autre prêtre dont le buste domine la sépulture. Il faut bien regarder le haut de la croix qui domine la tombe de Pierre Chenet pour voir le nom de "Chenet". Le souvenir matériel ultime de l'abbé guéménéen s'estompe avec le temps.
Au passage, un livre récent (2004) à recommander concernant le patois du coin :
"Chat d'écureuil et pomme d'orange : entre Don et Vilaine, le parler du pays de Guémené-Penfao", par Vincent Delanoë
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