Un PC qui rend l'âme et voilà de longues vacances. Il est temps de s'y remettre et de sortir de l'hibernation où cette avarie a malencontreusement plongé ce blog.
Heureusement, des amis lecteurs sont restés vigilants pendant toute cette période, et l'un deux, GALESE 44, a eu la gentillesse de commenter l'article que j'ai consacré naguère à une des croix de chemin dont est semée la commune de Guémené.
A vrai dire, j'ai mal parlé de cette pauvre croix et GALESE 44 me démontre qu'il n'est pauvre croix qui n'ait sa grandeur : voici donc le temps de la rédemption pour la croix du Tahun. Car il s'agit d'un objet situé dans ce gros village situé dans la partie orientale de la commune.
Dans son ouvrage publié en 1845, "Des voies romaines sortant de Blain (Loire-Inférieure)", Louis Jacques Marie Bizeul (1785 - 1861), notaire de Blain, reconverti en archéologue pionnier de l'Ouest armoricain, évoque ainsi le Tahun :
"A peu de distance d'une simple croix d'ardoise, placée au milieu de la lande, la voie [romaine] commence à descendre, et s'enfonce bientôt, par une pente très rapide, dans le profond vallon où le village du Tahun, écrit Tertre-Ahun par Cassini [grand géographe du XVIIIè siècle : je n'ai pas retrouvé cette mention sur sa carte...], est, pour ainsi dire, caché sous de nombreux pommiers dont la belle verdure, variée par l'éclat des fleurs de cet arbre si précieux pour la Bretagne, tranche de la manière la plus absolue avec les landes pierreuses qui entourent cette sorte d'oasis.
La voie [romaine] traverse la partie orientale du vallon, laissant à 300 mètre à l'ouest le village du Tahun..."
Extrait de la Carte de Cassini (région du Tahun) |
Hier il faisait beau et, retour d'une virée à Nozay, je me suis laissé aller sur les routes campagnardes de la région qui sépare Marsac de Guénouvry et qui finissent par traverser le Tahun.
Ce hameau se présente comme un gros amas de constructions anciennes réparties de part et d'autres de la route s'encaissant entre deux collines. Un air d'humidité accompagne cette petite agglomération rurale qui semble privée de soleil.
Un peu avant de sortir du village en allant sur Guémené, une petite route tourne à droite et s'engage dans une trouée entre les hauteurs qui surplombent le Don, situé à quelque distance plus au nord.
A une vingtaine de mètres à droite se dresse la croix du Tahun. Et si je persiste à la trouver assez moche, sa simplicité et sa hauteur en fond un objet néanmoins remarquable dans le cadre idyllique où elle est située.
Je rappelle que, posée légèrement en contrebas de la route, elle est formée d'un socle composé de deux parallélépipèdes rectangles de taille inégale, posés l'un sur l'autre et tachés de malsaines plaques verdâtres, et qu'une croix métallique est fichée au sommet de cette maçonnerie crépie d'un quelconque ciment gris.
La croix, forgée d'arabesques et ajourée, est peinte en gris et à peine discerne-t-on un petit Christ qui a l'air de s'ennuyer au croisement de ses deux bras.
L'ensemble doit bien faire 2 mètres 50 ou 3 mètres de hauteur, ce qui n'est pas banal.
La route est bordée à gauche par la pente orientale boisée de la colline qui supporte la chapelle des Lieussaints et, à droite, par une petite bande de terre qui descend vers le Don dans laquelle coule un ruisseau qui prend sa source quelques centaines de mettre plus au sud.
Mais le meilleur reste à venir et j'en remercie GALESE 44 à nouveau. Car lors de ma précédente inspection des lieux, un élément capital m'avait échappé : au pied de cet édifice se trouve une source !
Un trou vaguement rectangulaire sort de dessous la chaussée. Il a été consolidé par quelques palis de schiste. Il forme à l'intérieur comme un petit réceptacle au fond duquel on distingue une eau claire.
Au pied de la croix, dans l'herbe tout près la source, gît, orné d'une bande de fleurs de couleurs, un gros verre renversé sur un bout de bois. Juste à côté, retournée sur un petit bâton fiché dans le sol entre lierre et fougères, une chopine attend les buveurs.
Il faut donc que cette source ait quelque vertu pour que dans ce pays de soiffards impénitents imprégnés depuis des générations de toutes les boissons alcoolisées qu'il est permis, on vienne boire de cette eau !
C'est GALESE 44 qui donne la clé de ce mystère autrement indéchiffrable, qui déclare qu'il s'agit là d'une " minuscule fontaine d'eau bénite, réputée soigner les maux des yeux". Cela mérite en effet qu'on se gâte le palais et l'estomac avec de l'eau !
Mais le meilleur - si j'ose dire - reste à venir. Car mon interlocuteur ajoute :"On dit aussi que le vin y coule un jour par an". Nous y voilà, l'eau transformée en vin, ça nous rappelle quelque chose ! Et puis du pinard, et du gratuit : on est bien en Bretagne, à Guémené-Penfao !
Mais le Diable (ou le Bon Dieu) a plus d'un tour dans son sac (à vin), car si la purée septembrale chère à Rabelais vient rincer le voisinage un jour par an, et à l’œil (si je puis me permettre), :"on ne sait lequel ni à quelle heure"...Hélas !..
Sûr que le voisinage doit avoir une excellente fonction urinaire....
Bonjour
RépondreSupprimerJe vous reconnais le droit de ne pas trouver belle notre croix. Elle ne porte pas pour vous ce qu'elle porte pour nous. Par contre, si, pour vous, Guémené est breton parce que pays de soiffards alors paris est pays breton. Comment avez-vous pu tomber dans cet éternel cliché parisien ? Les gens du Tahun ont simplement de l'humour, vous n'y avez pas pensé ? un jour, ils verront camper au pied de la croix, les naïfs soiffards d'hors Bretagne attendant l'arrivée du vin et vous viendrez prendre la photo.
Ma Mère, qui n'est ni soiffarde, ni fille de soiffard, ni petite-fille de... vous fait savoir que notre croix porte un nom (méritez-vous seulement qu'on enrichisse votre information ?)c'est la croix de St Méen.
Malgré tout,j'aime parcourir vos articles à l'information très fouillée, preuves à l'appui et photos, mais l'article sur le Tahun est d'une ironie qui frise le sarcasme. Que vous arrive-t-il ? vous avez l'esprit de paroisse ? Passée celle de Beslé, vous n'aimez plus rien ?