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dimanche 28 décembre 2014
Vitraux et merveilles (7)
Il ne faut pas laisser un travail inachevé : il est temps de reprendre l'étude des vitraux de l'église de Guémené.
Ce qui en a été écrit jusqu'à présent (à savoir les six articles précédents datant de 2013) ne couvre qu'une partie, à peine la moitié, de ce qu'il conviendrait d'évoquer dans le cadre d'une démarche exhaustive. Je me suis arrêté en fait quand j'ai buté sur ma capacité de connaître et le commanditaire et l'auteur des oeuvres, ou sur la difficulté de photographier pas trop mal l'objet de ma préoccupation.
Mais bon, la recherche progresse, et puis il n'est pas nécessaire de tout savoir pour commencer de parler...
Le sujet de reprise de la série sera la paire de vitraux qui surplombent, dans la partie est du transept, la chapelle de la Vierge.
Il s'agit d'un "ex voto", comme cela est clairement indiqué au bas du vitrail de gauche. Une date, octobre 1882, est mentionnée symétriquement, sur le vitrail de droite. Comme chacun sait, un "ex voto" est proposé soit comme démarche propitiatoire d'un événement souhaité permettant de conjurer quelque drame, soit en remerciement de la réalisation de ce vœu.
La première pierre de l'église actuelle de Guémené ayant été posée le 21 septembre 1884 (la première messe étant célébrée le 4 juillet 1886), il est impossible que cette composition ait été réalisée à la période indiquée. Il faut y voir par conséquent un "ex voto" de remerciement, d'un événement heureux survenu en octobre 1882 concernant les commanditaires de ces vitraux. Quelle circonstance ? Seule la famille pourrait répondre.
La famille justement. Les deux vitraux fournissent en leur partie inférieure l'indication des commanditaires sous la forme de deux paires de blasons.
En bas du vitrail le plus à l'est, un écu d'un joli bleu avec trois oiseaux blancs au bec et aux pattes rouges ("d'azur à trois poules d'argent, becquées et membrées de gueules") formant les armoiries des de Poulpiquet du Halgouët. A côté, un autre écu, jaune doré, comportant trois cercles rouges ("d'or à trois tourteaux de gueule") : il s'agit des armes de la famille de Latouche-Limouzinière.
Ces deux familles s'étaient alliées par le mariage d'Amaury Louis Marie de Poulpiquet du Halgouët et de Marie Joséphine Louise de Latouche-Limouzinière, le 23 janvier 1884 (ce qui conforte le fait, si besoin était, que la date portée sur le vitrail est antérieure à leur réalisation et à leur pose).
En bas de l'autre vitrail, on retrouve les armoiries des de Poulpiquet du Halgouët, mais cette fois appariées avec un écu à fond rouge comprenant trois gerbes de blés dorées ("de gueule à trois gerbes de blé d'or") : il s'agit des armes des de Gibon de Kerisouët.
Ces deux dernières familles s'étaient liées à la faveur des épousailles de Eugène Jean de Poulpiquet du Halgouët et de Amélie Marie Charlotte (dite "Amécie") de Gibon de Kerisouët, en 1849, qui furent les parents et beaux-parents de l'Amaury Louis et de la Marie Joséphine susmentionnés.
A la date indiquée (octobre 1882), l'une des quatre personnalités dont les armoiries sont représentées, Amécie de Gibon de Kerisouët, est déjà décédée à Guémené depuis quatre ans. Cet "ex voto" ne la concerne donc pas directement.
Pour finir sur les blasons, on remarque qu'ils sont surmontés d'une couronne à fleurons et perles blanches groupées par trois ("en tierce") caractéristique du titre de marquis, et qu'ils sont soulignés en quelque sorte par une bande blanche ondulante ("phylactère") comprenant, en français et en caractères gothiques, une devise :"De peu assez", celle des de Poulpiquet du Halgouët.
Si l'on en vient maintenant à la représentation principale de ces oeuvres, on y voit une scène à deux personnages.
Sur le vitrail gauche, une Vierge auréolée s'encadre dans une grotte ; sur celui de gauche, une jeune fille est agenouillée les mains jointes et le regard dirigé vers l'apparition.
Bref vous l'avez compris, il s'agit d'une des "visions" de Bernadette Soubirous à Lourdes en 1858 à la grotte de Massabielle.
La "Dame Blanche" joint également les mains et porte un regard bienveillant sur la jeune fille. Un chapelet et une ceinture bleu pâle lui enserre la taille.
Bernadette est vêtue d'une longue robe bleue, d'un tablier violet où l'on distingue une poche plaquée sur le devant, d'une sorte de châle pourpre avec un liseré blanc et bleu. Un long voile blanc lui ceint le front et lui tombe jusqu'aux fesses.
Le reste de la composition représente la campagne avec des fleurs ici et là, et l'on aperçoit la chaîne des Pyrénées au dessus de la tête de Bernadette, entre deux arbres. Un ciel bleu où flotte un gros nuage blanc domine la montagne.
Un texte en lettre gothiques blanches également, réparti sur les deux vitraux, ferme le bas de la composition : "Notre Dame de Lourdes priez pour nous".
Ces deux vitraux sont situés sous un œil-de-bœuf à six lobes empli lui-même d'une petite composition de verres colorés. Un ange tient dans ses mains un phylactère où l'on peut lire : "Regina sine labe originali concepta, ora pro nobis" ("Reine conçue sans le péché originel, priez pour nous", comme le dit si bien Google Traduction).
Reste à préciser l'exécuteur de cette oeuvre. On ne distingue pas de mention le révélant, comme c'est le cas sur d'autres vitraux. Peut-être tout cela est-il caché sous la crasse accumulée au bas des compositions car on croit deviner quelque chose d'écrit sous la devise des Poulpiquet...
Affaire à suivre...
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dimanche 3 novembre 2013
L'intérieur de la chapelle de Juzet
Voici un second éclairage sur les chapelles de Guémené et plus particulièrement sur ce qui se trouve à l'intérieur de ces édifices qui sont, la plupart du temps, fermés à la légitime curiosité du passant...
Comme pour la chapelle de la Vieille Cour évoquée dans le post précédent, je suis redevable à la gentillesse d'Isabelle Barathon, adjointe en charge des questions culturelles à la Mairie de Guémené, de pouvoir aujourd'hui pénétrer virtuellement dans la chapelle de Juzet.
Comme pour la chapelle de la Vieille Cour évoquée dans le post précédent, je suis redevable à la gentillesse d'Isabelle Barathon, adjointe en charge des questions culturelles à la Mairie de Guémené, de pouvoir aujourd'hui pénétrer virtuellement dans la chapelle de Juzet.
Dans la nébuleuse de mes souvenirs d'enfance à Guémené, il y a une promenade à vélo avec mes copains de La Hyonnais, Serge et peut-être Marc ou Annick. Je nous revois devant cette chapelle, pied à terre...Il est peu probable pourtant que nous y soyons entrés.
Mais avant d'y pénétrer, aujourd'hui, un détail extérieur qui avait échappé à mon attention lors des deux précédents articles consacrés à ce bâtiment : le clocheton possède une girouette en forme de petit drapeau dont le motif est un lion, le lion de St Marc. Car cette chapelle est patronnée par ce saint.
L'intérieur, dont les murs chaulés portent des traces d'infiltration, comprend un petit choeur avec un autel de bois bleuté. Le tabernacle sert de piédestal à une statue du saint protecteur, reconnaissable au félin emblématique couché à ses pieds. La statue de l'évangéliste, toute blanche, se détache sur un quadrilatère qui paraît avoir abrité, naguère, quelque représentation picturale oubliée.
Il n'y a pas de plafond et le regard tombe directement sur la charpente.
Dans cet espace assez exigu, un mobilier épars : quelques chaises au fond paillé, quelques bancs et quelques prie-dieu d'une autre époque.
On a disposé où l'on a pu des crucifix, des notices explicatives et une Sainte Vierge. Claquemurés dans ce capharnaüm, les saints personnages semblent attendre la fin nucléaire du monde des humains. Ou bien encore, serions-nous dans la tombe, épargnée par les pillards, de quelque Toutânkhamon catholique ?
Les notices explicatives font penser aux "messages de l'Humanité" envoyés par les sondes Voyager vers les hypothétiques autres mondes de l'Univers : la probabilité qu'ils touchent jamais un public semble dérisoire...
Mais nous qui sommes d'une certaine façon un autre monde, que nous disent-elles, ces notices ?
L'une parle des frairies de Guémené et de la Chapelle. L'autre évoque l'histoire des seigneurs de Juzet.
Puisqu'on est là, profitons-en !
Un peu à l'est de Guémené s'arrête la zone d'influence de l'invasion bretonne qui débuta il y a 1400 ans. Cette influence se caractérise dans les pays où elle s'exerce par l'existence d'organisations territoriales et religieuses que sont les frairies. Leur territoire, subdivision de la paroisse, était centré autour d'une chapelle où l'on pouvait recevoir des sacrements et non loin desquelles se trouvait un cimetière.
La frairie de Juzet regroupait treize villages : Bois de Brun, Les Landes, Champoulin, Le Bot, Le Haut Champ, Juzet, Lévréac, Les Landelles, La Tousche, La Châtelais, Les Drieux, Retz et Le Petit Bois.
Il est possible que le cimetière ait été à l'emplacement d'une parcelle du coin nommé "paradis" dans les vieux cadastres (je n'ai pas réussi à la situer). D'autres noms de lieux plus ou moins oubliés paraissent témoigner de l'existence passée d'autres bâtiments religieux ; "le champ aux prêtres", "les presbytères",...
Chaque année, un "pardon" avaient lieu lors duquel le patron de la frairie était honoré. Jusque dans les années 1950, le clergé paroissial célébrait la fête de ce saint patron (25 avril) et, le mardi des Rogations, une procession partait de Guémené. Aujourd'hui, tout au plus le glas serait-il sonné à la Chapelle St-Marc quand un habitant de Juzet décède.
La seconde notice rapporte que la seigneurie de Juzet remonte au XIVème siècle. C'est loin et, jusqu'à la Révolution, on se marie, on enfante et on fait valoir ses droits seigneuriaux. Notons toutefois, que c'est en 1645 que la famille de Poulpiquet du Halgouët récupère la Châtellenie de Juzet, pour ne plus la lâcher.
La Révolution secoua un peu les choses : plusieurs membres de la famille périrent ; d'autres choisirent l'exil. Un beau jour, quatre cents manants vinrent piller le château et après y avoir fait ribaude (comme dit la notice), ils mirent le feu à l'édifice. Les archives et les titres de la familles y succombèrent, pas trop le château, néanmoins.
La tourmente révolutionnaire passée, la famille revient, trouvant un château dévasté et une chapelle saisie. Eugène 1er de Poulpiquet du Halgouët fit raser ce qui restait et veilla à la construction du château actuel, achevé en 1854. Son fils, Eugène II, racheta la chapelle en 1932, puis transmis la propriété familiale à sa dernière fille qui la transmis elle-même à sa dernière fille, Odile d'Andigné, actuelle propriétaire.
Tout est bien qui finit bien.
NB : les photos, sauf la première qui est de mon cru, proviennent de la Mairie de Guémené ; on peut retrouver sur ce blog plusieurs autres articles consacrés à Juzet (château, vallée).
Mais avant d'y pénétrer, aujourd'hui, un détail extérieur qui avait échappé à mon attention lors des deux précédents articles consacrés à ce bâtiment : le clocheton possède une girouette en forme de petit drapeau dont le motif est un lion, le lion de St Marc. Car cette chapelle est patronnée par ce saint.
L'intérieur, dont les murs chaulés portent des traces d'infiltration, comprend un petit choeur avec un autel de bois bleuté. Le tabernacle sert de piédestal à une statue du saint protecteur, reconnaissable au félin emblématique couché à ses pieds. La statue de l'évangéliste, toute blanche, se détache sur un quadrilatère qui paraît avoir abrité, naguère, quelque représentation picturale oubliée.
Il n'y a pas de plafond et le regard tombe directement sur la charpente.
Dans cet espace assez exigu, un mobilier épars : quelques chaises au fond paillé, quelques bancs et quelques prie-dieu d'une autre époque.
On a disposé où l'on a pu des crucifix, des notices explicatives et une Sainte Vierge. Claquemurés dans ce capharnaüm, les saints personnages semblent attendre la fin nucléaire du monde des humains. Ou bien encore, serions-nous dans la tombe, épargnée par les pillards, de quelque Toutânkhamon catholique ?
Les notices explicatives font penser aux "messages de l'Humanité" envoyés par les sondes Voyager vers les hypothétiques autres mondes de l'Univers : la probabilité qu'ils touchent jamais un public semble dérisoire...
Mais nous qui sommes d'une certaine façon un autre monde, que nous disent-elles, ces notices ?
L'une parle des frairies de Guémené et de la Chapelle. L'autre évoque l'histoire des seigneurs de Juzet.
Puisqu'on est là, profitons-en !
Un peu à l'est de Guémené s'arrête la zone d'influence de l'invasion bretonne qui débuta il y a 1400 ans. Cette influence se caractérise dans les pays où elle s'exerce par l'existence d'organisations territoriales et religieuses que sont les frairies. Leur territoire, subdivision de la paroisse, était centré autour d'une chapelle où l'on pouvait recevoir des sacrements et non loin desquelles se trouvait un cimetière.
La frairie de Juzet regroupait treize villages : Bois de Brun, Les Landes, Champoulin, Le Bot, Le Haut Champ, Juzet, Lévréac, Les Landelles, La Tousche, La Châtelais, Les Drieux, Retz et Le Petit Bois.
Il est possible que le cimetière ait été à l'emplacement d'une parcelle du coin nommé "paradis" dans les vieux cadastres (je n'ai pas réussi à la situer). D'autres noms de lieux plus ou moins oubliés paraissent témoigner de l'existence passée d'autres bâtiments religieux ; "le champ aux prêtres", "les presbytères",...
Chaque année, un "pardon" avaient lieu lors duquel le patron de la frairie était honoré. Jusque dans les années 1950, le clergé paroissial célébrait la fête de ce saint patron (25 avril) et, le mardi des Rogations, une procession partait de Guémené. Aujourd'hui, tout au plus le glas serait-il sonné à la Chapelle St-Marc quand un habitant de Juzet décède.
La seconde notice rapporte que la seigneurie de Juzet remonte au XIVème siècle. C'est loin et, jusqu'à la Révolution, on se marie, on enfante et on fait valoir ses droits seigneuriaux. Notons toutefois, que c'est en 1645 que la famille de Poulpiquet du Halgouët récupère la Châtellenie de Juzet, pour ne plus la lâcher.
La Révolution secoua un peu les choses : plusieurs membres de la famille périrent ; d'autres choisirent l'exil. Un beau jour, quatre cents manants vinrent piller le château et après y avoir fait ribaude (comme dit la notice), ils mirent le feu à l'édifice. Les archives et les titres de la familles y succombèrent, pas trop le château, néanmoins.
La tourmente révolutionnaire passée, la famille revient, trouvant un château dévasté et une chapelle saisie. Eugène 1er de Poulpiquet du Halgouët fit raser ce qui restait et veilla à la construction du château actuel, achevé en 1854. Son fils, Eugène II, racheta la chapelle en 1932, puis transmis la propriété familiale à sa dernière fille qui la transmis elle-même à sa dernière fille, Odile d'Andigné, actuelle propriétaire.
Tout est bien qui finit bien.
NB : les photos, sauf la première qui est de mon cru, proviennent de la Mairie de Guémené ; on peut retrouver sur ce blog plusieurs autres articles consacrés à Juzet (château, vallée).
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samedi 15 juin 2013
Détails de Juzet
Il n'y a rien de plus "carte postale" que le château de Juzet, datant de 1854, que l'on doit à l'initiative d'Amaury de Poulpiquet du Halgouët et aux dessins de l'architecte Jacques Mellet qui sévissait dans la région.
J'ai une certaine prédilection pour la Vallée, le moulin de Juzet, le château, le Thenou (la vallée, en breton),... : je ne m'en suis guère caché dans ce blog.
Ce matin, la journée s'annonçait propice aux excursions, et puis je cherchais à vérifier la présence, dans ces parages, d'une certaine bâtisse dotée d'un clocheton. C'est donc la joie au coeur et l'appareil photo en bandoulière que je me suis dirigé vers ce lieu magique, hanté du souvenir d'une activité humaine passée dense dont témoignent les nombreuses maisons en ruines qui jonchent le bord de la petite route qui y serpente.
J'ai trouvé assez vite mon clocheton ...
...et suis passé à l’exécution d'une idée qui me trotte dans l'esprit depuis quelque temps : apporter un regard différent sur le château de Juzet, en en montrant des détails.
J'adore les détails des bâtiments, surtout de ceux qui paraissent pouvoir s'en passer et dont l'aspect général suffit à assurer l'intérêt et la renommée. Les détails en passent inaperçus, alors qu'on a quand même le sentiment que c'est ce qui a requis le plus de travail à l'architecte et au sculpteur ! Bref, les détails sont de la confiture pour les cochons.
J'adore d'ailleurs la confiture, également, mais c'est une autre histoire.
La façade du château qui surplombe le moulin de Juzet présente précisément pleins de particularités tout à fait intéressantes.
La partie centrale de la façade est la plus remarquable, quel que soit l'étage du bâtiment que l'on considère.
Elle est composée en pierres de taille (le reste de la façade étant crépie). Les fenêtres de plein cintre sont fermées de persiennes rouillées. La clé de voûte de l'arc de chacune de ces ouvertures est décorée d'un insigne nobiliaire.
Amaury de Poulpiquet du Halgouët a épousé, en 1849, Amicie de Gibon de Kerisouët et ils filent le parfait amour. Ce sont des familles de vieille chevalerie bretonne, d'où les deux casques (heaumes) à cimier qui apparaissent en haut, de profil, et se regardent les yeux dans les yeux.
Celui de gauche a pris un coup sur la cafetière et semble assez cabossé. Pas sûr que cette blessure ait été attrapée à la guerre...
Si l'on descend à l'étage inférieur, ce sont les armes des épousés qui cette fois décorent les clés de voûte.
A gauche, Poulpiquet du Halgouët et à droite, Gibon de Kerisouët.
Les armes du mari sont surmontée de la couronne de marquis (apparemment). Au centre, le blason où l'on reconnaît trois volatiles. Normalement, si les pierres étaient en couleur, cela donnerait : d'azur à trois poules (ou palerons) d'argent, becquées et membrées de gueules (sable). En français : trois pies huîtrières au bec et aux pattes rouges ( ou noires) sur fond bleu. Ces armes sont visibles sur certains vitraux de l'église de Guémené (je renvoie à mes posts sur le sujet).
La présence des oiseaux dans les armoiries des Poulpiquet viendrait de l'étymologie de ce nom : Poull-piked = pies de mare, en breton. Pour mémoire, la devise de cette famille : "De peu assez". Je ne leur fait pas dire.
Les armes d'Amicie, sa femme, supportent une couronne comtale un peu amochée (en principe, chaque pointe de la couronne se termine par une boule, comme celle que l'on voit de face). Pareil pour le blason : de gueule à trois gerbes de blé. Autrement dit : trois gerbes de blé sur fond rouge.
Il temps maintenant de lever le regard.
Le fronton ouvragé qui orne toit encadre deux fenêtres plus petites. Sa partie la plus élevée est vraiment étonnante. On y voit en effet un personnage qui a fort belle allure et qui semble plus frais que le reste des ornements.
La bonne bouille de ce probable ancêtre paraît sortir de la pierre comme d'une ouverture et, pour peu, on croirait celle d'un vivant. Cette tête est pourvue de fort belles bacchantes et d'un joli bouc. Elle est couverte d'un petit chapeau fort seyant agrémenté d'une longue plume qui descend très élégamment sur le côté (on peut trouver néanmoins que le chapeau est un peu étriqué et haut perché sur le crâne). Admirons la collerette et la fraise finement sculptées autour du cou de ce noble de l'époque Henri III ou IV !
Comme pour les autres fenêtres, des colonnes à chapiteau sont représentées dans la pierre. Le bas du fronton est quant à lui encadré de deux petites balustrades et de quelques arabesques de pierre.
Les autres éléments remarquables sont à nouveaux des encadrements de fenêtre, qu'ils s'agissent de ceux sur le toit ou sur les tours. On remarque d'une part le goût des conques et, de l'autre, le côté rétro des meneaux de pierre qui divisent en quatre les ouvertures des tours. Si on regarde bien, on relève les nombreuses toiles d'araignée qui tiennent lieu de rideaux...et le piteux états des boiseries des fenêtres...
Bon ben voilà pour aujourd'hui. On verra ce qu'on peut faire demain.
mardi 1 mai 2012
Bénédiction de la chapelle de Juzet
Le patrimoine culturel, architectural et historique de Guémené-Penfao est riche. Et puis il mériterait d'être célébré.
L'occasion des anniversaires peut fournir prétexte à ce genre de festivité et de mise en valeur. Je m'intéresse à ce propos à un vieil édifice pour lequel il existe la trace d'un évènement, sa bénédiction, dans les registres paroissiaux anciens.
Ce bâtiment, c'est la Chapelle St Marc de Juzet, que l'on peut toujours admirer au sortir du village de Juzet telle que sur l'ancienne carte postale que je reproduis ci-après.
Que cette chapelle appartienne à l'histoire et au corpus monumental de notre commune cela va à peu près sans dire.
La dimension culturelle qui s'y ajoute tient au fait que c'était aussi la chapelle d'une "frairie", la frairie de Juzet précisément, l'une des 13 frairies de Guémené-Penfao.
J'ai l’intention de revenir ultérieurement dans un post particulier à la question si intéressante des "frairies", ces organisations religieuses et sociales caractéristiques de la Bretagne.
En attendant voici quelques échos du passé où résonnent à la fois les antiennes religieuses et les réjouissances paysannes.
- La bénédiction de la chapelle St Marc :
"Le vingt cinquième jour d'avril mil sept cent treize en conséquence de la permission à nous accordée par Monseigneur l’Évêque de Nantes en date du quatorzième mai mil sept cent douze signée G. évêque de Nantes et plus bas Brulé secrétaire, avons fait la bénédiction de la chapelle St Marc de Juzet que Messire Jean François de Poulpiquet seigneur du Halgouët, Juzet et autres lieux a eu la bonté de faire bâtir tout de neuf pour son usage et celui de tous les frairiens, et ladite bénédiction a été en présence des soussignés et de plusieurs habitants de Guémené et Conquereuil qui y étaient venus processionnellement en l'honneur de St Marc dont on célébrait la fête, par nous soussigné prêtre recteur de Guémené à qui le pouvoir de faire cette cérémonie était adressé par mondit seigneur évêque."
Cette fête religieuse et populaire a donc eu lieu il y a 299 ans passés d'il y a une semaine : l'année prochaine en sera le tricentenaire et j'imagine assez bien que l'on pourrait se mobiliser pour célébrer la circonstance en présence des autorités municipales (le maire, madame la 6ème adjointe chargée de la culture), religieuses (tant pis), des descendants de Jean François le Bienfaiteur et d'un grand concours de peuple de Guémené et pourquoi pas Conquereuil. Je lance l'idée, on ne sait jamais.
- Les Poulpiquet :
Le restaurateur de la chapelle St Marc, Jean françois de Poulpiquet, appartient à une vielle famille dont on peut remonter la trace jusqu'à Guyomarc'h le Poulpiquet qui épousa en 1383 Marie du Halgouët. En 1645, la châtellenie de Juzet passe de la famille d'Aiguillon aux Poulpiquet du Halgouët par le mariage de Bernard de Poulpiquet et de Françoise d'Aiguillon.
La maison de Poulpiquet a donné quelques notabilités : un Président aux comptes en 1654, deux Chevaliers de St Michel en 1625 et 1660, deux pages du Roi en 1727 et 1771, trois chevaliers de Malte entre 1743 et 1786, trois Conseillers au Parlement de 1719 à 1783, un sous-lieutenant au Régiment Royal comtois fusillé à Quiberon en 1795, un docteur en Sorbonne évêque de Cornouailles en 1823-1840. Tous n'ont, à l'évidence, pas bien fini... Jean François, pour sa part, était capitaine de cavalerie au Régiment de Dampierre.
- La chapelle après sa bénédiction :
En tant que chapelle frairienne, elle servit à la célébration des offices et cérémonies concernant la population des alentours de Juzet : baptêmes, mariages et enterrements. On y enterrait donc.
Cette chapelle devint bien communal sous la Révolution et fut acquise en octobre 1932 par Amaury Louis Marie de Poulpiquet, comte du Halgouët, lequel la restaura à nouveau à l'instar de son ancêtre Jean François.
Pendant longtemps, une procession à la chapelle de Juzet eut lieu pour la St Marc. Aujourd'hui il ne s'y passe plus rien et semble close et endormie depuis bien des années. J'ai pourtant le vague souvenir d'y être entré dans mon enfance. Est-ce un rêve ?
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