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dimanche 28 décembre 2014

Vitraux et merveilles (7)


Il ne faut pas laisser un travail inachevé : il est temps de reprendre l'étude des vitraux de l'église de Guémené.

Ce qui en a été écrit jusqu'à présent (à savoir les six articles précédents datant de 2013) ne couvre qu'une partie, à peine la moitié, de ce qu'il conviendrait d'évoquer dans le cadre d'une démarche exhaustive. Je me suis arrêté en fait quand j'ai buté sur ma capacité de connaître et le commanditaire et l'auteur des oeuvres, ou sur la difficulté de photographier pas trop mal l'objet de ma préoccupation.

Mais bon, la recherche progresse, et puis il n'est pas nécessaire de tout savoir pour commencer de parler...

Le sujet de reprise de la série sera la paire de vitraux qui surplombent, dans la partie est du transept, la chapelle de la Vierge.

Il s'agit d'un "ex voto", comme cela est clairement indiqué au bas du vitrail de gauche. Une date, octobre 1882, est mentionnée symétriquement, sur le vitrail de droite. Comme chacun sait, un "ex voto" est proposé soit comme démarche propitiatoire d'un événement souhaité permettant de conjurer quelque drame, soit en remerciement de la réalisation de ce vœu.

La première pierre de l'église actuelle de Guémené ayant été posée le 21 septembre 1884 (la première messe étant célébrée le 4 juillet 1886), il est impossible que cette composition ait été réalisée à la période indiquée. Il faut y voir par conséquent un "ex voto" de remerciement, d'un événement heureux survenu en octobre 1882 concernant les commanditaires de ces vitraux. Quelle circonstance ? Seule la famille pourrait répondre.

La famille justement. Les deux vitraux fournissent en leur partie inférieure l'indication des commanditaires sous la forme de deux paires de blasons.

En bas du vitrail le plus à l'est, un écu d'un joli bleu avec trois oiseaux blancs au bec et aux pattes rouges ("d'azur à trois poules d'argent, becquées et membrées de gueules") formant les armoiries des de Poulpiquet du Halgouët. A côté, un autre écu, jaune doré, comportant trois cercles rouges ("d'or à trois tourteaux de gueule") : il s'agit des armes de la famille de Latouche-Limouzinière.

Ces deux familles s'étaient alliées par le mariage d'Amaury Louis Marie de Poulpiquet du Halgouët et de Marie Joséphine Louise de Latouche-Limouzinière, le 23 janvier 1884 (ce qui conforte le fait, si besoin était, que la date portée sur le vitrail est antérieure à leur réalisation et à leur pose).

En bas de l'autre vitrail, on retrouve les armoiries des de Poulpiquet du Halgouët, mais cette fois appariées avec un écu à fond rouge comprenant trois gerbes de blés dorées ("de gueule à trois gerbes de blé d'or") : il s'agit des armes des de Gibon de Kerisouët.

Ces deux dernières familles s'étaient liées à la faveur des épousailles de Eugène Jean de Poulpiquet du Halgouët et de Amélie Marie Charlotte (dite "Amécie") de Gibon de Kerisouët, en 1849, qui furent les parents et beaux-parents de l'Amaury Louis et de la  Marie Joséphine susmentionnés.

A la date indiquée (octobre 1882), l'une des quatre personnalités dont les armoiries sont représentées, Amécie de Gibon de Kerisouët, est déjà décédée à Guémené depuis quatre ans. Cet "ex voto" ne la concerne donc pas directement.

Pour finir sur les blasons, on remarque qu'ils sont surmontés d'une couronne à fleurons et perles blanches groupées par trois ("en tierce") caractéristique du titre de marquis, et qu'ils sont soulignés en quelque sorte par une bande blanche ondulante ("phylactère") comprenant, en français et en caractères gothiques, une devise :"De peu assez", celle des de Poulpiquet du Halgouët.



Si l'on en vient maintenant à la représentation principale de ces oeuvres, on y voit une scène à deux personnages.

Sur le vitrail gauche, une Vierge auréolée s'encadre dans une grotte ; sur celui de gauche, une jeune fille est agenouillée les mains jointes et le regard dirigé vers l'apparition.

Bref vous l'avez compris, il s'agit d'une des "visions" de Bernadette Soubirous à Lourdes en 1858 à la grotte de Massabielle.

La "Dame Blanche" joint également les mains et porte un regard bienveillant sur la jeune fille. Un chapelet et une ceinture bleu pâle lui enserre la taille.

Bernadette est vêtue d'une longue robe bleue, d'un tablier violet où l'on distingue une poche plaquée sur le devant, d'une sorte de châle pourpre avec un liseré blanc et bleu. Un long voile blanc lui ceint le front et lui tombe jusqu'aux fesses.

Le reste de la composition représente la campagne avec des fleurs ici et là, et l'on aperçoit la chaîne des Pyrénées au dessus de la tête de Bernadette, entre deux arbres. Un ciel bleu où flotte un gros nuage blanc domine la montagne.

Un texte en lettre gothiques blanches également, réparti sur les deux vitraux, ferme le bas de la composition : "Notre Dame de Lourdes priez pour nous".


Ces deux vitraux sont situés sous un œil-de-bœuf à six lobes empli lui-même d'une petite composition de verres colorés. Un ange tient dans ses mains un phylactère où l'on peut lire : "Regina sine labe originali concepta, ora pro nobis" ("Reine conçue sans le péché originel, priez pour nous", comme le dit si bien Google Traduction).


Reste à préciser l'exécuteur de cette oeuvre. On ne distingue pas de mention le révélant, comme c'est le cas sur d'autres vitraux. Peut-être tout cela est-il caché sous la crasse accumulée au bas des compositions car on croit deviner quelque chose d'écrit sous la devise des Poulpiquet...


Affaire à suivre...

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