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dimanche 3 novembre 2013

L'intérieur de la chapelle de Juzet


Voici un second éclairage sur les chapelles de Guémené et plus particulièrement sur ce qui se trouve à l'intérieur de ces édifices qui sont, la plupart du temps, fermés à la légitime curiosité du passant...

Comme pour la chapelle de la Vieille Cour évoquée dans le post précédent, je suis redevable à la gentillesse d'Isabelle Barathon, adjointe en charge des questions culturelles à la Mairie de Guémené, de pouvoir aujourd'hui pénétrer virtuellement dans la chapelle de Juzet.


Dans la nébuleuse de mes souvenirs d'enfance à Guémené, il y a une promenade à vélo avec mes copains de La Hyonnais, Serge et peut-être Marc ou Annick. Je nous revois devant cette chapelle, pied à terre...Il est peu probable pourtant que nous y soyons entrés.

Mais avant d'y pénétrer, aujourd'hui, un détail extérieur qui avait échappé à mon attention lors des deux précédents articles consacrés à ce bâtiment : le clocheton possède une girouette en forme de petit drapeau dont le motif est un lion, le lion de St Marc. Car cette chapelle est patronnée par ce saint.



L'intérieur, dont les murs chaulés portent des traces d'infiltration, comprend un petit choeur avec un autel de bois bleuté. Le tabernacle sert de piédestal à une statue du saint protecteur, reconnaissable au félin emblématique couché à ses pieds. La statue de l'évangéliste, toute blanche, se détache sur un quadrilatère qui paraît avoir abrité, naguère, quelque représentation picturale oubliée.

Il n'y a pas de plafond et le regard tombe directement sur la charpente.

Dans cet espace assez exigu, un mobilier épars : quelques chaises au fond paillé, quelques bancs et quelques prie-dieu d'une autre époque.

On a disposé où l'on a pu des crucifix, des notices explicatives et une Sainte Vierge. Claquemurés dans ce capharnaüm, les saints personnages semblent attendre la fin nucléaire du monde des humains. Ou bien encore, serions-nous dans la tombe, épargnée par les pillards, de quelque Toutânkhamon catholique ?



Les notices explicatives font penser aux "messages de l'Humanité" envoyés par les sondes Voyager vers les hypothétiques autres mondes de l'Univers : la probabilité qu'ils touchent jamais un public semble dérisoire...

Mais nous qui sommes d'une certaine façon un autre monde, que nous disent-elles, ces notices ?

L'une parle des frairies de Guémené et de la Chapelle. L'autre évoque l'histoire des seigneurs de Juzet.

Puisqu'on est là, profitons-en !

Un peu à l'est de Guémené s'arrête la zone d'influence de l'invasion bretonne qui débuta il y a 1400 ans. Cette influence se caractérise dans les pays où elle s'exerce par l'existence d'organisations territoriales et religieuses que sont les frairies. Leur territoire, subdivision de la paroisse, était centré autour d'une chapelle où l'on pouvait recevoir des sacrements et non loin desquelles se trouvait un cimetière.

La frairie de Juzet regroupait treize villages : Bois de Brun, Les Landes, Champoulin, Le Bot, Le Haut Champ, Juzet, Lévréac, Les Landelles, La Tousche, La Châtelais, Les Drieux, Retz et Le Petit Bois.

Il est possible que le cimetière ait été à l'emplacement d'une parcelle du coin nommé "paradis" dans les vieux cadastres (je n'ai pas réussi à la situer). D'autres noms de lieux plus ou moins oubliés paraissent témoigner de l'existence passée d'autres bâtiments religieux ; "le champ aux prêtres", "les presbytères",...

Chaque année, un "pardon" avaient lieu lors duquel le patron de la frairie était honoré. Jusque dans les années 1950, le clergé paroissial célébrait la fête de ce saint patron (25 avril) et, le mardi des Rogations, une procession partait de Guémené. Aujourd'hui, tout au plus le glas serait-il sonné à la Chapelle St-Marc quand un habitant de Juzet décède.



La seconde notice rapporte que la seigneurie de Juzet remonte au XIVème siècle. C'est loin et, jusqu'à la Révolution, on se marie, on enfante et on fait valoir ses droits seigneuriaux. Notons toutefois, que c'est en 1645 que la famille de Poulpiquet du Halgouët récupère la Châtellenie de Juzet, pour ne plus la lâcher.

La Révolution secoua un peu les choses : plusieurs membres de la famille périrent ; d'autres choisirent l'exil. Un beau jour, quatre cents manants vinrent piller le château et après y avoir fait ribaude (comme dit la notice), ils mirent le feu à l'édifice. Les archives et les titres  de la familles y succombèrent, pas trop le château, néanmoins.

La tourmente révolutionnaire passée, la famille revient, trouvant un château dévasté et une chapelle saisie. Eugène 1er de Poulpiquet du Halgouët fit raser ce qui restait et veilla à la  construction du château actuel, achevé en 1854. Son fils, Eugène II, racheta la chapelle en 1932, puis transmis la propriété familiale à sa dernière fille qui la transmis elle-même à sa dernière fille, Odile d'Andigné, actuelle propriétaire.



Tout est bien qui finit bien.

NB : les photos, sauf la première qui est de mon cru, proviennent de la Mairie de Guémené ; on peut retrouver sur ce blog plusieurs autres articles consacrés à Juzet (château, vallée).

1 commentaire:

  1. D'étonnement en ravissement sur tout ce patrimoine à portée de mains ou de pieds).

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