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dimanche 31 mars 2013

Vive l'alcool public, laïc et républicain !


Au printemps 1893, la Municipalité de Guémené, sous l'égide de son maire Fidèle Simon, a voté des travaux d'agrandissement de l'école publique de garçons située vers la Poste et la gendarmerie.

Malheureusement, cette bonne action n'est pas complètement financée et des recettes font défaut pour couvrir l'amortissement de l'emprunt qu'il a fallu souscrire.

Le Conseil Municipal décide donc en sa sagesse de taxer l'alcool consommé dans les estaminets de Guémené. Une loi est cependant nécessaire à la faisabilité de l'opération.

Qu'à cela ne tienne, le 30 janvier 1894, le Parlement français adopte un texte législatif créant "une surtaxe à l'octroi de Guémené-Penfao".

Que faut-il entendre par octroi ? Imagine-t-on des guichets aux entrées du bourg ? On ne sait, mais je pencherais plutôt pour une taxe acquittée directement par les débitants d'alcool sur leurs approvisionnements. D'ailleurs, cela n'a pas d'importance pour cette histoire.

Que dit cette loi ? Elle instaure pour trois ans une surtaxe de 5 francs par hectolitre d'alcool pur contenu dans "les esprits, eaux-de-vie, fruits à l'eau-de-vie, liqueurs et absinthes". Elle prévoit par ailleurs que le bon usage de cette manne sera vérifié annuellement et au terme de la période.

Dans les délibérations de la Municipalité, on apprend que celle-ci table sur un revenu annuel d'environ 1.000 francs, soit une consommation locale d'alcool pur de 200 hectolitres environ.

Problème :

Sachant qu'il faut plus de 2 litres d'eau-de-vie pour faire 1 litre d'alcool pur ;

Sachant que la population de Guémené s'élève en 1891 à 6.798 habitants (tous français) répartis en 1.513 ménages ;

Sachant que les hommes boivent plus que les femmes et les enfants (en principe) ;

Estimer la consommation moyenne de boissons alcoolisées par buveur guémenois (hors vin et cidre, et hors alcool produit aux "lambics").




Pas sûr que ce fut une épreuve du Brevet des écoles...

En fait la réponse au problème posé, même très approximative, laisse rêveur.

En effet, si l'on estime que les femmes consommaient ne serait-ce que trois fois moins d'alcool que les hommes (mais ma grand-mère ne rechignait pas sur les cerises à l'eau-de-vie !) et que la population adulte représentait 50% de la population d'alors, cela donne plus de 20 litres de boissons fortes alcoolisées par homme adulte et par an et environ 7 litres, pour les femmes !

Il faut donc espérer pour les adultes d'alors, que les enfants s'y mettaient aussi...ou alors que Guémené bénéficiait d'un afflux important de visiteurs assoiffés.

Et nul doute qu'avec des chiffres pareils, les nombreux cafés de Guémené n'aient fait des affaires...

Enfin, une question subsidiaire, pour obtenir la mention "Très-bien" : combien de garçons formés à l'école publique de Guémené ont participé ultérieurement au remboursement de leur école ?

N'hésitez surtout pas à me faire connaître vos réponses.

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