Mais à quoi
pouvait bien ressembler un comice agricole dans nos régions vers 1840 ?
Pour s’en faire
une idée – assez précise -, deux textes sont disponibles, tous deux issus du Breton, journal nantais du deuxième
quart du XIXè siècle.
Le premier
article évoque le comice départemental de Loire-Inférieure qui s’est tenu à
Nantes en 1843. Son principal intérêt réside dans le profil des bénéficiaires
des différentes primes ainsi – et surtout – que dans la motivation et la nature
de ces dernières.
La première salve
de prix concerne les agriculteurs dans le « concours
pour la culture améliorée » ; la seconde, les valets de fermes
qui disposent d’un palmarès spécifique.
Les trois
agriculteurs primés sont tous des métayers du département. Le plus valeureux a
ainsi « défriché 16 ha de landes et
doublé sa culture de céréales ; par sa culture de plantes fourragères, il a
doublé son cheptel et est passé à une race non locale ».
Son dauphin
(élève de l’école de Grand Jouan à Nozay) «
a fait produire des récoltes à une terre jusque là non productive »
et tient une comptabilité digne «
d’une maison de commerce ». le suivant, enfin, s’est lancé dans des
travaux d’irrigation dans ses prairies.
Comme il se doit
dans la philosophie des comices, les prix offerts participent concrètement à
l’amélioration de l’exploitation des vainqueurs. Ils se voit décerner, en
effet, « un fort beau taureau, une araire et une faux, une araire de plus petit modèle avec une baratte mécanique propre à obtenir le beurre en quelque minutes ».
Quant au valets
de ferme, ils sont récompensés pour des raisons moins évidentes : il
semble que ce soit souvent en raison de leur fidélité à leur patron (on insiste
sur leur ancienneté chez le même maître).
Mais on signale également l'implication dans l’amélioration de l’exploitation où ils sont affectés ; ou
bien encore, pour un autre valet – un aide agricole à l’école de Grand Jouan -
on mentionne qu'on peut lui confier de l’argent pour acquérir des bestiaux…
Les valets de
fermes ont visiblement vocation à le rester : inutile de leur donner des
prix sous forme de bestiaux ou d’outils agricoles dont, sans terre, ils
n’auraient que faire. Ils reçoivent donc des objets de valeur (montres en or ou
en argent, timbales en argent avec, gravés, leur nom et leur prénom) ou de l’argent.
D’autres concours
suivent avec également des prix : concours de charrues ;
concours de bestiaux (génisses, taureaux). Pour ceux-ci, les lots sont des
instruments agricoles (tarares, charrues de divers modèles, coupe-racines,… )
et des animaux de race.
Pour assaisonner ces
remises de prix, le préfet y va à chaque fois de son petit encouragement.
Venons-en maintenant à un comice cantonal, qui sera celui de Nozay en 1844 où, probablement, on avait pris un peu d’avance sur les cantons environnants. Néanmoins, cela donne une bonne idée de ce que sans doute, vers 1850, les cantons voisins, dont celui de Guémené, ne tardèrent pas à connaître également.
Venons-en maintenant à un comice cantonal, qui sera celui de Nozay en 1844 où, probablement, on avait pris un peu d’avance sur les cantons environnants. Néanmoins, cela donne une bonne idée de ce que sans doute, vers 1850, les cantons voisins, dont celui de Guémené, ne tardèrent pas à connaître également.
Ce comice est une
grosse fête ponctuée de nombreux événements.
Les trois « patrons » de ce comice
cantonal sont : M. de la Haye-Jousselin, député de l’arrondissement de
Chateaubriand et maire de Derval ; M. Rieffel, directeur de l’école de Grand
Jouan à Nozay et l’inspecteur agricole M. Derotrie : que du lourd !
Nous sommes début septembre, autour de l’hippodrome de Nozay.
Il y a donc un vrai match entre Anciens et Modernes. Inutile de dire qu’au terme de l’épreuve, l’Ancien a
été désabusé – ainsi que ses partisans - par la victoire de l’école de Grand
Jouan et donc de la science agronomique.
Puis on passe aux
Concours de bestiaux : poulains,
pouliches, taureaux, génisses, béliers et enfin verrats.
Dans cette
dernière catégorie, c’est un prof’ de Grand Jouan, Gustave Heuzé, qui emporte
le prix avec un animal « d’une beauté
remarquable », de race anglaise et âgé de six mois, mais pesant déjà 96 kg.
Hélas ! Saisi
probablement par l’émotion de cette victoire, ce beau jeune cochon vira soudain du
rose au cramoisi, « frappé d’apoplexie sur le champ même du concours »…Mon dieu, c’est trop injuste, Brigitte Bardot où
es-tu !
On passe ensuite
au concours de culture pour lequel aucune précision n’est fournie.
Comme on se
trouve sur un hippodrome, il serait dommage de n’en pas tirer parti. On en
vient donc aux joutes hippiques dont le programme est copieux et diversifié.
On commence par
une course de galop entre chevaux du pays « en partie liée » (le vainqueur est désigné au vu du résultat de deux
épreuves consécutives). Cippe fut vainqueur au premier tour et distancé au second. Vinaigre, son concurrent, a couru seul la seconde épreuve (et d’ailleurs, il gagna haut la main…).
Puis vient la deuxième course de galop entre chevaux de toutes provenances, et puis une troisième, entre chevaux du pays (« en partie liée »). S’ensuit une course de trot (deux tours d’hippodrome), « en partie liée » également, avec quatre partants.
Puis vient la deuxième course de galop entre chevaux de toutes provenances, et puis une troisième, entre chevaux du pays (« en partie liée »). S’ensuit une course de trot (deux tours d’hippodrome), « en partie liée » également, avec quatre partants.
On note que la seconde épreuve de trot est revenue à Trotteuse, une jument près de mettre bas.
Retour au galop pour une course pour chevaux de tous âges et de toutes provenances : une seule partante (elle a toutefois réussi à faire le tour dans le temps maximum réglementaire. Bravo !).
On continue par un prix de consolation (huit chevaux du pays) : 10 francs aux quatre premiers. On enchaîne par une course au trot "en tilbury" (trot attelé, finalement) réunissant deux partants pour deux tours d’hippodrome.
Enfin, tant attendue, la course « de barrières » ; trois participants ; une lutte acharnée…
Après toutes ces émotions hippiques (onze courses, si j'ai bien compté !), il est temps de passer à autre chose.
Car la journée avance et la fête ne serait pas complète sans le banquet, présidé par M. de la Haye-Jousselin et dressé pour deux cents couverts sous une tente dans une prairie.
Ensuite, une fois la panse bien remplie, on va pouvoir se secouer la couenne : à huit heures en effet, un orchestre « bien composé » fait sonner ses instruments pour un bal dans un salon, avec les élégants et les élégantes du coin. Deux autres bals sont organisés par ailleurs dans la ville pour le reste du populo.
Mais le point final des festivités ne surviendra que le lendemain avec le tirage d’une loterie au profit des pauvres…qui ne peuvent pas vraiment trop se plaindre d'avoir attendu un peu leur tour, puisqu'au moins cette année 1844 on a pensé à eux !
En effet, l’année précédente, le lendemain du comice, les pauvres avaient dû se contenter de regarder passer la chasse à courre en partance pour les forêts près de Derval : une année on régale les yeux, une année on régale les ventres...
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