Les arrêtés de police sont un plaisir à nul autre pareil pour leur lecteur, 150 ans après leur rédaction.
C'est à chaque fois une intrusion dans le Guémené de tous les jours. A certains égards, ces textes au style déterminé où perle l'impuissance publique face aux incivilités des uns et des autres, sont des photographies. Dans cette archéologie de l'infini quotidien que j'affectionne, ils forment donc une pièce de choix.
Dans ces années 1860 finissantes, Fidèle Simon est toujours maire de Guémené. Un fléau menace le bourg. N'écoutant que son sens du devoir et du bien-être des populations dont il a la charge, il va donc édicter l'arrêté suivant :
"21 avril 1868
Nous Maire de Guémené, chevalier de la Légion d'Honneur,
Considérant que la pompe au puits public est de nécessité absolue pour la population, que jusqu'à ce jour on s'est permis d'y laver du poisson, des légumes etc..., même d'y abreuver les chevaux, ce qui est contraire à la salubrité publique ;
Considérant aussi que les enfants ont à plusieurs reprises détérioré la pompe,
Arrêtons ce qui suit :
Art. 1er. Il est interdit de laver des poissons, légumes, etc... ainsi que d'abreuver les chevaux à ladite pompe ;
Art. 2. Il est recommandé aux parents de surveiller leurs enfants, car si la pompe venait à être détériorée par leur fait, les parents en seraient responsables.
Art 3. M. le Brigadier commandant la gendarmerie de Guémené est chargé d'assurer l'exécution du présent arrêté.
En mairie à Guémené le 21 avril 1868
Le Maire (signature)"
Je n'ai pas réussi à localiser dans le bourg l'emplacement de ce puits et de cette pompe.
Le texte atteste en tout cas qu'on mangeait du poisson à Guémené sous Napoléon III et Fidèle Simon.
Evidemment, tous ces usages détournés du puits publique devaient provoquer pas mal de saletés : restes de denrées croupissant dans l'eau, crottin parsemant les abords du puits... Et les enfants devaient patauger là-dedans : pas étonnant qu'ils aient fini par se venger sur la pompe.
Sans doute Pierre Jorreau, Brigadier commandant de gendarmerie, ou ses quatre gendarmes devaient-ils rôder dans les parages de temps en temps, pour veiller au grain. L'histoire ne dit pas si tout s'arrangea.
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