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dimanche 23 décembre 2012

Fidèle la Pudeur

Fidèle Simon était maire de Guémené en juin 1868. Sans doute faisait-il beau en cet été débutant et même chaud. De quoi donner envie de se baigner.

Las ! Il faut donc qu'un bon maire veille à tout ! Jugez-en plutôt par l'arrêté de police suivant, pris sous son autorité :

"Arrêté de Police

20 Juin 1868, Arrêté concernant les bains

Le Maire de la commune de Guémené, chevalier de la Légion d'Honneur,

Considérant que des abus ont eu lieu les années précédentes à l'occasion des bains pris dans la Rivière du Don, que des plaintes ont été portées à ce sujet ;


Considérant qu'il importe de ne pas voir se renouveler ces abus dans l’intérêt des moeurs,

Arrête :

Les personnes qui voudront prendre des bains dans la Rivière du Don, à partir du Petit-Bois au Gué du Orais sous Pussac, ne pourront le faire que revêtues d'un caleçon ou d'un pantalon. Les contrevenants au présent arrêté seront poursuivis conformément aux lois et règlement de police.

Le commandant de la gendarmerie de Guémené est chargé de son exécution.

En mairie à Guémené, le 20 juin 1868,

Le Maire 
(signature) "


Il ressort clairement de cette extrait de littérature municipale que l'habitude avait été prise par certains guémenois, au temps où mes arrière-grands-parents étaient enfants, de se baigner nus dans le Don.

On comprend qu'il s'agissait probablement plus d'une coutume masculine (référence au caleçon et au pantalon) que féminine. Soit les femmes se baignaient habillées, soit elles ne se lavaient pas.

Je parle "d'habitude" puisque l'arrêté mentionne que les abus ont eu lieu "les années précédentes".

Et d'ailleurs, à la tournure de la phrase on devine que les abus ne sont pas liés au fait de se baigner nu, l'exposition à la vue du public pouvant en soi représenter une offense aux bonnes moeurs, mais qu'ils découlent de cette nudité lors de baignade.

On imagine à tout le moins des bacchanales endiablées, un déferlement de stupre bucolique, une fornication champêtre effrénée dans les eaux fraîches du paisible cours d'eau.

La gendarmerie de Guémené est commandée à l'époque par le Brigadier Pierre Jorreau , un homme de sens. Âgé de 39 ans, marié et père de 5 enfants, il dispose de quatre gendarmes pour l'aider dans sa mission. Nul doute qu'ils ont dû passer de bons moments.

Le Gué du Orais sur le Don, se situe au sud du village de Pussac, à l'endroit où Avessac vient faire un coin à angle droit dans Guémené. Un lieu traître pour les moeurs : méfiez-vous si vous y allez à la belle saison.

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