dimanche 22 septembre 2013
De Guémené au Canada
Il y a quelques jours, j'ai évoqué la mémoire d'Emile Lizé, Guémenois né pendant la seconde guerre mondiale qui devint spécialiste de littérature du XVIIIème siècle qu'il enseigna à l'Université d'Ottawa. Il disparut en 1988, laissant une famille, un ouvrage et de nombreux articles. Découvreur d'inédits de Diderot et de Voltaire, il avait par ailleurs collaboré avec son épouse enseignante à des livres pour enfants qui reproduisaient, en les illustrant, des mots d'excuse cocasses de parents d'élèves.
J'ignorais en écrivant ces mots qu'Emile Lizé avait été une relation d'enfance, puis un ami, d'un des meilleurs soutiens de ce blog qui, depuis, m'a apporté des compléments d'information et des documents. Qu'il en soit grandement remercié.
Emile Lizé était né dans une famille très modeste de Guémené, aux Mortiers, "village" non loin de la route de Redon, vers la Nouasse et l'Epinay. Son parcours scolaire brillant relève d'un schéma classique : il fréquente l'Ecole Publique et est repéré par un instituteur qui lui obtient une bourse d'études. Comme déjà indiqué, il finira docteur en littérature, diplômé de la Sorbonne.
Voici la reproduction de deux plaquettes "tirées à part" d'articles d'Emile Lizé. L'un est consacré à un litige opposant deux commensaux de Voltaire à propos de quelques pommes volées dans son jardin de Ferney... J'y ajoute la reproduction de la couverture et de deux extraits d'un exemplaire de livres pour enfants co-écrit par Emile et Diana Lizé.
Occupez-vous de vos oignons, praufesseur. Je ne peux pas envoyer tous mes enfants à l'école chaque jour. J'ai huit mômes et cinq paires de chaussures et ils doivent attendre leur tour pour les porter.
Cher Professeur, Tim était absent parce qu'on lui a enlevé deux dents de la figure.
Le hasard des recherches sur Internet m'a fait découvrir qu'Emile Lizé ne fut pas le premier guémenois à venir honorer de sa présence la Belle Province. Tant s'en faut : en 1738, Mathurin Guyon, fils de Julien et de Guillemette Gauthier s'apprête à quitter la France.
Mathurin est alors âgé de 44 ans et n'est donc plus un jeune homme. Qualifié de "soquetier", il fabrique donc ordinairement des chaussures à semelle de bois, des sortes de sabots ouverts sur le talon. On le trouve à La Rochelle, port d'où s'expatrieront 80% des migrants français vers le Canada, au XVIIIème siècle.
Début juin 1738, cet artisan se présente chez un notaire de La Rochelle (Maître Desbarres) pour signer (il sait le faire, apparemment) un engagement : pour prix de son passage vers Québec à bord du Comte de Matignon, un gros navire de 200 à 300 tonneaux appartenant à Simon Lapointe, il payera 300 livres de sucre brut à Jean Lafargue, capitaine du navire, à l'expiration de son service.
On ne sait pas ce qu'il en advint et de ses compagnons d'émigration, tous artisans comme lui (un gantier, un cuisinier, un jardinier, un cardeur de laine). Assurément le bateau joignit le Canada français car on le retrouve plus tard au départ ou à l'arrivée d'autres traversées.
Pour finir et rester sur une note de littérature, je signale qu'un des lecteurs du blog dispose de deux ouvrages qui pourraient intéresser certains d'entre vous : les "Vieux rimiaux guémenois", de l'abbé Chenet alias Jean Régale, édition de 1939, et les "Souvenirs du vieux Guémené", fascicule de 1944 dû au R.P. Trivière (en principe).
Si c'est le cas, faites-le moi savoir et j'essaierai de jouer les utilités et de vous mettre en contact.
A très bientôt.
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