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samedi 30 avril 2011

Comment Mathurin Sicard ne put entrer au Ciel

Si qu'on sé bête un p'tit, c'est encor' raisonnable.

Faut pas exagérer : ça n'est plus pardonnable.

Et Mathurin Sicard, de la rue Saint-Clément

S'en aperçut trop tard, mais dam' il n'tait plus temps.

Vous l'avez-t-y connu ? Il était peillotier

Ca 'tait un métier d' ren pour les haricotiers.

Il avait épousé en premièr' noc' Perrine

Et il n' fut point heureux avec cett' vieille mâtine.

Ca 'tait un' vraie gueudill' : quand ell' fut carpaillée

Il fut plutôt ben aise et il n'a guèr buyé.

Vantié six mois après Mathurin se r'marie.

Il tombit 'cor' plus mal avec la Jeann'-Marie;

Du coup cinq ans après c'est Mathurin qui meurt

Et ça 'tait ben pour lui, ma foi, un grand bonheur.

Le v'la parti au Ciel pour parler à Saint Pierre

Qui fut dit-on un gendr' ben bon pour sa bell'-mère.

"Je fus dix ans mariés" dit-il dans un soupir,

"Dix ans ! c'est pas possib'. Ah, t'es un vrai martyr.

Viens, tu l'as mérité, car tu es un' belle âme."

"Sûr ! que dit Mathurin, mêm' que j'ai eu deux femmes."

"Comment, t'en as pris deux ? Dam' là, t'es ben trop bête,

Fous-moi l' camp, dam' vraiment tu t'paies ma tête,

Un' fois ça passe encore, et moi je l'ai ben fait

Mais dam' deux fois, mon gars faut êt' un grand benêt."


in "vieux rimiaux guémenois"

Poésies en patois de Guémené

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