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dimanche 25 janvier 2015

Gros bizious de Guémené


Alfred Isaïe Biziou mesurait adulte 1 mètre 45 et pesait 42 kg. Ce petit gabarit s'était fait photographier avec le Petit Joseph, réputé pour sa grosseur, et un autre bonhomme qui mesurait plus de 2 mètres.

Sur les photos où il apparaît, âgé probablement d'une quarantaine d'années, il porte une longue barbe broussailleuse. Le voici, ci-dessous, avec ses amis, puis devant son échoppe surmontée de son enseigne "Biziou Coiffeur", avec sa jeune fille (peut-être, et même sa femme qui semble tirer la fillette par sa robe vers l'intérieur du salon).







Il était né à Paris du côté des Champs-Elysées en 1864, d'un père tourangeau qui exerçait le métier de "taillandier". Plus tard, il s'était installé comme coiffeur à Nantes où il tenait boutique au 1, Quai du Bouffay. Marié à une nantaise, Marie Pesnaud, ils auront trois enfants un garçon et deux filles, ces dernières seules survivant.


Un jour, avant 1906 certainement, la petite famille quitta la métropole bretonne pour Guémené. On retrouve Alfred, Marie son épouse et les deux filles, Noémie et Berthe, route de Redon, peu après la mairie, de l'autre côté de la rue.

Je ne saurait dire si la famille était heureuse ni si Alfred Biziou était un habile figaro. Ses talents publics, ceux que je peux lui reconnaître, ressortent à un autre art que celui du père de famille ou que celui de la coiffure.

Car Alfred Biziou était aussi photographe à ses heures. Il fit publier certains de ses clichés de Guémené, colorisés par des imprimeurs parisiens, les frères Alcide et Arthur Bréger dont l'établissement se trouvait au 9 rue Thénard, au Quartier Latin, à Paris.

Ces imprimeurs, dont les descendants continuent de gérer l'entreprise Mexichrome, furent les premiers à utiliser la phototypie en imprimerie et notamment pour les cartes postales. Ils mirent au point des procédés de colorisation des photographies (dont la "simi aquarelle"). Ils en firent profiter les photos d'Alfred Biziou.

Je me suis amusé à collectionner ces vieilles cartes postales en couleur du coiffeur de Guémené. Certes, il doit en manquer (une, c'est sûr, qui montre la place Simon depuis l'angle de la rue Garde-Dieu), mais je puis en produire déjà une douzaine.

On y trouve des châteaux (Bruc, Juzet, Boisfleury), des vues du Don (notamment près du Grand Moulin, au bas du bourg), l'Eglise monumentale, la Mairie, la Gare au nord du bourg et le boulevard y menant, ainsi que l'ancien bâtiment de la gendarmerie en face du Presbytère (la Grande rue).

Les couleurs pastel de la colorisation confèrent un air d'été à ces vues, une atmosphère de chaleur qui me fait penser aux étés de mon enfance à Guémené. 

Je le dis particulièrement pour le boulevard ombragé de grands arbres qui conduit à la gare, qu'on arpentait sans cesse. Certes à mon époque ce n'était que de petits (faux) acacias bien différents des arbres qu'on voit sur la photo, mais je me rappelle qu'on en appréciait néanmoins l'ombre maigre quand on s'arrêtait pour souffler ou pour causer avec une connaissance de grand-mère Gustine.






















Alfred Biziou le coiffeur photographe, mourut à Guémené le 30 septembre 1918, âgé de 55 ans, laissant deux enfants de 24 et 20 ans.

Sa fille aînée, Noémie, reprit l'activité de coiffure et l'exerçait encore au début de 1921. Les trois femmes vivaient alors ensemble. Puis Noémie se maria avec Pierre Marie Rialland, en septembre 1921. Bientôt un autre coiffeur, Pierre Rousseau, vint remplacer la famille Biziou.

La mère décéda le 25 décembre 1927 à Beslé.

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