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dimanche 17 mai 2015

Gros baiser de Feuilly


Il arrive qu'on trouve des cartes postales un peu rares, qu'on achète et dont on ne voit jamais d'autres exemplaires. Tel est le cas de celle que je soumets à votre appréciation pour cet article de reprise, après quelques temps de repos.

Il est rare en effet de disposer de cartes figurant un village. La chance a voulu que j'en trouve une qui représente Feuilly, au Nord-Ouest de Guémené, en allant sur Friguel et Saint-Yves.

Comme on sait, il suffit de sortir du bourg par la route de Beslé, de tourner à gauche au Pont-Esnault, devant le vieux moulin à vent, pour prendre la route de Massérac et de filer : bientôt on aperçoit, sur l'espèce de plateau qui domine le Don, une ancienne maison de garde-barrière et la route commence une chicane qui traverse le vieux et gros village de Feuilly autour de laquelle les maisons sont groupées.

Comment était-ce vers 1900 ? - Sans doute assez isolé et très peuplé : on y dénombre ainsi une trentaine de foyers abritant au total cent quinze personnes, hommes, femmes et enfants.

Voici l'image qu'en fournit la carte postale :












Je prends le parti de considérer que cette photo a été prise vers 1900, l'anonyme qui l'a envoyée l'ayant datée du 3 novembre 1903.

La scène représente un "place" de ce hameau jonchée de bois, peut-être de fagots, entre deux ou trois maisons. 






















Une bande d'une douzaine d'enfants prend la pose devant l'objectif.


















Quand on regarde un peu attentivement, on s'aperçoit qu'il n'y a que des garçons, âgés probablement de cinq à douze ans. Ils sont vêtus de sarraus et portent sabots pour certains ; d'autres ont des bottines et des pantalons de golf ; tous ou presque arborent un couvre-chef, béret, chapeau ou casquette.

Ils s'amusent à la guerre : deux d'entre eux ont l'arme (une pelle, une canne) à l'épaule ; deux autres mettent en joue le photographe ; un troisième brandit une bassine...



























Un jeune sniper s'est perché sur une échelle tandis qu' à l'arrière-plan, juché sur on ne sait quoi, un des jeunes gens toise le champ de bataille....






















Le chef, peut-être, est assis sur une chaise devant toute la troupe.

















Qui étaient-ils ? - Voici, parmi d'autres noms possibles, les noms de ceux qui peut-être un beau jour virent surgir de nulle part, dans leur petit univers tranquille du hameau de Feuilly, un drôle de bonhomme avec un énorme appareil photo sur l'épaule (âge en 1900) :

François Guihot, 7 ans ;
Ernest Michel, 4 ans ;
Louis Poulain, 8 ans
François Constant, 9 ans ;
Eugène Gilbert, 6 ans ;
Paul Boussard, 9 ans ;
René Rousseau, 5 ans ;
Pierre Marie Pacory, 6 ans ;
Jean-Marie Amossé, 7 ans ;


Cette carte est en quelque sorte revenu à Guémené par la récupération que j'en ai fait. Et elle revient de loin. Elle fut envoyée en effet de Guémené à Assi Bou Nif, colonie près d'Oran en Algérie, à une demoiselle Jeanne Olivi y résidant apparemment.

Sans doute l'expéditeur n'avait-il pas grand chose à raconter à cette personne, ou bien, l'usage étant alors d'écrire au recto des cartes postales et non au verso, n'a-t-il pas voulu le maculer de phrases creuses, au plus grand profit de l'image. Toujours est-il qu'il se contenta d'un baiser, certes gros, écrit dans le ciel de Feuilly.


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