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samedi 21 juin 2014

Nous entrerons dans la carrière...


J'ai dû marquer une pause de quelques jours dans la tenue de ce blog. Pas faute de sujets, mais faute de temps. Rien de grave, donc.


Il fait beau, j'ai envie de sortir et de vous faire profiter d'une excursion que j'ai faite récemment dans la région.

En route donc pour Fégréac et plus précisément pour une sorte de bout du monde étrange où se mélangent le plat et l'élevé ; l'eau, l'air et la terre ; le canal et la rivière, etc...

De Guémené, on prend...la route de Fégréac, qu'on quitte pour la Départementale 35, à peine deux kilomètres avant d'arriver à ce bourg. Il suffit ensuite d'aller jusqu'au bout de cette voie et de s'arrêter au bord de la Vilaine.

L'endroit s'appelle le Bellion. Quelques maisons, une chapelle qui rappelle les pèlerins de St-Jacques...et on a manqué, sur la gauche en arrivant, une colline formidable dont l'élévation n'est pas soupçonnable depuis la route.

Pour ceux qui savent, il faut emprunter le petit chemin pourtant barré d'une chaîne. Un panonceau indique qu'on peut entrer.

Le chemin serpente jusqu'à une esplanade qui forme une sorte de plateau fermé sur la plupart de ses côtés. On se trouve à mi-hauteur de la colline et déjà l'on domine la vaste plaine plate de la Vilaine. En face est Rieux et son château ruiné.

A droite sur le plateau, un bâtiment à l'allure précaire surplombe des gradins de bois à flanc de pente. Tout au fond en contrebas, des baraques poussiéreuses et une vaste place : la colline n'est qu'une grosse dent creuse.

Quand on continue sur le plateau on aborde un baraquement abandonné dont l'aspect révèle une sorte de buvette ou de saloon de cité abandonnée du Far-West.

D'étranges inscriptions en russe signalent des villes lointaines de Sibérie ou du Caucase : Sotchi, Nijni-Novgorod, Moscou, Astrakhan....Il s'agirait donc plutôt de vestiges d'une ville pionnière du Far-East...

A gauche, le plateau est bordé de falaises abruptes. Au fond de cet espace, un chemin reprend l'ascension vers l'étrange couronne de bois qui culmine au-dessus de nos têtes.

Quelques efforts de montée plus loin, on débouche sur une nouvelle place. Une guitoune de rondins abrite des panneaux explicatifs, et l'on apprend que la construction au pied de laquelle nous venons d'échouer est l'oeuvre d'un artiste russe, Nicolas Polissky.

Son oeuvre à tout l'air d'une Tour de Babel, un ziggourat ligneux dominant, non pas la vallée du Tigre ou de l'Euphrate, mais celle de la Vilaine (et du canal de Nantes à Brest dont le tracé vient lécher ici celui du fleuve).

Le babil cacophonique de ses constructeurs s'est tu, emporté par le vent qui balaye cette hauteur.

Evidemment, la solitude de l'endroit donne toutes les audaces. On entreprend donc l'ascension de ce Belvédère artistique.

Un chemin de bois sécurisé contourne en spirale ascendante le bouquets de poutres lancées vers le ciel et, sans fatigue, on arrive au sommet, une douzaine de mètres au-dessus de la limite naturelle de l'éminence, plus haut que quoi que ce soit autour.

Voilà comment on vainc la Butte Saint-Jacques ou Carrière du Bellion. Tels les guetteurs qui aux temps préhistoriques et dans l'Antiquité scrutaient l'arrivée des ennemis, on porte un regard circulaire et descendant sur la nature située tout en bas et au loin.

Une voie romaine aurait cheminé au pied de cette colline.

Puis les hommes y ont puisé le matériau de leurs bâtiments, évidant en partie la butte devenue carrière au XIXè siècle.


Des bâtiments importants y furent construits, abritant deux machines à vapeur, un concasseur et un système de transfert par wagonnets qui convoyait les granulats vers une trémie installée sur le halage et chargeait les péniches. 

Quinze à vingt ouvriers y travaillaient, gens de Rieux, St Nicolas, Sévérac, mais aussi Polonais ou Italiens.

Les conflits du Front Populaire vinrent trouver un écho dans ce site avant que son abandon ne le transforme en f
riche industrielle depuis la seconde guerre mondiale.

Aujourd'hui, une association y donne des spectacles, l'été, en plein air. On annonce d'ailleurs plusieurs représentations théâtrales, du 18 juillet au 14 août prochains, de Un chapeau de paille d'Italie, cette pièce désopilante de Labiche. A ne pas manquer probablement.

Voici quelques photos que j'ai prises lors de cette escapade. L'oeuvre de l'artiste russe est documentée sur Internet, il suffit de taper son nom dans le moteur Google.

Profitez!









































1 commentaire:

  1. Bravo pour ce joli texte. Plus de renseignements sur ce qui se passe dans notre carrière sur www.lacarrierefegreac.org.
    Et bienvenue à tous sur ce site ouvert librement!

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