Grâce à mon excellent voisin de Hyonnais, Y. H., je dispose de la trace d'un article de Ouest-France qui reprend les histoires pétrolifères développées dans le post précédent à partir des éléments trouvés dans Ouest-Eclair.
Plusieurs points sont, à mes yeux intéressants dans cet article.
D'abord, toute la question est centrée sur La Hyonnais, ce qui n'est pas trop pour me déplaire, quoique ce patriotisme de hameau soit bien futile. Il y évoque des "témoins" que j'ai bien connus : cela suscite toujours un regard indulgent.
Bien plus : le ton de l'article est goguenard et moque un peu les protagonistes de la saga. Visiblement, le journaliste de 1991 a lu les archives et mélange un peu tout. Ce qui n'est guère sérieux.
Enfin, des détails "véridiques" viennent pimenter le récit dont on ne sait d'où il sortent. Bref, si les acteurs de l'histoire pétrolifère de Guémené ont rêvé, leurs rêves s'inscrivaient dans un réel et un rationnel ; l'article de Ouest-France semble plus intéressé à écrire la légende.
Voici en tout cas, ce que Ouest-France raconte,
sous le titre « Du pétrole à Guémené ».
« Aujourd’hui, seul vestige des puits pétrolifères de
Guémené : un tuyau en fonte dans le jardin de M. et Mme Taillandier. Pas
question de le déterrer, pour peu que du pétrole jaillisse : « On
serait obligé de déménager ! » se plaint le fils de la maison. Ce
tuyau, à l’ombre des sapins et entouré de parterres de fleurs, a donc sa place
dans le paysage.
Une reine du pétrole
Quand en 1915 le pétrole fut découvert, aussitôt apparut
« la fièvre de l’or noir ». Elle s’empara surtout d’une institutrice,
Melle Rolland, et d’un agriculteur, M. Gourdin, puisque c’est dans son jardin
(aujourd’hui celui des Taillandier) que le premier puits a été ouvert. Melle
Rolland fit profiter l’entreprise des ses talents d’organisatrice. Elle informa
le service des Mines et le commissariat général des Essences et Pétroles. Faute
de crédits ; peu de travaux furent effectués. Le puits de la Hyonnais
atteignit tout de même 45 mètres. Le soir, après la classe, et le dimanche,
Melle Rolland surveillait son chantier…
Du cœur à l’ouvrage
Quelques temps plus tard, la Hyonnais prenait alors un air
« exotique » : l’imagination allait bon train pour fabriquer des
trépans. C’est un ingénieur forgeron de Guémené, Alphonse Cormerais, qui mit au
point la machine : roues à pignons, poulies, câbles, le tout actionnant
les trépans. La force des chevaux aidant, les trépans pénétraient dans le sol.
M. Cormerais n’était pas qu’un peu fier de son invention, unique en son
genre ! En fait, il ne perdait aucune occasion de mettre en valeur ses
talents d’inventeur : pendant la guerre, il avait déjà conçu un obus
fusant chargés de billes qu’il avait présenté au ministère des Armées.
Inutile de vous dire que le quartier n’était pas de tout
repos !
Ils cherchent fortune
Quant aux plus incrédules, il suffisait d’enflammer le
produit qui avait jailli pour qu’ils retrouvent la foi des convertis. La folie
des puits se propagea. S’il y avait du pétrole à la Hyonnais, il y en avait
sans doute ailleurs ! Et les environs de Guémené de rivaliser pour avoir
le puits le plus profond : à la Taupinière( !) 121 mètres, au Bécot
45 mètres, au Vivier-Noir 110 mètres, à la Hyonnais 45 mètres…
Creuse toujours
Les forages devenaient de véritables lieux de pèlerinage.
Comme il n’y avait pas de routes pour relier les villages entre eux, on
s’enfonçait jusqu’aux chevilles dans la boue. Qu’importe ! les sourciers
étaient formels : la nappe de pétrole était accessible :
« Creuse et tu la trouveras ! »
Tu trouveras effectivement…que Guémené est fait de terres
arables et non de terres ‘arabes’ »
L’article, qui se veut léger et fin, comme on vient de le constater, donne ensuite sa clé de
l’histoire, futée et conspirationniste, pittoresque et fantaisiste :
« La clef de l’histoire ? Vous venez de la
lire : pour convaincre ceux qui doutaient de l’authenticité de l’affaire,
on faisait brûler le pétrole ici trouvé. Mais depuis quand le pétrole brut
brûle-t-il ? La propriétaire du jardinet avait tout simplement acheté à
l’épicerie une bouteille de pétrole qu’elle avait déversée !
But de l’opération : mettre son fils à la tête d’une
future entreprise de pétrole (hélas non avenue)…
12 après ils remettent ça
Le ministère des essences et Pétroles avait accordé
« un permis de recherche exclusif » dans ce sous-sol où l’on savait qu’il
n’y avait aucune goutte de pétrole. EN 1927, pourtant, les trépans ressortent
(pour la dernière fois ?), mais en vain.
Pertes et profits : le trépan de M. Cormerais se trouve
alors abandonné sur un terrain vague et vendu à la ferraille.
Melle Rolland, pour noyer son chagrin, se lance dans la
Résistance. M. Gourdin s’installe dans le Bordelais pour ne jamais revenir sur
les lieux de sa déception.
Alors, folie des années 20 ou authentique nappe que les
moyens de l’époque n’auraient pu atteindre ? »
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