Nous sommes au sortir de la rue de la Chevauchardais, à l'angle du pré qui borde la rue du Séquoïa, pratiquement déjà sur la route de Beslé. Là, non loin du cimetière, est un petit bâtiment bas récemment restauré, isolé du reste des édifices les plus proches.
Vue de la rue principale, on en distingue un mur percé de deux étroites fenêtres et un pignon de hauts palis. Il pourrait passer pour une vague pissotière, si l'on se trouvait dans une part plus centrale du bourg (par exemple près de la Mairie ou de l'église). Là, excentré, dans ce qu'il y a 30 ou 40 ans - même moins - était un des confins de l'agglomération, ç'aurait pu être aussi un vestige rural, un hangar à outils, un bâtiment à bestiaux (mais de petite taille alors).
Passant devant, je me suis longtemps demandé - mais sans approfondir, me contentant d'un léger étonnement, d'un grésillement passager de l'esprit, en somme - par quel miracle il tenait d'ailleurs toujours debout et n'avait pas encore été abattu ou recyclé.
Il est amusant de constater que le monde moderne, peu avare de signalétique, l'a affublé de deux panneaux : un "sens interdit" et un panneau "interdit aux chiens", alors que précisément il s'agit d'un ancien lieu de liberté et d'accueil, lieu ouvert au passant en mal d'abri ou de repos.
Car nous sommes confrontés à une ancienne halte pour les pèlerins de Compostelle (elle figure sur le cadastre de 1834).
Sans doute étaient-ils peu nombreux vue l'exiguïté du lieu. Ou alors ils effectuaient des haltes courtes et se remplaçaient les uns les autres.
L'intérieur en est frustre. D'autres longs palis séparent la pièce par le milieu. Était-ce pour ménager une place à chaque sexe à la manière des dortoirs ? Mais pouvait-on seulement s'y allonger tant l'espace paraît réduit ?
Toutes ces questions sont en fait de peu de poids par rapport à un autre mystère, tout récent celui-là : par quel miracle les chiens font-ils pour comprendre le panneau leur interdisant l'entrée de cet abri ouvert à tous vents ?
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