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samedi 6 juillet 2013

Le monument aux morts de Beslé-sur-Vilaine


Comme chacun sait assurément, Guémené possédant le privilège d'être une commune composée de trois bourgs, on y trouve trois cimetières dont chacun comprend un monument aux morts.

Ainsi, les morts issus des conflits militaires sont-ils honorés par un monument particulier aussi bien à Beslé qu'à Guénouvry, ces deux fractions ou sections de Guémené. D'ailleurs, la liste des victimes de chaque bourg est uniquement indiquée sur le monument propre à ce bourg (ou fraction de commune).

Le monument au morts de Guémené est assez célèbre par son originalité et la qualité de la sculpture qui le caractérise. J'ai abondamment traité ce sujet pour ne pas y revenir. En revanche, celui de Beslé (comme celui de Guénouvry), est introuvable sur les sites Internet (nombreux) qui s'intéressent à la Guerre de 14 et qui, pour certains, s'attachent à la mise en valeur du patrimoine funéraire commémoratif lié à ce conflit ainsi qu'à celle de la mémoire de ses pauvres victimes.

Or, le monument aux morts de Beslé mérite, me semble-t-il, que l'on s'y attarde un peu. Il le mérite, bien sûr pour ceux dont les noms sont apposés sur ses parois, mais également pour son côté, disons : artistique.

C'est ce dernier aspect que je souhaite évoquer avec vous aujourd'hui, me réservant de parler des victimes  de Beslé ainsi commémorées, dans un "post" ultérieur.

Le monument aux morts de Beslé se trouve donc au centre du cimetière face à la petite grille d'entrée qui donne sur la route de Guémené.

A même le sol, un socle précédé de deux obus porte une dédicace à la mémoire des enfants de Beslé disparus dans la fournaise des guerres. Devant, une plaque signale les victimes de la seconde guerre mondiale, tandis qu'une plaque avec une palme de bronze est posée à sa droite.

Le socle supporte une sorte de pilier de base carré qui, sur ses deux faces latérales, présente la liste des morts de Beslé lors du premier conflit mondial et, sur sa face occidentale, offre au passant le spectacle d'un Poilu, les yeux au ciel, portant un drapeau qui ondoie au-dessus de lui. Il est dominé par une croix, à l'intersection des deux bras de laquelle figure une décoration militaire : la Croix de guerre 1914 - 1918.








Je n'ai pas vu de signature de sculpteur (peut-être par inattention) et je ne peux donner le nom de l'auteur de ce Poilu très réaliste.

Quand on observe le détail de ce personnage, on s'aperçoit en effet que tous les éléments de la tenue réglementaire ont été méticuleusement reproduits.

Par exemple, on voit nettement sur la poitrine du soldat, par dessus sa capote (une Capote Poiret croisée apparemment, avec deux rangées de boutons), les cuirs qui le sanglent (brêlage qui sert à porter les armes, les bretelles qui soutiennent le ceinturon).

Les cartouchières (qui contenaient cinq chargeurs de huit balles) étaient fixées par un passant sur le ceinturon. Celle de gauche est masquée par le bras du Poilu et on ne voit que celle à son flanc droit. Normalement chaque soldat en portait trois, dont une dans le dos, assez gênante dans la pratique.

Le casque n'est guère spectaculaire à nos yeux. Pour les curieux, le modèle s'appelle Adrian...


Si vous observez bien les épaules du personnage, vous remarquerez deux espèces de rouleaux. Il s'agit de "rouleaux d'épaule", sortes de pattes de tissus destinées à retenir les bretelles du fusil et de l'équipement.

Les pans de la capote sont relevés. Ils étaient fixés derrière le dos grâce à des boutons. Ils laissent voir le pantalon-culotte et les jambes toutes enrobées dans des bandes molletières. Ces dernières mesuraient de 2 mètres 60 à 2 mètres 75, selon les modèles.

Si l'on est attentif, on distingue en bas du pan de la capote, à droite, à peu de distance de la jambe, un objet longiligne au bout arrondi qui dépasse. Il s'agit du fourreau de la baïonnette ("Rosalie") qui se rangeait dans le dos. Il arrivait d'ailleurs, quand le soldat rampait, que le "quillon" (la garde, qui était recourbée) s'accroche dans les barbelés...: bonjour l'empêtrement !

On distingue nettement à droite (à gauche du Poilu) son lourd havresac posé sur la hanche où le soldat rangeait tout son équipement et ses effets (il pouvait peser 20 kilos !).

Enfin, à gauche de la sculpture, également dans le dos du soldat, on voit poindre comme la garde d'une baïonnette. Mais comme cette garde ne semble pas très alignée avec l’extrémité de cet ustensile signalée ci-dessus, je ne suis pas très sûr de mon fait.

Il reste à dire un mot de la croix ou plutôt de la Croix de guerre. Cette décoration est formée de ce qu'on appelle une croix "patée" (bras s'évasant vers l'extérieur) avec, en diagonales, deux épées, ce qu'on peut voir sur la photo que je montre. En revanche, elle devrait comprendre au milieu une représentation allégorique de la République, avec le bonnet phrygien. Celle qui figure dans le cimetière de Beslé présente à cet endroit une étoile. Une étoile symbolise une "citation" à l'ordre du régiment, de la brigade, de la division...

Bref, on trouve sur ce monument au morts de Beslé bien des choses intéressantes et de qualité.

Je signale un site tout à fait intéressant où j'ai puisé de l'information sur la tenue des Poilus :

http://www.lesfrancaisaverdun-1916.fr/uniforme1024.htm

Bonne lecture.

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