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dimanche 14 juillet 2013
Le monument aux morts de Beslé-sur-Vilaine (2)
Je déclarais dans le "post" antérieur concernant le monument aux morts de Beslé que j'en ignorais l'auteur, n'ayant pas vu sa signature sur son oeuvre.
Cet oubli ou cette défaillance de ma part, vont être réparés grâce à la diligence, à la sollicitude et à la gentillesse d'une lectrice de ce blog (ou plutôt une correspondante ou une contributrice, tant je lui dois) qui m'a dirigé vers un site passionnant dédié précisément aux monuments aux morts :
http://www.monumentsauxmorts.fr
Je vous le recommande : il concerne la France dans son ensemble, comporte des fiches détaillées par commune. On peut y rechercher un artiste particulier. Il dispose en outre d'une bibliographie, et de nombreux liens y sont proposés.
Pour revenir à Beslé, le sculpteur du Poilu porte-étendard s'appelle Henri Rivière.
Celui-ci vécut de 1885 à 1961. C'était un nantais, né et vivant dans cette cité. Il y reprit un atelier de sculpture ornementale précédemment tenu par Joseph Vallet, un artiste qui s'illustra dans les églises de la région et dont un bas-relief, l'Absolution, est présent dans l'église de Guémené, sous la Piéta située près des listes de victimes du premier conflit mondial.
L'atelier de Joseph Vallet produisait des oeuvres en calcaire, matériau dont est tiré également la sculpture présente dans le cimetière de Beslé.
La statue du Poilu de Beslé date de 1922. Le monument fut inauguré le 13 septembre 1923, un jeudi.
Le conseil Municipal de Guémené avait adopté le principe de ce monument lors de la séance du 21 août 1921. Cette délibération concernait aussi Guénouvry où Henri Rivière délivra également une composition (un casque dans une gerbe).
Guénouvry
Le coût des monuments de ces deux fractions filles de la commune Guémené fut de 20.000 francs (environ autant d'euros d'aujourd'hui).
Le financement de ce genre d'édifice était subventionné par l'Etat. La subvention correspondait à un pourcentage du prix total, déterminé par le proportion de tués de la commune sur la population de 1914...
Henri Rivière a laissé d'autres traces de son travail dans la région. Ainsi au cimetière de Plessé (oeuvre très différente) ou à Saint-Gildas-des-Bois (un air de ressemblance). On trouve encore d'autres de ses oeuvres en Loire-Atlantique (Frossay, Touvois) ou dans le Morbihan (Saint-Jean-Brévelay).
Plessé
Saint-Gildas
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samedi 6 juillet 2013
Le monument aux morts de Beslé-sur-Vilaine
Comme chacun sait assurément, Guémené possédant le privilège d'être une commune composée de trois bourgs, on y trouve trois cimetières dont chacun comprend un monument aux morts.
Ainsi, les morts issus des conflits militaires sont-ils honorés par un monument particulier aussi bien à Beslé qu'à Guénouvry, ces deux fractions ou sections de Guémené. D'ailleurs, la liste des victimes de chaque bourg est uniquement indiquée sur le monument propre à ce bourg (ou fraction de commune).
Le monument au morts de Guémené est assez célèbre par son originalité et la qualité de la sculpture qui le caractérise. J'ai abondamment traité ce sujet pour ne pas y revenir. En revanche, celui de Beslé (comme celui de Guénouvry), est introuvable sur les sites Internet (nombreux) qui s'intéressent à la Guerre de 14 et qui, pour certains, s'attachent à la mise en valeur du patrimoine funéraire commémoratif lié à ce conflit ainsi qu'à celle de la mémoire de ses pauvres victimes.
Or, le monument aux morts de Beslé mérite, me semble-t-il, que l'on s'y attarde un peu. Il le mérite, bien sûr pour ceux dont les noms sont apposés sur ses parois, mais également pour son côté, disons : artistique.
C'est ce dernier aspect que je souhaite évoquer avec vous aujourd'hui, me réservant de parler des victimes de Beslé ainsi commémorées, dans un "post" ultérieur.
Le monument aux morts de Beslé se trouve donc au centre du cimetière face à la petite grille d'entrée qui donne sur la route de Guémené.
A même le sol, un socle précédé de deux obus porte une dédicace à la mémoire des enfants de Beslé disparus dans la fournaise des guerres. Devant, une plaque signale les victimes de la seconde guerre mondiale, tandis qu'une plaque avec une palme de bronze est posée à sa droite.
Le socle supporte une sorte de pilier de base carré qui, sur ses deux faces latérales, présente la liste des morts de Beslé lors du premier conflit mondial et, sur sa face occidentale, offre au passant le spectacle d'un Poilu, les yeux au ciel, portant un drapeau qui ondoie au-dessus de lui. Il est dominé par une croix, à l'intersection des deux bras de laquelle figure une décoration militaire : la Croix de guerre 1914 - 1918.
Je n'ai pas vu de signature de sculpteur (peut-être par inattention) et je ne peux donner le nom de l'auteur de ce Poilu très réaliste.
Quand on observe le détail de ce personnage, on s'aperçoit en effet que tous les éléments de la tenue réglementaire ont été méticuleusement reproduits.
Par exemple, on voit nettement sur la poitrine du soldat, par dessus sa capote (une Capote Poiret croisée apparemment, avec deux rangées de boutons), les cuirs qui le sanglent (brêlage qui sert à porter les armes, les bretelles qui soutiennent le ceinturon).
Les cartouchières (qui contenaient cinq chargeurs de huit balles) étaient fixées par un passant sur le ceinturon. Celle de gauche est masquée par le bras du Poilu et on ne voit que celle à son flanc droit. Normalement chaque soldat en portait trois, dont une dans le dos, assez gênante dans la pratique.
Le casque n'est guère spectaculaire à nos yeux. Pour les curieux, le modèle s'appelle Adrian...
Si vous observez bien les épaules du personnage, vous remarquerez deux espèces de rouleaux. Il s'agit de "rouleaux d'épaule", sortes de pattes de tissus destinées à retenir les bretelles du fusil et de l'équipement.
Les pans de la capote sont relevés. Ils étaient fixés derrière le dos grâce à des boutons. Ils laissent voir le pantalon-culotte et les jambes toutes enrobées dans des bandes molletières. Ces dernières mesuraient de 2 mètres 60 à 2 mètres 75, selon les modèles.
Si l'on est attentif, on distingue en bas du pan de la capote, à droite, à peu de distance de la jambe, un objet longiligne au bout arrondi qui dépasse. Il s'agit du fourreau de la baïonnette ("Rosalie") qui se rangeait dans le dos. Il arrivait d'ailleurs, quand le soldat rampait, que le "quillon" (la garde, qui était recourbée) s'accroche dans les barbelés...: bonjour l'empêtrement !
On distingue nettement à droite (à gauche du Poilu) son lourd havresac posé sur la hanche où le soldat rangeait tout son équipement et ses effets (il pouvait peser 20 kilos !).
Enfin, à gauche de la sculpture, également dans le dos du soldat, on voit poindre comme la garde d'une baïonnette. Mais comme cette garde ne semble pas très alignée avec l’extrémité de cet ustensile signalée ci-dessus, je ne suis pas très sûr de mon fait.
Il reste à dire un mot de la croix ou plutôt de la Croix de guerre. Cette décoration est formée de ce qu'on appelle une croix "patée" (bras s'évasant vers l'extérieur) avec, en diagonales, deux épées, ce qu'on peut voir sur la photo que je montre. En revanche, elle devrait comprendre au milieu une représentation allégorique de la République, avec le bonnet phrygien. Celle qui figure dans le cimetière de Beslé présente à cet endroit une étoile. Une étoile symbolise une "citation" à l'ordre du régiment, de la brigade, de la division...
Bref, on trouve sur ce monument au morts de Beslé bien des choses intéressantes et de qualité.
Je signale un site tout à fait intéressant où j'ai puisé de l'information sur la tenue des Poilus :
http://www.lesfrancaisaverdun-1916.fr/uniforme1024.htm
Bonne lecture.
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dimanche 24 mars 2013
Le destin tragique de Pauline Forestier, MPLF
"Une Bretonne de Guémené Penfao assassinée par les Boches."
L'action se passe à Wiesbaden, en territoire allemand, en mars 1920, pendant l'occupation de la rive droite du Rhin par les troupes françaises. L'Allemagne est vaincue, envahie par les Alliés, agitée de troubles sociaux, économiques et politiques, humiliée.
L'armée d'occupation française compte 100.000 soldats (dont beaucoup de troupes coloniales, ce qui ulcère les Allemands) et des auxiliaires civils.
Pauline Forestier a dix-huit ans. Elle fait partie de ces auxiliaires.
Elle est née à Avessac mais a été élevée à Guémené-Penfao, chez son beau-frère Alexandre Menuet, garde-chasse chez les Simon.
Elle a acquis une formation de dactylographe et travaille à Nantes, dans une usine sidérurgique, les Forges de Nantes. Sur proposition du colonel-commandant de cet établissement d'Etat, elle part donc rejoindre les troupes françaises en Allemagne.
Ce devait être un voyage bien extraordinaire à l'époque que de parcourir (en train forcément) les 1.200 kilomètres qui doivent séparer Guémené de Wiesbaden, près de Mayence. Que de changements ! Y compris à Paris ! Autre chose que d'aller à Nantes...
Ce devait être aussi un bien curieux sentiment qui animait la jeune fille partant "occuper" le pays dont des soldats, quelques années plus tôt, avaient tué son grand frère Baptiste.
Comment, en effet, ne pas y penser à l'approche des territoires reconquis de l'Est, vers ces Vosges où, lors d'une violente attaque allemande, sous un déluge de feu et d'acier, ce jeune homme de vingt ans succomba, le 4 août 1915, sur les pentes du Schratmännele, avec tant d'autres "chasseurs" du 106ème Bataillon de Chasseurs à Pied ?..
L'incident fatal à la jeune fille est survenu de la manière suivante, semble-t-il : la jeune Pauline, toute fraîche arrivée de sa Bretagne depuis quinze jours, se rendait à son bureau, accompagnée d'une collègue dactylo, tout en devisant.
En français, bien entendu. Leur conversation aurait été entendue par des passants qui les prennent à partie. L'affaire dégénère : elles sont bousculées et frappées. L'une d'elle, notre héroïne, est grièvement blessée et décède à Mayence. Nous sommes le 11 mars 1920.
Pour la presse régionale de l'époque (Ouest-Éclair), qui s'empare de l'affaire en première page, l’affaire est bien entendu très grave et surtout édifiante.
L'article qui couvre l’évènement est un florilège d'agressivité "anti-Boche".
Dans un premier temps, le journaliste rappelle que ce genre de faits, dont les Allemands seraient coutumiers, caractérise l'esprit ou la mentalité germanique et "prussienne" : pas de respect pour la loi (violation des traités), violation des lois de l'hospitalité (sans rire), lâcheté (attaques de personnes isolées).
Sur le ton de l'indignation sarcastique, le journaliste de Ouest-Éclair ironise : que deux personnes parlent français est bien entendu "une provocation intolérable pour les Prussiens, puisque nous n'avons pas voulu devenir leurs esclaves".
Que les "provocateurs" soient de surcroît deux femmes (sous-entendu : faibles et sans défense), a excité "le courage des patriotes prussiens qui ne leur permit pas de supporter l’offense". D'où l'a bagarre mortelle.
La dépouille de la jeune fille refit en train le chemin inverse et fut rendue à sa mère qui vivait retirée à Guémené-Penfao. Elle fut donc enterrée dans cette commune, contrairement à Baptiste le frère soldat dont on ignore le lieu de sépulture, perdu sans doute en Alsace.
Mais séparés par la mort, Pauline et son frère le sont aussi dans le souvenir et l'hommage : le nom de Pauline Forestier, finalement Morte pour la France elle aussi, n'est ainsi pas gravé sur le monument aux morts du cimetière de Guémené, au côté de celui de Baptiste.
Comme on le sait, ce monument aux morts est surmonté d'une composition sculpturale où une jeune femme en costume de Guémené pleure un soldat mort étendu à ses pieds. Imaginons un instant que ce soit Pauline et Baptiste. Voici donc quelques photos nouvelles de "leur" mémorial imaginaire :
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samedi 16 février 2013
La statue sur la paille
Voici un document rare que je dois à la compréhension de Bruno et à l'amitié de sa tante, deux fervents guémenois. Il s'agit du transport de la statue qui domine, dans le cimetière, le monument aux morts.
J'ai traité de cet élément important du patrimoine guémenois dans plusieurs posts un peu anciens.
Pour rappel, le sculpteur de cette œuvre se nomme Louis Henri Nicot, rennais d'origine, dont l'atelier se trouvait alors à Paris. Il prit pour modèle une jeune femme de Guémené, une demoiselle Testeau, qui, devenue madame Masclau, fut une farouche (selon ma mère) institutrice laïque.
La statue est taillée dans un granit breton particulier (la kersantite) et le monument fut inauguré fin août 1923 : la photo ci-dessous doit par conséquent être légèrement antérieure à cette date.
L'inauguration fut d'ailleurs une grande fête dans la commune, comme le relate un article de Ouest-Éclair reproduit dans un article précédent. Le financement du monument fut en partie le fruit de la contribution des habitants, les facteurs étant mobilisés pour cette quête...
Selon toute vraisemblance, Louis Henri Nicot avait sculpté son oeuvre dans son atelier parisien ou bien peut-être encore à Kersanton, dans le Finistère, où se trouvaient les carrières de granit. Toujours est-il qu'il fallut la rapatrier sur Guémené par train.
La scène du cliché se situe quelques moments après le débarquement de la statue à l'une des deux gares de Guémené, celle probablement située en bordure de la route de Redon. L'attelage de boeufs aura remonté cette route jusqu'à la Cure et de là aura bifurqué par l'avenue de la Victoire qui passe devant la caserne de gendarmerie, l'école publique, la minoterie Lucas aujourd'hui démolie, le vélodrome, puis débouche devant le cimetière.
C'est là que nous sommes, devant l'emplacement du futur monument au morts, que l'on ne voit pas, et devant la maison qui, restaurée, abrite aujourd'hui la marbrerie funéraire Guillet. Je reproduis ci-dessous, via deux captures d'images Google Street View, l'endroit où posent l'attelage et les badauds de 1923.
On distingue en réalité très bien, sur la photo ancienne, la petite foule qui accompagne l'homme qui, à droite, dirige les boeufs bâton à la main et sabots aux pieds, .
Elle ne comprend que des hommes dont deux portent de jeunes enfants qui, théoriquement, pourraient encore être vivants (et fort âgés). A hauteur de la tête de la statue et tout près d'elle, le chef couvert d'un chapeau, se trouve l'artiste Louis Henri Nicot.
La statue, ainsi veillée par son créateur, repose sur de la paille, enchaînée, portée par un étrange chariot bas à roues de fer. C'est comme une condamnée qu'on traînerait à son dernier supplice, une pauvre hère conduite à son ultime demeure.
samedi 2 février 2013
Soldat prêtre inconnu
En se promenant dans l'église de Guémené, on ne peut pas passer à côté du monument aux morts de la guerre de 14-18.
Il se trouve sur le bas-côté Est (à droite en regardant le choeur), derrière la chaire abondamment décrite et illustrée dans des articles précédents.
En fait, une partie de la paroi de l'église a été en quelque sorte décorée : des plaques dressant la liste des soldats de Guémené morts durant ce conflit ont été apposées ; elles encadrent une Piétà de calcaire blanc surmontée d'un tableau marquant une des stations du Chemin de Croix.
La partie de la paroi dominant ces plaques et la sculpture, est peinte : une sorte de ciel d'un bleu passé de crépuscule y sert de toile de fond à un ruban rougeâtre contenant une phrase latine en caractères dorés et gothiques, stipulant quelque chose du genre : Voici les héros tombés à la guerre.
Au total, l'enchevêtrement des oeuvres est assez subtile pour conférer à cette paroi ornée une fluidité artistique suffisante.
Chacun des deux sous-ensembles latéraux de noms est composé de treize plaques comportant chacune, en lettres dorées, le prénom et le nom de sept soldats. En-dessous de chaque nom figure une mention du lieu du décès, également en lettres dorées.
Ce lieu est la plupart du temps une commune de France (on y discerne cependant Monastir, actuelle Bitola, en République de Macédoine). On y trouve même Guémené. Parfois, il s'agit d'une région, en l'occurrence la Somme. Parfois enfin, il est fait état d'un pays étranger : Belgique, Serbie.
Mais en plus des cent-quatre-vingt-six noms inscrits sur les plaques, on trouve, à l'écart du troupeau des ombres des massacrés, un nom additionnel.
Il est écrit, selon le même graphisme que celui de ses camarades d'infortune, dans un cartouche situé au-dessus de la tête de la Vierge sculptée et sous le tableau du Chemin de Croix.
On y lit : "Abbé P Fourrier mort à Szegedin".
Ce prêtre n'est pas né à Guémené (ni à Saint-Julien-des-Landes, en Vendée comme je l'ai d'abord cru - et écrit), mais à Saint-Sulpice-des-Landes, dans notre bonne vieille Loire-Inférieure, le 20 septembre 1884. On peut penser qu'il était en poste à Guémené, peu de temps avant la guerre (en tout cas après 1911, année au recensement de laquelle il ne figure pas).
Pierre Jean Marie Fourrier était soldat de 2ème classe au moment de sa mort. Il appartenait au 210ème Régiment d'Infanterie, 6ème Bataillon (probablement). Si tous les prêtres n'étaient pas confinés à des postes de brancardiers (la loi de Séparation étant passée par là), c'était cependant le cas de Pierre Fourrier. Précisément : aumônier-brancardier.
Il est mort ("pour la France") le 9 ou le 10 janvier 1919 à Szegedin ou Seghedin ou Szeged, à l'infirmerie régimentaire, "de maladie contractée en service".
Cette ville est une ville-frontière du Sud de la Hongrie, aux confins du Nord de la Serbie et du Nord-Ouest de la Roumanie (ce qui explique ses trois noms ou graphies).
L'armistice du 11 novembre 1918 ne marqua pas la fin de la guerre pour les soldats de l'Armée d'Orient qui guerroyèrent parfois jusqu'à la fin du printemps 1919.
Cette Armée avait pourtant joué un rôle important dans la victoire finale : une offensive puissante et fulgurante en septembre 1918 avait amené les alliés Bulgares et Turcs de l'Allemagne à déposer les armes. Mais on décida qu'elle devait aller contenir les poussées révolutionnaires induites, dans les Balkans, par la Révolution Bolchevique.
C'est dans ce contexte que Pierre Fourrier - prêtre, de fait en croisade contre les Bolcheviques - arriva le 31 décembre à la gare de Szeged, où son Bataillon, venant de Roumanie, fut cantonné quelques jours avant de repartir. Sans lui.
J'en sais un peu sur sa vie (grâce à une fidèle et vigilante lectrice), notamment sa "carrière" ecclésiastique et militaire.
Il était vicaire de Rouans, bourgade au Sud-ouest de Nantes. Il avait semble-t-il intégré le service d'active en 1916. Il fut à Salonique, participa à la campagne qui réalisa, en Macédoine, la percée entre Monastir (Bitola) et Usqub (Skopje), continua en Bulgarie et puis arrêta sa course en Hongrie.
J'ignore où il est enterré (c'est probablement en Hongrie, pourtant).
Toutefois, le mystère de la présence de Pierre Fourrier à Guémené n'est donc pas encore éclairci.
Il se trouve sur le bas-côté Est (à droite en regardant le choeur), derrière la chaire abondamment décrite et illustrée dans des articles précédents.
En fait, une partie de la paroi de l'église a été en quelque sorte décorée : des plaques dressant la liste des soldats de Guémené morts durant ce conflit ont été apposées ; elles encadrent une Piétà de calcaire blanc surmontée d'un tableau marquant une des stations du Chemin de Croix.
La partie de la paroi dominant ces plaques et la sculpture, est peinte : une sorte de ciel d'un bleu passé de crépuscule y sert de toile de fond à un ruban rougeâtre contenant une phrase latine en caractères dorés et gothiques, stipulant quelque chose du genre : Voici les héros tombés à la guerre.
Au total, l'enchevêtrement des oeuvres est assez subtile pour conférer à cette paroi ornée une fluidité artistique suffisante.
Chacun des deux sous-ensembles latéraux de noms est composé de treize plaques comportant chacune, en lettres dorées, le prénom et le nom de sept soldats. En-dessous de chaque nom figure une mention du lieu du décès, également en lettres dorées.
Ce lieu est la plupart du temps une commune de France (on y discerne cependant Monastir, actuelle Bitola, en République de Macédoine). On y trouve même Guémené. Parfois, il s'agit d'une région, en l'occurrence la Somme. Parfois enfin, il est fait état d'un pays étranger : Belgique, Serbie.
Mais en plus des cent-quatre-vingt-six noms inscrits sur les plaques, on trouve, à l'écart du troupeau des ombres des massacrés, un nom additionnel.
Il est écrit, selon le même graphisme que celui de ses camarades d'infortune, dans un cartouche situé au-dessus de la tête de la Vierge sculptée et sous le tableau du Chemin de Croix.
On y lit : "Abbé P Fourrier mort à Szegedin".
Ce prêtre n'est pas né à Guémené (ni à Saint-Julien-des-Landes, en Vendée comme je l'ai d'abord cru - et écrit), mais à Saint-Sulpice-des-Landes, dans notre bonne vieille Loire-Inférieure, le 20 septembre 1884. On peut penser qu'il était en poste à Guémené, peu de temps avant la guerre (en tout cas après 1911, année au recensement de laquelle il ne figure pas).
Pierre Jean Marie Fourrier était soldat de 2ème classe au moment de sa mort. Il appartenait au 210ème Régiment d'Infanterie, 6ème Bataillon (probablement). Si tous les prêtres n'étaient pas confinés à des postes de brancardiers (la loi de Séparation étant passée par là), c'était cependant le cas de Pierre Fourrier. Précisément : aumônier-brancardier.
Il est mort ("pour la France") le 9 ou le 10 janvier 1919 à Szegedin ou Seghedin ou Szeged, à l'infirmerie régimentaire, "de maladie contractée en service".
Cette ville est une ville-frontière du Sud de la Hongrie, aux confins du Nord de la Serbie et du Nord-Ouest de la Roumanie (ce qui explique ses trois noms ou graphies).
L'armistice du 11 novembre 1918 ne marqua pas la fin de la guerre pour les soldats de l'Armée d'Orient qui guerroyèrent parfois jusqu'à la fin du printemps 1919.
Cette Armée avait pourtant joué un rôle important dans la victoire finale : une offensive puissante et fulgurante en septembre 1918 avait amené les alliés Bulgares et Turcs de l'Allemagne à déposer les armes. Mais on décida qu'elle devait aller contenir les poussées révolutionnaires induites, dans les Balkans, par la Révolution Bolchevique.
C'est dans ce contexte que Pierre Fourrier - prêtre, de fait en croisade contre les Bolcheviques - arriva le 31 décembre à la gare de Szeged, où son Bataillon, venant de Roumanie, fut cantonné quelques jours avant de repartir. Sans lui.
J'en sais un peu sur sa vie (grâce à une fidèle et vigilante lectrice), notamment sa "carrière" ecclésiastique et militaire.
Il était vicaire de Rouans, bourgade au Sud-ouest de Nantes. Il avait semble-t-il intégré le service d'active en 1916. Il fut à Salonique, participa à la campagne qui réalisa, en Macédoine, la percée entre Monastir (Bitola) et Usqub (Skopje), continua en Bulgarie et puis arrêta sa course en Hongrie.
J'ignore où il est enterré (c'est probablement en Hongrie, pourtant).
Toutefois, le mystère de la présence de Pierre Fourrier à Guémené n'est donc pas encore éclairci.
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dimanche 13 janvier 2013
Soldats de Guémené morts à la guerre de 70
Qui se souvient de la guerre de 70 ? Personne bien sûr : c'est trop loin. Peut-être quelques réminiscences : la Commune de Paris, la Débâcle de Zola...
Il est probable que le petit monument du cimetière de Guémené dont je reproduis la photo et sur lequel j'ai publié récemment, commémore les victimes guémenoises de ce conflit qui dura quelques mois, entre l'été 1870 et l'hiver 1871.
J'en propose une liste, peut-être non exhaustive : ils méritent bien ce petit rappel, étant bien morts, comme d'autres (avant et plus tard), pour la France. C'est mon monument à leur mémoire.
Comme on va le constater, tous n'étaient pas des jeunes gens nés à Guémené, mais tous y demeuraient au moment de leur mobilisation.
Comme souvent, la plupart de ces morts sont morts de maladie, ici où là, au détour de leur affectation. Parmi eux toutefois, une victime de ses blessures au combat et un prisonnier mort au camp allemand où il était interné.
- BREGER François-Marie, soldat au 81ème Régiment de ligne, 1er Bataillon, 1ère Compagnie, matricule 5014. Né le 24 septembre 1848 à Guémené au village de L’Épine des Haies au sud de Guénouvry ; parents cultivateurs. Est décédé à l'hôpital militaire du quartier d'artillerie de Metz le 15 octobre 1870 de suite de fièvre.
- DANIEL Pierre-Alexandre, soldat au 1er Bataillon, 2ème Compagnie de la Garde Mobile de Loire-Inférieure. Né le 18 mars 1846 à Guémené à la métairie des Ecobus, au nord du bourg en allant sur le Brossais ; parents cultivateurs. Est décédé à l'hôpital militaire de la rue de Penthièvre dans le 8ème arrondissement de Paris le 9 janvier 1871 de fièvre typhoïde.
- DOMINEL Pierre-Marie, soldat au 139ème Régiment de ligne, 3ème Bataillon, 6ème Compagnie, matricule 3340. Né le 26 janvier 1849 à Guémené au village d'Orvault sur la route de Redon ; parents cultivateurs. Décédé à l'hôpital-ambulance du Gros-Caillou à Paris, le 4 février 1871 par suite de pneumonie.
- DURAND Julien, soldat au 5ème Bataillon, 2ème Compagnie de la Garde Mobile de Loire-Inférieure. Né le 12 mars 1849 à Plessé ; parents cultivateurs au Bas-Luc, au sud du bourg. Décédé à l'hôpital-ambulance du 68 rue Raynouard à Passy (Paris) le 24 décembre 1870 par suite de pneumonie.
- ETIENNE Pierre-Marie, cavalier au 1er Régiment du train d'artillerie, matricule 10482. Né le 15 avril 1850 à Bain-de-Bretagne. Décédé à l'hôpital-hospice de Niort le 21 janvier 1871 de fièvre typhoïde.
- HERLAUD Julien. Né le 5 février 1849 à Puceul ; parents cultivateurs. Décédé à l'hôpital-ambulance Vandrezanne à Paris 13ème arrondissement le 16 janvier 1871 par suite de pneumonie (au côté droit !).
- LAMBERT Pierre, soldat au 3ème Régiment de Marine. Né à La Possonnière, Maine-et-Loire. Décédé à l'hôpital civil Saint-Jean de Bordeaux le 15 mars 1871 de fièvre typhoïde.
- LECHON Jean-Marie, soldat de 2ème Classe au 65ème Régiment d'infanterie de ligne. Né le 27 février 1847 au bourg de Guémené ; père menuisier. Décédé au camp de Magdebourg en Allemagne orientale le 18 novembre 1870 par suite de dysenterie.
- MEDARD François, soldat au 89ème Régiment de ligne, 30ème de marche. Né le 4 décembre 1849 à Avessac au village du Chien-Hanné ; parents cultivateurs à Guémené village d'Orvault. Décédé à l'hôpital-ambulance de Cahors (Lot) le 7 janvier 1871 de rupture d'anévrisme.
- VINOUZE François, 2ème canonnier servant à la 3ème batterie du 18ème Régiment d'artillerie à cheval, matricule 3714. Né le 30 novembre 1847 à Guémené au village de la Grée-Caillette ; parents cultivateurs. Décédé à Gravelotte (Moselle) des suites de ses blessures.
Jean-Marie LECHON est mort prisonnier dans un camp situé à 800 kilomètres de Metz, à Magdebourg donc. Pour se faire une idée de ce qu'il y vécut, je renvoie vers un lien internet où l'on peut trouver le témoignage d'un soldat interné également dans ce camp qui y décrit dans un courrier à ses parents la "vie" : http://www.bauds.fr/article-32676570.html
Finalement seul François VINOUZE, un lointain cousin, est mort au combat, à Gravelotte où chacun sait qu'il a beaucoup plu (des horions).
Il est probable que le petit monument du cimetière de Guémené dont je reproduis la photo et sur lequel j'ai publié récemment, commémore les victimes guémenoises de ce conflit qui dura quelques mois, entre l'été 1870 et l'hiver 1871.
J'en propose une liste, peut-être non exhaustive : ils méritent bien ce petit rappel, étant bien morts, comme d'autres (avant et plus tard), pour la France. C'est mon monument à leur mémoire.
Comme on va le constater, tous n'étaient pas des jeunes gens nés à Guémené, mais tous y demeuraient au moment de leur mobilisation.
Comme souvent, la plupart de ces morts sont morts de maladie, ici où là, au détour de leur affectation. Parmi eux toutefois, une victime de ses blessures au combat et un prisonnier mort au camp allemand où il était interné.
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- BREGER François-Marie, soldat au 81ème Régiment de ligne, 1er Bataillon, 1ère Compagnie, matricule 5014. Né le 24 septembre 1848 à Guémené au village de L’Épine des Haies au sud de Guénouvry ; parents cultivateurs. Est décédé à l'hôpital militaire du quartier d'artillerie de Metz le 15 octobre 1870 de suite de fièvre.
- DANIEL Pierre-Alexandre, soldat au 1er Bataillon, 2ème Compagnie de la Garde Mobile de Loire-Inférieure. Né le 18 mars 1846 à Guémené à la métairie des Ecobus, au nord du bourg en allant sur le Brossais ; parents cultivateurs. Est décédé à l'hôpital militaire de la rue de Penthièvre dans le 8ème arrondissement de Paris le 9 janvier 1871 de fièvre typhoïde.
- DOMINEL Pierre-Marie, soldat au 139ème Régiment de ligne, 3ème Bataillon, 6ème Compagnie, matricule 3340. Né le 26 janvier 1849 à Guémené au village d'Orvault sur la route de Redon ; parents cultivateurs. Décédé à l'hôpital-ambulance du Gros-Caillou à Paris, le 4 février 1871 par suite de pneumonie.
- DURAND Julien, soldat au 5ème Bataillon, 2ème Compagnie de la Garde Mobile de Loire-Inférieure. Né le 12 mars 1849 à Plessé ; parents cultivateurs au Bas-Luc, au sud du bourg. Décédé à l'hôpital-ambulance du 68 rue Raynouard à Passy (Paris) le 24 décembre 1870 par suite de pneumonie.
- ETIENNE Pierre-Marie, cavalier au 1er Régiment du train d'artillerie, matricule 10482. Né le 15 avril 1850 à Bain-de-Bretagne. Décédé à l'hôpital-hospice de Niort le 21 janvier 1871 de fièvre typhoïde.
- HERLAUD Julien. Né le 5 février 1849 à Puceul ; parents cultivateurs. Décédé à l'hôpital-ambulance Vandrezanne à Paris 13ème arrondissement le 16 janvier 1871 par suite de pneumonie (au côté droit !).
- LAMBERT Pierre, soldat au 3ème Régiment de Marine. Né à La Possonnière, Maine-et-Loire. Décédé à l'hôpital civil Saint-Jean de Bordeaux le 15 mars 1871 de fièvre typhoïde.
- LECHON Jean-Marie, soldat de 2ème Classe au 65ème Régiment d'infanterie de ligne. Né le 27 février 1847 au bourg de Guémené ; père menuisier. Décédé au camp de Magdebourg en Allemagne orientale le 18 novembre 1870 par suite de dysenterie.
- MEDARD François, soldat au 89ème Régiment de ligne, 30ème de marche. Né le 4 décembre 1849 à Avessac au village du Chien-Hanné ; parents cultivateurs à Guémené village d'Orvault. Décédé à l'hôpital-ambulance de Cahors (Lot) le 7 janvier 1871 de rupture d'anévrisme.
- VINOUZE François, 2ème canonnier servant à la 3ème batterie du 18ème Régiment d'artillerie à cheval, matricule 3714. Né le 30 novembre 1847 à Guémené au village de la Grée-Caillette ; parents cultivateurs. Décédé à Gravelotte (Moselle) des suites de ses blessures.
***
Jean-Marie LECHON est mort prisonnier dans un camp situé à 800 kilomètres de Metz, à Magdebourg donc. Pour se faire une idée de ce qu'il y vécut, je renvoie vers un lien internet où l'on peut trouver le témoignage d'un soldat interné également dans ce camp qui y décrit dans un courrier à ses parents la "vie" : http://www.bauds.fr/article-32676570.html
Finalement seul François VINOUZE, un lointain cousin, est mort au combat, à Gravelotte où chacun sait qu'il a beaucoup plu (des horions).
dimanche 30 décembre 2012
Monument aux soldats (de 1870 ?), inconnu.
Profitant de mes vacances, je me suis rendu au cimetière pour jeter un oeil à mes tombes familiales qui requièrent toujours un petit entretien. Mais ce devoir est aussi un prétexte tant je trouve d'intérêt à parcourir ce lieu.
Comme souvent, on a beau passer et repasser au même endroit, on ne voit pas des objets qui méritent pourtant attention et qu'on s'étonne donc de "découvrir".
C'est ainsi que, sans doute obnubilé par le monument aux morts et sa sculpture de Nicot (dont j'ai pas mal parlé sur ce blog) et l'esprit toujours accaparé, je dois dire, par le cimetière "blanc et miniature" des enfants qui le jouxte, je n'avais pas, jusqu’à ce jour, remarqué une croix un peu singulière qui, à mon sens, à tout à fait droit à un peu de publicité.
Au moment où j'écris ce petit article, je n'ai pas trouvé sur Internet (ou ailleurs) des détails qui pourraient éclairer l'histoire de cet ornement, et probablement il n'y en a pas. C'est, en quelque sorte, un monument inconnu.
En réalité, ce n'est qu'une croix pas bien haute sur un tout petit socle de maçonnerie. Elle est d'apparence verdâtre et se trouve en lisière des autres tombes, derrière le monument aux morts "officiel".
Ce qui fait - outre sa taille modeste et son emplacement - son originalité, c'est que chaque élément de cette croix est composé d'un objet militaire : le bras vertical est une hampe avec le drapeau enroulé autour ; le bras horizontal est un fusil. Et pour ce dernier, non pas, comme j'ai pu le croire, le fameux Lebel de la Guerre de 14, jadis fabriqué notamment à l'usine d'Etat de Chateaubriand, mais plus probablement un Chassepot, modèle 1866 (merci à Sylvain pour m'avoir signalé mon erreur), ce qui tendrait à identifier cette croix avec un monument commémoratif privé ou collectif de la Guerre de 1870.
Au pied, deux poignards (ou baïonnettes) sont planté(e)s en terre d'où ils sortent en "V". Un rameau de feuilles de chêne serpentent autour des bras.
Quand on regarde de prêt, on arrive à distinguer une inscription sur la partie supérieure du drapé : "MORT POUR LA PATRIE".
Voici, pour illustrer, quelques photos ensoleillées...
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dimanche 27 mai 2012
Parlons "Chapelles"
Voici un petit sujet sur 7 chapelles qui ornent le patrimoine guémenéen. Certaines sont plus connues ou plus fréquentées que d'autres ; certaines sont très privées, mais d'autres ont tenu une place importante pour les habitants de leur alentour ; certaines sont sur les cartes postales, mais la plupart sont ignorées.
- Chapelle du Brossay, au nord de Guémené, située près du château du même nom. Elle a été construite, dans sa version actuelle, en 1836 dans le style néo-classique. C'est un lieu de sépulture.
- Chapelle de Tréguel, près du château également. Chapelle domestique du manoir, on s'y mariait au XVIIe siècle entre gens de bonne compagnie. Peu de chance que ce soit encore le même bâtiment, toutefois (2 photos ci-après).
- Chapelle du Sacré-Cœur de la Vielle Cour. Près de la vielle maison noble du même nom. Cette chapelle est déjà mentionnée en 1658. Tombée en ruine, elle fut restaurée après 1914 (2 photos ci-après) . C'était un lieu de mariages et une messe hebdomadaire y était célébrée avant la Révolution.. Une messe y était dite encore lors des Rogations. Ces fêtes, dont le nom vient d'un verbe latin signifiant "demander", ont pris la succession d'une fête romaine de protection des cultures vers l'an 500 de notre ère. Elles donnaient lieu à des processions à travers la campagne, d'où les croix au bord des chemins que l'on rencontre un peu partout.
- Chapelle St-Georges de Penfao (photo ci-dessous). Inscrite à l'inventaire des Monuments Historique depuis 2004, il s'agit d'une chapelle "frairiale" et "priorale" (bigre !). En clair, les habitants des villages environnants (la frairie de Penfao, comprenant les villages de Mézillac, Ligançon, Saint-Georges, Le Pont Bernard, Le Verger, Breizbihan, Claye, Trineuc et Guénouvry) s'y mariaient et s'y faisaient enterrer. Un prieuré bénédictin (c'est-à-dire un monastère) y était attenant. Ce prieuré dépendait de l'abbaye de Paimpont. Près de la chapelle se trouvait le cimetière des moines.
- Chapelle St-Marc de Juzet (photo ci-dessous). Il s'agit également d'une chapelle "frairiale", donc ont y célébrait des évènements de la vie (mariages, enterrements) pour les habitants du coin. La commune de Guémené en devint propriétaire en 1793. Elle lui fut rachetée en 1926 par la famille du Halgouët qui, alors qu'elle était en ruine, la restaura.
- Chapelle St-Yves, sur la route de Massérac, après Friguel. Elle date des XIIIe et XVe siècle. C'était un chapelle seigneuriale placée sous la protection des seigneurs de Montnoël qui s'y faisait enterrer (c'était donc leur "enfeu"). Elle fut d'abord dédiée à St-Julien l'Hospitalier. Une ancienne dalle tumulaire (pierre tombale) datée du XVe siècle et provenant de cette chapelle se trouve rue du Grand Moulin : elle est en granit et le gisant est gravé en creux, les mains jointes. Autour de la pierre une épitaphe en lettres gothiques presque illisibles, il s'agit vraisemblablement d'un seigneur de Montnoël du XIVème siècle.
La dédication de cette chapelle à St-Yves serait liée à la famille de Bruc qui donna un évêque, Alain de Bruc. Cet Alain fut en effet évêque de Tréguier où il appela St-Yves : voilà peut-être le rapport... Une messe était célébrée lors des Rogations pour la frairie du coin, à savoir celle de Pussac. Par ailleurs, quand un habitant de cette frairie n'était pas trop bien, on y disait un chapelet à son intention...
- Chapelle privée du Château de Bruc. La chapelle est un petit édifice surmonté d'un clocher en ardoises en forme de dôme hexagonal sur le faîte du toit. Il semblerait qu'une chapelle neuve ait été bâtie dans les années 1990, dans le respect du style du XVIIe siècle. Cette nouvelle chapelle a un clocher-mur (2 photos ci-après).
- Une référence sur le net : le site "des clochers de la France" dont sont issues les photos.
http://lafrancedesclochers.xooit.com/index.php
Bon voilà. Il y aurait sans doute encore à dire, écrire et montrer. Bienvenus, amis contributeurs.
- Chapelle du Brossay, au nord de Guémené, située près du château du même nom. Elle a été construite, dans sa version actuelle, en 1836 dans le style néo-classique. C'est un lieu de sépulture.
- Chapelle de Tréguel, près du château également. Chapelle domestique du manoir, on s'y mariait au XVIIe siècle entre gens de bonne compagnie. Peu de chance que ce soit encore le même bâtiment, toutefois (2 photos ci-après).
- Chapelle du Sacré-Cœur de la Vielle Cour. Près de la vielle maison noble du même nom. Cette chapelle est déjà mentionnée en 1658. Tombée en ruine, elle fut restaurée après 1914 (2 photos ci-après) . C'était un lieu de mariages et une messe hebdomadaire y était célébrée avant la Révolution.. Une messe y était dite encore lors des Rogations. Ces fêtes, dont le nom vient d'un verbe latin signifiant "demander", ont pris la succession d'une fête romaine de protection des cultures vers l'an 500 de notre ère. Elles donnaient lieu à des processions à travers la campagne, d'où les croix au bord des chemins que l'on rencontre un peu partout.
- Chapelle St-Georges de Penfao (photo ci-dessous). Inscrite à l'inventaire des Monuments Historique depuis 2004, il s'agit d'une chapelle "frairiale" et "priorale" (bigre !). En clair, les habitants des villages environnants (la frairie de Penfao, comprenant les villages de Mézillac, Ligançon, Saint-Georges, Le Pont Bernard, Le Verger, Breizbihan, Claye, Trineuc et Guénouvry) s'y mariaient et s'y faisaient enterrer. Un prieuré bénédictin (c'est-à-dire un monastère) y était attenant. Ce prieuré dépendait de l'abbaye de Paimpont. Près de la chapelle se trouvait le cimetière des moines.
- Chapelle St-Marc de Juzet (photo ci-dessous). Il s'agit également d'une chapelle "frairiale", donc ont y célébrait des évènements de la vie (mariages, enterrements) pour les habitants du coin. La commune de Guémené en devint propriétaire en 1793. Elle lui fut rachetée en 1926 par la famille du Halgouët qui, alors qu'elle était en ruine, la restaura.
- Chapelle St-Yves, sur la route de Massérac, après Friguel. Elle date des XIIIe et XVe siècle. C'était un chapelle seigneuriale placée sous la protection des seigneurs de Montnoël qui s'y faisait enterrer (c'était donc leur "enfeu"). Elle fut d'abord dédiée à St-Julien l'Hospitalier. Une ancienne dalle tumulaire (pierre tombale) datée du XVe siècle et provenant de cette chapelle se trouve rue du Grand Moulin : elle est en granit et le gisant est gravé en creux, les mains jointes. Autour de la pierre une épitaphe en lettres gothiques presque illisibles, il s'agit vraisemblablement d'un seigneur de Montnoël du XIVème siècle.
La dédication de cette chapelle à St-Yves serait liée à la famille de Bruc qui donna un évêque, Alain de Bruc. Cet Alain fut en effet évêque de Tréguier où il appela St-Yves : voilà peut-être le rapport... Une messe était célébrée lors des Rogations pour la frairie du coin, à savoir celle de Pussac. Par ailleurs, quand un habitant de cette frairie n'était pas trop bien, on y disait un chapelet à son intention...
- Chapelle privée du Château de Bruc. La chapelle est un petit édifice surmonté d'un clocher en ardoises en forme de dôme hexagonal sur le faîte du toit. Il semblerait qu'une chapelle neuve ait été bâtie dans les années 1990, dans le respect du style du XVIIe siècle. Cette nouvelle chapelle a un clocher-mur (2 photos ci-après).
- Une référence sur le net : le site "des clochers de la France" dont sont issues les photos.
http://lafrancedesclochers.xooit.com/index.php
Bon voilà. Il y aurait sans doute encore à dire, écrire et montrer. Bienvenus, amis contributeurs.
samedi 5 mai 2012
Le monument aux morts de Guémené-Penfao (partie 3)
Voici deux articles extraits de Ouest-Éclair de février 1919, tournant autour de la question du monument aux morts, et un troisième qui relate le rapatriement de cinq corps de soldats en 1921. J'y ajoute ensuite quelques précisions concernant le modèle de la statue dudit monument.
Les deux premiers articles sont intéressants sur le fond mais aussi de façon tout à fait incidente. C'est ce second aspect auquel je souhaite m'attacher présentement.
Le premier article relate une initiative, disons républicaine, visant à commémorer de façon marquante le sacrifice des enfants de Guémené lors du premier conflit mondial. On sent bien derrière la rhétorique du journaliste que la Municipalité désargentée use d'un stratagème idéologique pour obtenir que la population finance le monument. Rien n'est négligé pour ramasser de l'argent jusqu'aux tréfonds des campagnes : les "fonctionnaires" sont dûment missionnés.
Un pataquès se glisse dans le premier article : le mot "pasteurs", qui renvoie plutôt au clergé, est substitué au mot "facteurs", vaillants soldats de la Poste républicaine. Et l'on ne comprend pas vraiment comment ces "pasteurs" peuvent bien être désignés comme des "fonctionnaires" de la République.
Ce lapsus est rattrapé par un second article rapproché, qui rend deux jours plus tard aux "facteurs" le mérite qui leur revient dans cette entreprise. Mais, sans doute par souci d'équilibre politique, ce rectificatif, qui ne s'en donne pas le nom, enchaîne sur une initiative parallèle du clergé précisément, consistant à élever dans l'église un autre monument au Morts ! Bref, c'est la course à l’échalote entre laïcs et cléricaux...
Appréciez...
LE MONUMENT AUX SOLDATS MORTS POUR LA FRANCE
(Ouest-Éclair, 26 février 1919)
Parmi les questions inscrites à l’ordre du jour de la prochaine délibération du Conseil Municipal, figure un projet d’agrandissement du cimetière devenu insuffisant pour la commune. Les demandes de concessions à long terme, beaucoup plus nombreuses depuis quelques années, font présentement une nécessité de la mesure qui va être prise. Elle s’imposerait du reste pour une autre considération dont il sera fait état au cours de la même séance.
C’est que le terrain dont il s’agit serait consacré aux morts de la grande guerre. On graverait leurs noms sur le marbre d’un cénotaphe, dont la silhouette évocatrice se dressera bientôt au bout de la grande allée du cimetière, et ainsi se rapprocheront de nous les deux cent cinquante sépultures absentes et lointaines de nos héros qui dorment leur dernier sommeil à l’endroit obscur où la mort les a frappés.
Estimant avec raison que cette œuvre de justice devait être l’œuvre et en quelque sorte la propriété de tous, M. le Maire a fait un vibrant appel aux sentiments patriotiques bien connus de notre population, qui fut si admirable par son élan généreux, sa stoïque résignation et sa haute tenue morale, malgré les pertes éprouvées pendant ces quatre ans de guerre : deux cent vingt neuf morts et plus de cinquante disparus.
Sous les hospices de la Municipalité, une souscription a été ouverte en vue de couvrir les frais d’exécution de l’ouvrage. Grâce à l’activité de nos fonctionnaires, et en particulier de nos pasteurs [comprendre : facteurs. Cf. article suivant] , qui se sont fait un pieux devoir de les présenter dans les foyers les plus éloignés de nos campagnes, ces listes de souscription sont aujourd’hui couvertes de signatures.
La somme obtenue se chiffre déjà à près de 5.000 francs. Plusieurs artistes éminents ont été pressentis : leurs esquisses seront dans quelques jours soumises à nos édiles et à une commission choisie parmi les principaux souscripteurs.
Rappelons à nos concitoyens qui n’auraient pas encore versé leur cotisation qu’ils peuvent se présenter à la Mairie.
***
LE MONUMENT AUX MORTS POUR LA FRANCE
( Ouest-Éclair, 28 février 1919)
Parmi les dévoués fonctionnaires qui se sont activement occupés de la souscription publique en vue d’élever un monument aux morts pour la patrie, nous n’aurions garde d’oublier les facteurs qui se présentèrent dans tous les foyers de nos campagnes avec un réel dévouement. Le comité d’organisation et la municipalité leur en sont grandement reconnaissants.
Il convient de signaler d’autre part, l’initiative prise par notre clergé paroissial, en vue d’orner l’église d’un monument qui sera également consacré aux soldats morts pour la patrie.
collection Jeanine H.
***
Le troisième article évoque le retour de 5 corps de soldats. C'est un article sobre : dans le fond, il n'y a pas grand chose à dire. On sent bien que pour tous : parents de ceux que l'on inhume ce jour-là à Guémené ; parents de tous les autres, bien plus nombreux dont les pères, frères, fils ne reviendront jamais, ni en vie ni au cimetière ; cousins, voisins, amis, alliés ; que pour tous donc, c'est l'occasion sans doute attendue et probablement unique de faire (un peu) son deuil.
RETOUR DE NOS MORTS
(Ouest-Éclair, 16 juin 1921)
Dimanche dernier avait lieu l’inhumation de cinq des enfants de Guémené morts au Champ d’honneur : le lieutenant Aristide Métayer, les soldats Geffriaud Alexandre, Jambu Isidore, Gauthier Pierre, Boutard Albert.
A la gare, à l’ouverture de wagon, les corps furent salués par le président de la section U.N.C. au nom des Anciens Combattants. Le long cortège s’achemina vers l’église, trop petite pour contenir la majorité des habitants de Guémené.
Au cimetière, le président de la section de l’U.N.C. prononça deux discours émus, l’un devant la tombe du lieutenant Métayer, son camarade d’enfance, l’autre devant le tombeau des soldats Geffriaud, Jambu, Gauthier et Boutard, rappelant à tous la grandeur du sacrifice consenti par ces braves pour la cause sacrée de la défense de la Patrie.
Le lieutenant Aristide Métayer était né en septembre 1890 au bourg, d'un père maçon et d'une mère cultivatrice. Servant au 151ème Régiment d'Infanterie, il a trouvé la mort dans l'Oise, au Fayel, le 16 juin 1918.
Alexandre Geffriaud était né en juin 1896 et trouva la mort en août 1918. Il appartenait au 2ème Régiment d'Infanterie Coloniale.
Isidore Jambu n'était guère plus âgé, étant né en mars 1896. Affecté au 9ème Régiment de Marche de Zouaves, il fut "tué à l'ennemi" fin juillet 1918, dans l'Oise.
Pierre Gauthier était un jeune caporal du 155ème Régiment d'Infanterie décédé en août 1918 âgé de 21 ans, à Hémévilliers, dans l'Oise également.
Quant à Albert Boutard il a disparu à 20 ans, en juin 1915 à Compiègne.
Enfin, je dois à une fière guéménéenne (Jeanine H. : je ne sais si elle serait d'accord pour que je livre son identité) un renseignement sans doute inédit dont je la remercie vivement.
Elle me fait ainsi savoir que la statue qui surplombe le cénotaphe des morts de Guémené, a eu une femme du cru pour modèle. Il s'agit d'une institutrice - qu'elle a connue - de l'école de jeunes filles de Guémené, qui se nommait Madame Masclaux.
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Première Guerre Mondiale
mardi 1 mai 2012
Le monument aux morts de Guémené-Penfao (partie 2)
On connait le détail de la cérémonie d'inauguration du monument aux morts de Guémené, survenue le dimanche 29 avril 1923, par une relation journalistique assez longue, parue dans le numéro 7 878 de Ouest-Eclair (ancêtre de Ouest-France, comme on sait) en date du 30 avril 1923.
Sans doute fut-ce un grand évènement à Guémené. La relation qu'en donne le journaliste est spectaculaire et pittoresque. C'est une pièce de théâtre dont les "fonctions" et les notabilités sont les personnages, et le peuple de Guémené le spectateur.
En dépit de la gravité de la situation, on sent bien à chaque instant la fête pointer jusqu'à ce qu'elle emporte le morceau par la banquet (le bouquet) final.
Eglise et République, sacré et profane, se tirent la bourre et composent finalement un tableau éclectique et cocasse.
Voici la transcription de l'article :
La ville de Guémené-Penfao inaugurait dimanche le monument élevé à la mémoire de ses morts pour la patrie.
La coquette cité avait revêtu sa tenue des jours de fête. Les rues du bourg étaient décorées de drapeaux et de guirlandes de feuillage d'un très bel effet.
La réception
A l'Hôtel de Ville, à 9 heures, M. Gilles Durand maire, entouré des membres du Conseil municipal, reçoit les invités. Il y a là MM. Aubrée, juge de paix ; Fournis, président de la section des anciens combattants ; Beilier, secrétaire ; Praud, président du Comité des fêtes ; Brachet, secrétaire ; Luzel, receveur des Postes ; Taillandier, secrétaire de la mairie ; les fonctionnaires de la ville, les maires du canton, les notables. Successivement arrivent MM. Bouju, préfet de la Loire-Inférieure ; Graux, sous-préfet de Saint-Nazaire ; Babin-Chevaye, Busson-Billault, Saint-Maur, sénateurs ; Le Cour-Grandmaison, de Dion, de la Ferronays, Ginoux-Défernon, députés ; le capitaine de frégate Ferlicot, le commandant Quintin, représentant le XIè corps d'armée ; Bardoul, Letourneau, conseiller général ; Marie d'Avigneau, représentant l'Union Nationale des combattants ; Fleury, agent-voyer en chef ; du Saint, président de la section des pupilles de la nation ; les représentants de la presse, etc., etc.
Au cours de la réception, M. le Préfet donna l'accolade au jeune Francis Boussard, de Conquereuil, âgé de 11 ans, pupille de la nation, qui a été l'objet d'une citation à l'ordre de la nation, en raison de sa touchante et courageuse conduite : malgré son jeune âge, cet enfant travaille comme un homme et aide sa mère à la direction d'une ferme de neuf hectares. M. le Préfet le félicite avec émotion et lui remet un livret de caisse d'épargne de 300 francs.
A l'église
A l'issue de cette cérémonie, les personnages officiels, précédés de la musique et des sapeurs-pompiers, se rendent à l'église paroissiale où est célébré un service solennel.
M. le curé Arbeille officie, entouré de tout le clergé. La musique municipale, réorganisée, renforcée par des musiciens de Redon et dirigée par M. Benoiston, joue plusieurs morceaux ; un duo de violon et violoncelle par M. et Mme Sébilleau se fait également entendre, ainsi que des choeurs chantés par les enfants des écoles.
La cérémonie religieuse terminée, le cortège se forme et se dirige vers le cimetière, où est édifié le monument aux morts.
En tête marchent les sociétés de gymnastique, suivies des enfants des écoles, sous la conduite de Mmes Gasnault et Rolland, directrices et de MM. Brachet et Chapron, directeurs d'école ; le clergé vient ensuite ; puis la musique, précédant les représentants officiels, les invités, le Conseil municipal et les fonctionnaires ; ensuite viennent les familles des morts, les Vétérans de 1870 et les membres de l'Union nationale des combattants suivis par la foule, nombreuse et recueillie.
Devant le monument
Le monument aux morts est édifié sur l'emplacement du caveau contenant les glorieux restes des combattants, dont il forme le couronnement.
La partie architecturale, dûe à MM. Marcel Lebas et Albert Rivière, architectes, se compose d'un socle rectangulaire en pierre bleue de Bretagne surélevé par deux gradins. L'une des faces du socle porte l'inscription par laquelle la ville de Guémené rend hommage à ses enfants ; sur les trois autres faces sont gravés les noms des 189 morts.
Le groupe sculptural qui surmonte le monument est l'oeuvre de M. Louis Nicot, de Paris, lauréat hors concours au Salon des Artistes Français. Ce groupe, taillé dans un bloc de granit de Kersanton, représente un soldat mort, couché au pied de la statue symbolisant l'image des mères, veuves et familles douloureusement atteintes, sous les traits de la ville de Guémené-Penfao.
Les Sociétés de gymnastique se rangent au pied du mur décoratif, les autorités et le clergé entourent le monument.
Après le De profundis, chanté par le clergé, M. le Curé Arbeille bénit le monument et prononce une vibrante allocution, exaltant les vertus des enfants de Guémené, morts chrétiennement pour la patrie.
Puis, dans un silence émouvant, c'est l'appel des morts, fait par M. Danet, instituteur ; à chaque nom, un vieux combattant, M. Cougeon, répond d'une voix forte : "Mort au champ d'honneur".
Les choeurs chantent, la musique alternant ses accents, un hymne aux morts, puis commencent une série de discours.
M. Gilles Durand, maire, exprime avec une émotion mal dissimulée, la reconnaissance de la ville de Guémené envers ses morts, qu'il salue avec respect.
M. Marie d'Avigneau s'adresse ne termes vibrants à ses anciens compagnons d'armes, qui sont là en nombre imposant :
"Nous sommes tous frères, s'écrie-t-il, restons unis, sans distinction de religions ni de partis, afin que la France reste grande. La désunion équivaudrait à une trahison."
M. le commandant Quintin retrace ensuite les qualités héroïques de nos soldats ; puis successivement MM. Bardoul, conseiller général ; Le Cour-Grandmaison, de Dion, députés ; Saint-Maur, sénateur, prennent la parole.
M. Bouju, préfet, termina la série des discours en exprimant, de la façon la plus digne, les sentiments de tristesse et à la fois de fierté que lui inspire cette cérémonie de commémoration où se retrouvent unis tous les citoyens dans un même élan de concorde nationale.
Au moment de la dislocation, la musique municipale joue la "Marseillaise", puis les personnages officiels et les invités se rendent à la salle du banquet.
Le banquet
Le banquet avait lieu dans la salle des Fêtes municipales, décorées avec un goût simple et très sûr. A la table d'honneur prirent place M. le maire, ayant à sa droite MM. Bouju, préfet, et Ferlicot, et à sa gauche, MM. Brisson-Billault et Quintin.
Le repas fut des plus animés. Le menu, confié aux soins de Mme Haméon de l'Hôtel des Voyageurs, était exquis et copieux.
Au dessert, M. le maire ouvrit la série des toasts, qui fut close par M. le préfet.
Sans doute fut-ce un grand évènement à Guémené. La relation qu'en donne le journaliste est spectaculaire et pittoresque. C'est une pièce de théâtre dont les "fonctions" et les notabilités sont les personnages, et le peuple de Guémené le spectateur.
En dépit de la gravité de la situation, on sent bien à chaque instant la fête pointer jusqu'à ce qu'elle emporte le morceau par la banquet (le bouquet) final.
Eglise et République, sacré et profane, se tirent la bourre et composent finalement un tableau éclectique et cocasse.
Voici la transcription de l'article :
La ville de Guémené-Penfao inaugurait dimanche le monument élevé à la mémoire de ses morts pour la patrie.
La coquette cité avait revêtu sa tenue des jours de fête. Les rues du bourg étaient décorées de drapeaux et de guirlandes de feuillage d'un très bel effet.
La réception
A l'Hôtel de Ville, à 9 heures, M. Gilles Durand maire, entouré des membres du Conseil municipal, reçoit les invités. Il y a là MM. Aubrée, juge de paix ; Fournis, président de la section des anciens combattants ; Beilier, secrétaire ; Praud, président du Comité des fêtes ; Brachet, secrétaire ; Luzel, receveur des Postes ; Taillandier, secrétaire de la mairie ; les fonctionnaires de la ville, les maires du canton, les notables. Successivement arrivent MM. Bouju, préfet de la Loire-Inférieure ; Graux, sous-préfet de Saint-Nazaire ; Babin-Chevaye, Busson-Billault, Saint-Maur, sénateurs ; Le Cour-Grandmaison, de Dion, de la Ferronays, Ginoux-Défernon, députés ; le capitaine de frégate Ferlicot, le commandant Quintin, représentant le XIè corps d'armée ; Bardoul, Letourneau, conseiller général ; Marie d'Avigneau, représentant l'Union Nationale des combattants ; Fleury, agent-voyer en chef ; du Saint, président de la section des pupilles de la nation ; les représentants de la presse, etc., etc.
Au cours de la réception, M. le Préfet donna l'accolade au jeune Francis Boussard, de Conquereuil, âgé de 11 ans, pupille de la nation, qui a été l'objet d'une citation à l'ordre de la nation, en raison de sa touchante et courageuse conduite : malgré son jeune âge, cet enfant travaille comme un homme et aide sa mère à la direction d'une ferme de neuf hectares. M. le Préfet le félicite avec émotion et lui remet un livret de caisse d'épargne de 300 francs.
A l'église
A l'issue de cette cérémonie, les personnages officiels, précédés de la musique et des sapeurs-pompiers, se rendent à l'église paroissiale où est célébré un service solennel.
M. le curé Arbeille officie, entouré de tout le clergé. La musique municipale, réorganisée, renforcée par des musiciens de Redon et dirigée par M. Benoiston, joue plusieurs morceaux ; un duo de violon et violoncelle par M. et Mme Sébilleau se fait également entendre, ainsi que des choeurs chantés par les enfants des écoles.
La cérémonie religieuse terminée, le cortège se forme et se dirige vers le cimetière, où est édifié le monument aux morts.
En tête marchent les sociétés de gymnastique, suivies des enfants des écoles, sous la conduite de Mmes Gasnault et Rolland, directrices et de MM. Brachet et Chapron, directeurs d'école ; le clergé vient ensuite ; puis la musique, précédant les représentants officiels, les invités, le Conseil municipal et les fonctionnaires ; ensuite viennent les familles des morts, les Vétérans de 1870 et les membres de l'Union nationale des combattants suivis par la foule, nombreuse et recueillie.
Devant le monument
Le monument aux morts est édifié sur l'emplacement du caveau contenant les glorieux restes des combattants, dont il forme le couronnement.
La partie architecturale, dûe à MM. Marcel Lebas et Albert Rivière, architectes, se compose d'un socle rectangulaire en pierre bleue de Bretagne surélevé par deux gradins. L'une des faces du socle porte l'inscription par laquelle la ville de Guémené rend hommage à ses enfants ; sur les trois autres faces sont gravés les noms des 189 morts.
Le groupe sculptural qui surmonte le monument est l'oeuvre de M. Louis Nicot, de Paris, lauréat hors concours au Salon des Artistes Français. Ce groupe, taillé dans un bloc de granit de Kersanton, représente un soldat mort, couché au pied de la statue symbolisant l'image des mères, veuves et familles douloureusement atteintes, sous les traits de la ville de Guémené-Penfao.
Les Sociétés de gymnastique se rangent au pied du mur décoratif, les autorités et le clergé entourent le monument.
Après le De profundis, chanté par le clergé, M. le Curé Arbeille bénit le monument et prononce une vibrante allocution, exaltant les vertus des enfants de Guémené, morts chrétiennement pour la patrie.
Puis, dans un silence émouvant, c'est l'appel des morts, fait par M. Danet, instituteur ; à chaque nom, un vieux combattant, M. Cougeon, répond d'une voix forte : "Mort au champ d'honneur".
Les choeurs chantent, la musique alternant ses accents, un hymne aux morts, puis commencent une série de discours.
M. Gilles Durand, maire, exprime avec une émotion mal dissimulée, la reconnaissance de la ville de Guémené envers ses morts, qu'il salue avec respect.
M. Marie d'Avigneau s'adresse ne termes vibrants à ses anciens compagnons d'armes, qui sont là en nombre imposant :
"Nous sommes tous frères, s'écrie-t-il, restons unis, sans distinction de religions ni de partis, afin que la France reste grande. La désunion équivaudrait à une trahison."
M. le commandant Quintin retrace ensuite les qualités héroïques de nos soldats ; puis successivement MM. Bardoul, conseiller général ; Le Cour-Grandmaison, de Dion, députés ; Saint-Maur, sénateur, prennent la parole.
M. Bouju, préfet, termina la série des discours en exprimant, de la façon la plus digne, les sentiments de tristesse et à la fois de fierté que lui inspire cette cérémonie de commémoration où se retrouvent unis tous les citoyens dans un même élan de concorde nationale.
Au moment de la dislocation, la musique municipale joue la "Marseillaise", puis les personnages officiels et les invités se rendent à la salle du banquet.
Le banquet
Le banquet avait lieu dans la salle des Fêtes municipales, décorées avec un goût simple et très sûr. A la table d'honneur prirent place M. le maire, ayant à sa droite MM. Bouju, préfet, et Ferlicot, et à sa gauche, MM. Brisson-Billault et Quintin.
Le repas fut des plus animés. Le menu, confié aux soins de Mme Haméon de l'Hôtel des Voyageurs, était exquis et copieux.
Au dessert, M. le maire ouvrit la série des toasts, qui fut close par M. le préfet.
Il y a quelque chose des antiques jeux et banquets funéraires dans cette histoire...
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