Il faut aussi des articles courts, surtout quand l'objet se suffit à lui-même : point aujourd'hui donc de long récit.
Voici pour le plaisir des yeux, une incursion dans un passé religieux et social inimaginable de nos jours, quatre photos montrant trois fêtes religieuses vers 1900 à Guémené.
Ces photos sont issus du fonds photographique mis à disposition par J. M. : qu'il en soit remercier à nouveau.
Les trois fêtes sont, d'une part, le pèlerinage annuel à Sainte Anne de Lesssaint, en 1910 ; d'autre part, une communion solennelle en 1889 et, enfin, une Fête-Dieu survenue en 1908.
Le pèlerinage sur la colline de Guénouvry se tient fin juillet, la fête de Sainte Anne tombant le 26 juillet. Les prêtres des trois paroisses de la commune y dirent sans doute la messe : Alexandre Arbeille, curé de Guémené, Jacques Dugast, curé de Guénouvry et Alexandre Rousseau de Beslé.
La photo est donc prise sur le versant sud-est du sanctuaire. On y remarque au premier plan des enfants et des personnes "de qualité" : les paysans restent en retrait. Il s'agit probablement d'une photo de famille.
Il y a une "grotte" sur le côté nord de la colline nichant une Sainte-Anne, en contrebas de la chapelle. Les pèlerins (les femmes surtout) y allaient bien sûr faire leurs dévotions à cette brave sainte par le chemin abrupte qui y descend. Il était d'usage que le chemin de retour, le raidillon qui remonte vers la chapelle, soit fait à genoux !
Voici maintenant une communion solennelle à Guémené en 1889, date à laquelle le curé de Guémené est Joseph Revert, le"bâtisseur" de la monstrueuse église actuelle de Guémené, ses vicaires étant Auguste Hervé et Jean-Baptiste Chotard.
Il est probable que les curés et vicaires de Guénouvry (Jean-Mathurin Birot, Noël Lecarré, Pierre-Marie Pabois et Alexandre-Marie Rochet) ainsi que ceux de Beslé (Nicolas Lescaudron et Pierre-François Lescaudron) aient été de la partie.
Nous sommes dans le bourg, quelque part que je n'ai pas réussi à situer. On y distingue principalement des jeunes communiantes de la génération de ma grand-mère, sensiblement (1895), en aube blanche et voile portant des bannières claires surmontées d'une petite croix.
Quelques femmes et jeunes filles au premier plan en costume du pays sont accompagnées par une femme chapeautée plus "bourgeoise" (elle a un gros nœud sur les fesses). On remarque aussi deux hommes dont l'un porte une bannière de frairie.
Et le meilleur pour la fin : deux clichés de la Fête-Dieu de 1908 qui devait tomber le jeudi 18 juin.
La première est prise Place Simon, à côté de l'ancien présidial du XVIème siècle, le Vieux-Logis dont on distingue la tour hexagonale et pointue, à gauche.
La photo révèle le gigantesque reposoir en gradins au sommet duquel est installé un autel. Dans des niches de part et d'autre de l'hôtel et au-dessus, trois statues de saints contemplent l'assemblée.
Sur les gradins et à leurs pieds, des prêtres et des enfants de choeur vêtus des habits rituels. On note aussi quelques petites filles en robe blanche, auréolées d'une couronne de fleurs.
Beaucoup de fleurs autour du reposoir et, en cercle au milieu de la place, on observe une jonchée artistique.
Des guirlandes de fleurs et des étendards flottent au vent. Des hommes et des femmes sont massés au pied des gradins, à droite et à gauche.
Maintenant la foule des officiants et des badauds s'est ébrouée. La procession a quitté la Place Simon et emprunte la rue de l'Hôtel-de-Ville.
On distingue l’hôtel du Commerce (le plus gros bâtiment). En face, la mairie avec les étendards, une boulangerie.
Au loin, au bout de la rue à l'angle de la Place Simon, l'hôtel du Petit-Joseph laisse flotter des étendards à ses fenêtres. A l’arrière-plan, le château massif de la Grée-Bréhaut domine la situation.
Les processionnaires défilent entre deux haies d'arbustes et foulent d'autres jonchées. La foule compacte suit un dais en se protégeant du soleil avec parapluies et ombrelles.
Eh ben, ça donnait...