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dimanche 10 novembre 2013

L'intérieur de la chapelle de Tréguel


Le château de Tréguel fait partie des mes sentinelles bienveillantes. Quand je sors dans le jardin, au nord, par derrière la maison de La Hyonnais, il est toujours là, sur une colline au loin à gauche, plus on moins engoncé, selon la saison, dans son écrin vert sombre de feuillages.

Rien ne peut venir de ce côté-là que de rassurant, et je pense sans cesse devant cette image, à la grande serre qui barre le bas de sa façade, que je ne connais que par les cartes postales, et devant laquelle déroule une langue pendante de pelouse.

Je ne saurais dire vraiment pourquoi, mais ce château m'a souvent fait penser au "domaine mystérieux" où le Grand Meaulnes s'égare...

Tréguel n'est donc pour moi qu'un fantasme et sa chapelle m'est totalement inconnue.


Je dois à Isabelle Barathon et à la Mairie de Guémené, cette fois encore, de pouvoir assouvir ma curiosité, grâce à des photos suffisamment récentes pour pouvoir appréhender des éléments de décoration tout à fait originaux à Guémené.

La chapelle de Tréguel est une chapelle privée construite et aménagée au XVIIIème et au XIXème siècles. Elle est située derrière le château.

Il s'agit d'un petit bâtiment en pierre de schiste. On y pénètre par une ouverture de forme ogivale, où s'encadre une porte à double battant. Cette porte est surmontée d'une imposte percée d'un quadrilobe et de deux trilobes vitrés. A gauche de l'entrée, sur la façade, une croix a été fixée.


L'intérieur est encombré de mobilier et d'objets décoratifs. Contrairement à d'autres chapelles de Guémené, le choeur (l'autel) n'est pas isolé du reste de la pièce par une barrière de clôture.

L'autel est surplombé par une niche creusée dans le mur où se loge une grande statue de la Vierge à l'enfant. Beaucoup de choses sont disposées sur cet autel recouvert d'une nappe fleurdelisée : des chandeliers, des bougies dans des pots (de yaourt ?), des vases avec des fleurs.

Au-dessus, le tabernacle (peint) en marbre est flanqué de deux vases à l'esthétique chantournée, où sèche quelques végétaux. A droite, un lutrin supporte un livre liturgique à tranche rouge, frappé d'une croix. Aux pieds de la sainte table, à droite et à gauche, deux statues de matière sombre se font discrètes.

A droite de l'autel, un Christ en croix et dans les coins deux statues de saints (probablement), l'une avec une châsse à ses côtés, l'autre perchée sur un colonne de bois qui a un air de grosse vis.

Deux ouvertures dotées de vitraux aux motifs purement décoratifs, logées dans les murs latéraux de l'édifice, éclairent un bric-à-brac de vieux mobilier d'église : chaises paillées, prie-dieu dépareillés et même deux stalles (sous les deux ouvertures).




Evidemment, ce sont les quatre fresques colorées, plaquées sur les vieux et ternes murs de pierres nues qui attirent l'attention et nécessitent un éclaircissement.

Ces fresques sont l'oeuvre conjointe de la propriétaire du château et d'un maître fresquiste, Louis Roger. Ce dernier est co-créateur du Centre de la Fresque, situé à Blain, dont le projet est de développer cet art dans la région (des oeuvres à la chapelle Saint Germain de Vay).

Les quatre panneaux représentent respectivement : la Naissance de la Vierge (ou : le Bain de Marie) ; Les Noces de Cana ; l'Annonciation ; la Nativité (photos ci-dessous).

Ces fresques sont inspirées d’œuvres d'un artiste russe, Dionisius, qui vivait dans la seconde moitié du XVème siècle et au début du XVIème siècle. Il est considéré comme le plus grand peintre de la Vieille Russie de son époque, et de tous les temps, après le fameux Andreï Roublev.

Les fresques de Dionisius couvrent littéralement les murs intérieurs de la cathédrale de la Nativité de la Vierge au Monastère de Theraponte (Ferapontof, en russe) près de la ville de Vologda, 5 à 600 km au nord de Moscou.

Cette cathédrale est l'édifice le mieux conservé du complexe monastique russe de Vologda, et l'ensemble de fresques de Dionisius, extraordinaire et extraordinairement bien conservé, fait parfois anachroniquement parler à son propos d'une chapelle Sixtine orthodoxe.

L'inspiration des fresques originales - et donc de leurs "épigones" trégueliennes - provient de la spiritualité orthodoxe et plus précisément de la dévotion à la Vierge. Il existe en effet dans cette tradition liturgique des hymnes dit "acathistes", chants profonds dont le modèle est celui dédié à la Mère de Dieu qui évoque des épisodes de sa vie. "Acathiste" signifie simplement qu'il s'écoute debout.

Pour finir, et avant quelques photos et liens internet intéressants, je ne peux résister à faire partager une expression que je viens d'apprendre et que certains connaissent d'ailleurs peut-être, pardon pour eux. 

Comme son nom l'indique un peu, la fresque est une peinture sur mortier humide. Evidemment, le mortier va tendre à sécher. Aussi longtemps que le mortier est propice à la peinture, on le dit "amoureux". Le temps d'amour d'une surface pour fresques est d'environ six heures. Performance enviable...

Voici les photos (Tréguel et modèle russe) :












Voici les liens :

lien vers le site du Centre de la fresque à Blain : http://www.centredelafresque.fr/

- lien vers le site du musée de St Theraponte : http://www.dionisy.com/eng/

 - lien vers Youtube pour écouter un extrait de chant acathiste :
http://www.youtube.com/watch?v=y3gWi2FEQd0


1 commentaire:

  1. Génialement intéressant ! et vive internet qui permet de prolonger et d'attiser toutes les curiosités

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