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dimanche 29 décembre 2013

Qui donc est "B.", ce peintre mystérieux ?


Quand on s'intéresse à Guémené, on découvre vite que cette commune possède un monument inscrit à l'inventaire supplémentaire des Monuments Historiques.

C'est peu banal. Et bien sûr, il est tentant de vouloir visiter un édifice si précieux.

C'est ainsi que naïvement on s'en va sur la route qui serpente à l'est de la commune, vers Guénouvry. Bientôt après le hameau de Mézillac, on tourne à droite, par monts et par champs, et l'on atteint le village de Saint-Georges.

Entre un champ de choux et une grange, abandonnée à son triste sort, mais confiée aux bons soins de l'agriculteur son voisin, voici la pauvre chapelle Saint-Georges.


Le macaron des Monuments Historiques, apposé près de la porte latérale de la chapelle, vient rappeler qu'on ne rêve pas et que ce malheureux bâtiment en déshérence est bien celui qu'on cherche.

On en obtient la bonne grosse clé d'entrée auprès des agriculteurs tout proches, qui veillent sur cette pauvre bâtisse malade comme sur une aïeule : attentifs, mais probablement résignés sur son sort.

La visite en a déjà été narrée dans ce blog ("Chef d'oeuvre en péril") en juillet 2012. Des vieux journaux sur l'autel servent de protection aux fientes d'oiseaux. Sur un panonceau, un texte commente le site. On apprend ainsi qu'un tableau représentant Saint-Georges terrassant le dragon, un classique qui s'imposait, exposé normalement dans ce lieu, en a été enlevé pour restauration.



Forcément, on se demande à quoi il peut bien ressembler : s'agit-il d'une oeuvre naïve, d'une oeuvre de qualité (si on a pris la peine de le restaurer, c'est peut-être qu'il présente quelque intérêt) ?

Vu la décrépitude du papier, on se doute que le travail doit être terminé depuis belle lurette : mais le tableau n'étant pas revenu (heureusement !) dans cette chapelle, aurait-il été happé par quelque musée circonvoisin ?

Non, il est bien à Guémené, je l'ai vu, là n'est point le mystère.

Il représente de profil, dans un clair-obscur qui le met en valeur ainsi que sa monture, un chevalier de l'ancien temps, en armure et jupette. Du cimier de son heaume s'échappe un panache rouge qui retombe sur son épaule. La visière du casque est relevée et laisse apercevoir un beau visage juvénile aux sourcils sombres.

Le cheval est blanc, dotée d'une tête qui paraît un peu petite pour sa corpulence. Son corps massif se cabre légèrement.

Le reste du tableau est sombre, et c'est à peine si l'on devine le dragon, dont la queue est au sol sous le ventre du cheval. On en voit la tête tout à droite de la composition, mâchoires grand ouvertes, paraissant mordre la jambe gauche de la monture de Saint-Georges.

Celui-ci, impassible, tient de sa main droite une lance qu'il s'apprête à plonger vers la bête hideuse et dont la pointe acérée se détache sur le col du cheval.

Le peintre saisit donc le moment crucial de la rencontre où l'histoire va vaciller en faveur du saint sauroctone. Et le contraste entre le futur vainqueur, baigné de lumière et de couleurs, et le monstre qui s'efface dans les ténèbres, donne bien, avant l'heure, le sens dans lequel va basculer la confrontation.

Et voici donc, dans sa splendeur malgré les reflets que je n'ai pu ou su éviter, ce tableau plein de charme :






Ce tableau est signé et daté. La date en est limpide : 1837. En revanche, pour toute signature, on devra se contenter d'une initiale : "B.". De sorte que malgré la "signature",  le mystère de l'auteur de ce tableau reste entier.



C'est le moment de voir si les réseaux sociaux sont coopératifs : à vous de jouer et de retrouver le peintre mystérieux du Saint-Georges de Guémené...

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