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mardi 18 février 2014

La maison de Subrette


Il fait beau après tout ce déluge : il est temps de repartir sur le terrain.

C'est une lecture qui m'y ramène, à propos d'une maison située dans le parage du collège Saint-Michel.

Ce ne sont donc pas des souvenirs, même si le coin en comporte quelques-uns : par exemple, la remontée à pied le dimanche avec Grand-Mère Gustine et ma tante Madeleine, quand on ne prenait pas le Boulevard, avec gâteau de chez Tardif (obligatoire) et chaussures qui faisaient mal aux pieds (en prime).

Cela aurait pu être aussi les parties d'arrosage avec Serge, Marc ou Annick, mes copains de La Hyonnais, quand mon père nous descendait à la pompe à bras qui trônait au milieu de ce qui est, je crois, un parking, de l'autre côté de la rue Saint-Clément, en face du collège, au bord de la rue de la Tannerie.

Non, c'est bien la maison située au 1 de la rue de Subrette qui m'intéresse, juste au début de la route du Grand-Fougeray, bordée au nord par le chemin de la Tannerie.

Cette maison du XIXème siècle est à vendre, comme hélas beaucoup de biens, et ses volets blancs sont fermés.

Elle est donc livrée à elle-même, à son extérieur. Et c'est celui-là précisément qui attire mon attention. Rien de spectaculaire, en fait, mais des petites aspérités touchantes qui transforment une maison ordinaire en objet de curiosité.







Trois choses ont accroché mon regard : un conduit d'écoulement en schiste sortant du mur ; une petite niche avec une sculpture ; une pierre bleue sculptée naïvement et énigmatiquement.

Le conduit est sans doute celui d'un évier, probablement ancien et donc en schiste, dont beaucoup ont été détruits à la masse quand le progrès s'est répandu...Je n'en dirai pas beaucoup plus : vue de l'extérieur, c'est la seule chose qui invite à pénétrer à l'intérieur hermétiquement clos de cette demeure.



La niche en forme d'obus est entourée de briques dont la couleur se détache sur le crépis usé du mur. Une petite porte vitrée vient s'encastrer dans un montant de bois. Derrière, un jeune couple, qui de loin semble en granit, se tient blotti. Il a pris la place d'une Sainte-Vierge.

Un couple paysan : la femme en longue robe et en coiffe ; le mari en veste et chapeauté. Ils ont l'air "à la rue", frigorifiés, dans la peine.

Ils observent les passants comme s'ils étaient à l'extérieur, en quête d'un quelconque asile. Étrange inversion de situation...








Mais, plus curieux encore, le troisième objet : la pierre sculptée se trouve située symétriquement à la niche aux deux personnages, de l'autre côté de la porte d'entrée.

On y voit une silhouette qui rappelle les dessins de bonhommes par les enfants, bras écartés.

On distingue clairement une petite couronne de cheveux, le nez, les yeux, une petite bouche et peut-être des sourcils. De même, les mains sont dotées de doigts.

Le tronc est strié d'entailles qui marquent les côtes et l'on observe clairement deux jambes qui se terminent par deux "paquets" qui dessinent les pieds.

On ne sait rien de l'origine de cette plaque. S'il ne s'agit pas d'art naïf "récent", cela rappelle, paraît-il, les christs qu'on voyait aux calvaires des XVIIème et XVIIIème siècles.

Une autre interprétation qui reste à creuser : il s'agirait d'une oeuvre à la mémoire d'un enfant mort-né dans cette maison, ou quelque chose d'approchant...

Ce qui déroute le plus, c'est la plaque carrée qui figure à gauche du "christ" : rien ne s'y distingue. Peut-être un message ou un décors y a figuré jadis. Mettons que le temps l'ait effacée comme on grattait les parchemins pour pouvoir y écrire à nouveau.






Mais rien n'y viendra plus s'inscrire. Et le mystère sera éternel.

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