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samedi 22 février 2014

Où vivre et mourir à Guémené vers 1640 ?


Il faut dans la vie assouvir ses rêves d'enfant un jour ou l'autre.

Se sachant atteint d'une maladie incurable, un jeune professeur d'université américain de 47 ans donne, le 18 septembre 2007, sa "dernière conférence". Randy Pausch, c'est son nom, déroule une présentation en forme de bilan de sa vie depuis sa naissance, dans un amphithéâtre bourré de parents, d'étudiants, de collègues et d'amis.

Le thème de cette "last lecture" pleine d'humour est l'accomplissement de ses rêves d'enfants : il montre comment les fantaisies que le jeune Randy rêvait de réaliser, l'adulte qu'il a été les a finalement accomplies.

On peut voir la (longue) vidéo de cet événement émouvant sur Youtube, certes en anglais, mais cela vaut vraiment le coup. Randy Pausch mourra dix mois plus tard, laissant une famille, des regrets et des choses à méditer pour chacun.

J'ai toujours été passionné par l'histoire, la géographie et la démographie. Je n'en ai bien entendu jamais fait mon métier, cela aurait été trop facile ! 

Feuilletant pour l'étude de ma généalogie les vieux registres paroissiaux du 17ème siècle se rapportant à Guémené, j'ai toujours éprouvé comme une forme de volupté à retrouver des noms de lieux ou de villages familiers, comme celui de ma Hyonnais ou encore l'Epinay de ma mère, par exemple.

D'un seul coup en effet, ce ne sont plus des lignes d'encre sèches sur du papier, mais des paysages, un décor, une rivière, un vallon, une colline où nos yeux s'arrêtent encore pendant une promenade, par exemple.

Il se trouve que pour la période 1625 à 1648, notamment, le recteur et ses vicaires indiquaient fréquemment le lieu du décès (il ne le faisaient pas pour les baptêmes et mariages).

Je me suis donc dit qu'on pouvait établir, sur cette base, une géographie des morts, en nombre proportionné aux vivants en principe, et donc, par là même occasion, une géographie de la population vivante.

En somme, répondre aux questions suivantes : où mourrait-on et où vivait-on sous Louis XIII et le jeune Louis XIV, dans notre commune. Et si possible combien d'habitants, en ordre de grandeur, pouvaient bien peupler ce territoire.

J'ai donc procédé pour la période 1625-1648 à un relevé du nombre de décès par site (Bourg ou village) mentionné dans les registres.

La zone géographique couverte ne concerne que Guémené-Penfao, à l'exclusion de Beslé (qui à l'époque disposait de ses propres registres paroissiaux) et, à l'évidence, de Guénouvry, pour lequel je n'ai aucune mention dans les registres consultés.

Au total je dispose de 200 décès localisés. Cela ne constitue pas la totalité des morts même de Guémené-Penfao stricto sensu (sans Beslé et Guénouvry), car je n'ai pas dans ce décompte les décès dont la localisation est absente, illisible ou douteuse. Mettons que j'en ai 50%.

On peut admettre que le taux de mortalité annuel moyen de cette époque était de l'ordre de 30 à 35 pour mille et qu'il mourait donc en moyenne 16 personnes par an (200 divisé par 25 ans = 8 décès par an sur un sous-ensemble localisé représentant 50% des morts. Pour 100% , cela fait donc 16 défunts annuels en moyenne).

L'ordre de grandeur de la population de Guémené-Penfao auquel on arrive ainsi est d'environ 400 à 500 individus (16 divisé par le taux de mortalité).

Il faudrait bien sûr y ajouter la population de Beslé et Guénouvry. Ces calculs sont très grossiers, je les laisse à votre appréciation et à votre réflexion...Moi, il me laissent...rêveur...

J'ai fini enfin par trouver un moyen de représentation pour visualiser la répartition de la population sur le territoire (au bout d'un an ! bravo !).

Je propose ci-après une première carte, correspondant au quart sud-est de Guémené-Penfao y compris le Bourg. 

J'ai porté sur la carte les nombres de décès localisés par zone (les chiffres ont une taille sensiblement proportionnelle à leur grandeur : raffinement...), et j'ai entouré les grandes aires de peuplement déduites du dénombrement des décès, faisant donc l'hypothèse d'une corrélation forte entre mortalité et niveau de population.

Ce quart sud-est (avec le Bourg), totalise un peu plus de la moitié de mon échantillon total (110 sur 200). Le Bourg au sens large représente 30% des décès localisés de cette partie (32 sur 110).

J'ai regroupé dans un seul chiffre les villages suivants : la Gré-Jubin, la Guitonnais, la Lucrais, la Bazinais, la Bézirais, la Carinais et la Dehaut, qui ont individuellement peu de morts mais qui forment une aire serrée finalement assez dense.

La carte fait apparaître six grandes zones de peuplement dans le quart sud-est de la commune : 

1 - Le Bourg avec ses "banlieues" très proches (Les Porteaux ; Saint-Clément) ;

2 - Deux groupes peu distants du Bourg, l'un à l'est, à hauteur de Balleron (+ La Bourdonnière et Haute Bruyère), et l'autre au Sud vers Gascaigne et Ville Neuve (voire Callac) ;

3 - Trois autres groupes de peuplement plus éloignés : à l'est, la zone s'étendant de l'Epinay à la Moussaudais (embarquant Saran et la Glaudais) ; au sud-est, un ensemble de villages déjà évoqués auxquels s'ajoute Coisnerion ; et au sud, un ensemble assez étiré du Luc à Tréfoux, en passant par la Mignonnais.

Deux localisations échappent à ces regroupements : Orvault, entre l'Epinay et Balleron, et Bolbrun un peu au milieu de tout.


Forcément, je ne vais pas résister au plaisir de compléter cet article d'autres cartes, ultérieurement...

Voilà, je ne sais pas si cela vous a intéressé, mais moi : c'était un rêve, ça m'a fait plaisir... Enfin, sinon...il y a toujours la vidéo de Randy Pausch sur Youtube pour se consoler...A bientôt sûrement...

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