Rechercher dans ce blog

samedi 8 mars 2014

Le court destin d'Anne-Marie Perrigot et autres


"PERRIGOT Anne Marie, née à Guenouvry (Loire-Inférieure) le 9 avril 1915, 28 ans, célibataire, religieuse, domiciliée à Nantes – rue Deshoulières, décédée le 16 septembre 1943, rue Deshoulières. Morte pour la France."


Anne-Marie Perrigot était la fille de Julien Perrigot et de Marie-Ange Audrain.

Elle était née au village du Verger, dans une grosse ferme dans laquelle travaillaient non seulement sa grand-mère (Anne-Marie Audrain) et ses parents, mais également plusieurs domestiques. Elle avait une sœur aînée, Marie-Bernadette, née en 1912.

Marie-Ange, Anne-Marie, Marie-Bernadette : sans doute une famille pieuse...

Je suis à peu près sûr que son nom ne figure pas sur le monument aux morts de Guénouvry, bien que les archives, dont j'ai reproduit un extrait au début de ce sujet, fassent état de sa mort pour la France.

En tout cas, pour une religieuse, ce fut une mort tombée du ciel : en effet, le 16 septembre 1943, les sirènes de Nantes sonnent leur 321ème alerte.

Peu après, 147 forteresses volantes américaines commencent à bombarder la ville, touchant de nombreux quartiers et bâtiments dont l'Hotel-Dieu.

Il est 15 h 30, Anne-Marie a encore moins d'un quart d'heure à vivre. D'ici là, 1.450 bombes auront atteint le sol nantais dont une, fatale à la religieuse.

Trois autres personnes originaires de Guémené vont trouver la mort ce jour-là à Nantes.

Tous ces morts pour la France reposent au cimetière de La Chauvinière. 

Voici les trois autres :

"COLLIAUX Isidore Marie Raymond, né à Guémené-Penfao (Loire-Inférieure) le 12 février 1906, 37 ans, marié à Yvonne Renée Baptistine MORTIER, marchand de poissons,domicilié à Nantes – 8 rue de l’Emery, décédé le 16 septembre 1943, rue de l’Arche-Sèche. Mort pour la France."

Son père était déjà marchand de poissons et s'était marié à Guénouvry avec une jeune femme de Plessé. Isidore avait reçu une formation de pâtissier. Voici sa photo en militaire :


Et puis il y a encore :

"LETHU Marguerite épouse PERRAIS, née à Guémené-Penfao (Loire-Inférieure) le 14 août 1911, 32 ans, mariée à Louis François Marie PERRAIS, domiciliée à Nantes15 bis quai du Commandant-Charcot, décédée le 16 septembre 1943. Morte pour la France."

Les Lethu était des voisins de l'Epinay au temps où ma mère y vivait, c'est-à-dire dans les années 20 et au début des années 30 du siècle passé.

Travaillant comme bonne à Nantes, ma mère eut l'occasion d'y rencontrer Marguerite Lethu et sa sœur aînée, Yvonne. Elles étaient toutes deux employées aux cuisines de l'Hôtel-Dieu où ma mère était venue rendre visite en 1938, peu de temps avant de partir pour Paris, à Emile Mocquet qui y était hospitalisé.

Beaucoup de malades et de personnels de cet hôpital furent victimes des bombardements alliés de septembre 1943, dont Marguerite Lethu, donc, alors qu'elle préparait avec sa sœur la tambouille du soir. Morte pour la France.

Sa sœur Yvonne n'y laissa qu'une jambe, une jambe pour la France.

Et enfin :

"MAHÉ Armand Jean Marie, né à Guémené-Penfao (Loire-Inférieure) le 12 avril 1897, 46 ans, marié à Alphonsine Célestine Marie BENOIST, graisseur, domicilié à Nantes – 36 rue des Boërs, décédé le 16 septembre 1943, place Alexis-Ricordeau. Mort pour la France."

Armand été né aussi à l'Epinay, comme les filles Lethu et ma mère, de parents cultivateurs (Jean Mahé et Rose Lemoine). Il 'était pas bien grand, à l'instar des jeunes gens de son époque (1 m 64), possédait un petit nez et des yeux marrons. Il n'était guère instruit et à 20 ans il pratiquait le métier de laveur de voiture à Guémené. Evidemment, il avait l'âge d'aller mourir pour la France dès 1915.

Pourtant pas trop regardante, la France lui demanda cependant de rester chez lui pour "faiblesse". Quand même, elle finit par l'incorporer dans l'artillerie en mai 1918. Bien vite cependant, le soldat Mahé est versé dans le service auxiliaire pour "douleurs rhumatismales avec malformation des pieds". Pas pratique en effet pour tirer au canon.

L'Armée le réforma définitivement suite à une fracture du col du fémur laissant un cal volumineux et douloureux. Bref, pas l'étoffe d'un héros, comme on dit. Et pourtant...

Voilà pour la mémoire de ces pauvres gens de Guémené.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire