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samedi 15 mars 2014

Honneur à Maxime Amossé qui gardait la Paix


Encore un enfant de Guémené mort pour la France. A ma connaissance, rien, à Guémené, ne commémore cet héroïque événement : Maxime Honoré Amossé expira aux beaux jours de la Libération, en exil à Nantes où il était parti gagné sa vie.

Et on sait que partir c'est déjà mourir un peu ; alors mourir, vous pensez bien, c'est mourir beaucoup.

Ceux qui eut la chance de mourir pour la France pourraient échapper à cette fatalité de l'oubli. Mais certains héros infortunés, tel Maxime Honoré, ont hélas échoué à cette session de rattrapage du Néant.

Je ne sais pas où il naquit précisément à Guémené, ce 22 janvier 1895. Peut-être à la Bourdonnière, ce petit hameau à la sortie du Bourg, à deux trois kilomètres à gauche en allant sur Redon, juste avant le village du Pigeon Blanc. En tout cas c'est à cet endroit qu'on le retrouve avec sa famille à partir de 1901.

De la même génération que ma grand-mère, il est le fils d'un journalier, Jean-Marie Amossé, et de Marie-Ange Chenaud, lesquels se sont mariés à Guémené le 18 novembre 1894. Il sera l'aîné d'une assez vaste fratrie composée de trois sœurs et de deux frères.

Jeune adulte, c'était un petit bonhomme d'un mètre soixante aux cheveux châtains, aux yeux marrons et présentant un visage long.

Maxime Honoré Amossé disposait d'un niveau d'instruction primaire, peut-être un peu meilleur que la moyenne de sa génération.

A vingt ans on le présente comme "roulier" (voiturier, transporteur), mais c'est sous l'uniforme des forces de l'ordre, qu'il incorpore en tant que gardien de la paix de la police municipale de Nantes le 25 janvier 1938, qu'il terminera sa carrière, ainsi que son existence.

Son goût juvénile des transports le conduit tout naturellement, entre temps, aux Chemins de Fer de l'Etat, juste après la Grande Guerre, dont la grandeur efface la petitesse de toutes les autres, cela va de soi.

Sa vocation naturelle de héros, prêt à verser son sang rural pour la Patrie en danger, trouva à s'exprimer à partir de septembre 1915. Chasseur à pied, il gravit alors allègrement les premiers échelons de la hiérarchie militaire : caporal en juillet 1917, sergent en mars 1919.


C'est d'ailleurs au pied droit que ce chasseur piéton, probablement émérite, reçut une balle qui provoqua une "plaie en séton" . On demeure perplexe face à un tel prodige. Pensez : le projectile passa sous la peau sans pénétrer de muscle... Enfin, son sang coula, mais par une blessure plutôt superficielle.

Par ailleurs, des courbatures fébriles amenèrent l'Autorité militaire et médicale à l'évacuer en juillet 1917.

Au total, le soldat Maxime Amossé avait bien mérité de la Patrie. Mais la France n'avait pas encore eu sa mort.

Une citation à l'ordre de la Division, en novembre 1917, et une autre à celui du Bataillon, en septembre 1918, furent suivies d'une médaille militaire qu'on lui conféra le 29 décembre 1921, pour ses étrennes, en somme.

Dans l'entre-deux-guerres, il résida à la périphérie de Nantes, route de Saint-Joseph de la Porterie, aux Deux-Tours (ou Deux-Fours, lieu-dit non retrouvé), du côté de l'actuelle ZAC "Erdre-Porterie", où se trouvait le champ de Tir du Bêle, un champ de tir devenu lieu de mémoire.



En effet, ce camp d’entraînement militaire depuis 1879, devenu champ de tir, représente, pendant la Seconde Guerre mondiale, le principal lieu d’exécution des résistants à Nantes. En tout, ce sont plus de 80 personnes qui y seront fusillées.

Tout prêt de là, le gardien de la paix brigadier Maxime Amossé, membre alors de la police d'Etat française, exerça à la Libération la responsabilité du maintien de l'ordre autour du campement militaire abandonné par la troupe allemande. Cette charge lui fut finalement fatale.

Les circonstances sont peu claires. Toutefois, il semble que le brigadier trouva la mort en manipulant une grenade ennemie abandonnée qui lui explosa au nez, le 12 août 1944.

Dans sa grande humanité, le maire de Nantes (est-ce Henry Orrion, décoré de la Francisque et révoqué le 28 août 1944, ou son successeur, Clovis Constant ?) permit l’inhumation du policier d'Etat Maxime Amossé selon la tradition des employés municipaux victimes du devoir, qui sont inhumés dans une concession perpétuelle réservée aux braves.

Un an après ou presque, le 3 août 1944, la mention "mort pour la France" fut ajoutée sur son acte de décès. 

Sans doute le temps de la réflexion.

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