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samedi 7 juin 2014

Où tomber en chaintres à Guémené ?


Il y a environ un millier de lieux-dits sur toute l'étendue de la commune de Guémené. En tout cas dont on conserve aujourd'hui la mémoire.

Je me suis penché sur ceux qui sont associés au vocable "chaintre", encore écrit "chintre".

Le terme "chaintre" est un terme d'agriculture (qui m'était personnellement inconnu) qui revêt plusieurs signification que je livre ci-après.

Ce terme peut ainsi désigner une petite excavation en bout de champ qui sert d'égout aux eaux pluviales. Une autre acceptation est celle de bordure d'un champ ou d’extrémité de sillon. On trouve également, parmi les définitions, la notion de réserve de pâturage pour le bétail. Enfin, ce mot fait référence à un mode de culture de la vigne spécifique aux départements de l'Ouest de la France.

Sur la commune de Guémené, il existe sept endroits portant le simple terme de "la Chaintre". Ils sont situés tout près des villages suivants : Richebourg, la Foie, le Port Jarnier, la Daviais, Beix, le Jarrier, la Bazinais.

Dans l'orthographe alternative de "la Chintre", sont concernés les hameaux suivants : Juzet, les Chatelais, Retz, les Landelles, les Drieux.

Sous la forme plurielle, on repère des "Chaintres" au Bas-Méauduc et des "Chintres" au Bot, dans le bourg de Guenouvry, à Libon et à la Bruchais.

Et puis, il y a "Chaintre" (ou "Chintre") et "Chaintre" (ou "Chintre").

Et pour ne pas les confondre, elles sont alors distinguées par un complément de lieu.

On a ainsi la "Chaintre du Puits" (le Bot), la "Chaintre de Derrière" (la Saunerie), la "Chaintre de la Fusaie" (Retz), la "Chaintre de Devant" (la Daviais). 

Dans le même ordre d'idée, on relève une "Chintre de la Forgeraie" (Bas-Méauduc), une "Chintre du Bas" (le Bot), une "Chintre de la Renaudière" (Dastres).

Au pluriel, on notera encore "les Chintres Marchand" (Dastres) et "les Chintres du Four" (Feuilly).

Pour terminer cet inventaire, il conviendrait d'ajouter "Sous les Chintres" (zone relativement importante aux confins de Guémené et de Massérac, au-dessus du village du Verselet) ; le "Pré sous les Chintres" (Bas-Méauduc) et "les Chintraux" (le Bot).

Les emplacements correspondant aux lieu-dits évoqués précédemment sont de façon assez frappante toujours situés au voisinage immédiat d'habitations.

Comme on le constate à l'énoncé des villages de Guémené concernés par ce toponyme, il en existe une certaine concentration, ne particulier dans région la comprise entre le Bot, Juzet et les hameaux au sud-est de Juzet, jusqu'à la rivière du Don.

Il est possible que le toponyme "Chaintre" n'est pas eu en tous lieux la même signification. Sa densité récurrente dans les villages me laisse à croire pourtant qu'il s'agit probablement du terme de viticulture qui est employé, même si la culture de la vigne n'a pas dû être très extensive à Guémené, par le passé. 

Cette dernière assertion peut être tempérée par l'observation que des pieds de vignes sont néanmoins fréquents dans les villages, sur la façade sud des habitations (comme j'ai pu l'observer dans mon enfance à La Hyonnais).

Je finirai donc cette divagation du jour sur cette technique de culture de la vigne qui paraît avoir été inventée au milieu du XIXè siècle dans la commune de Chissay, dans le Loir-et-Cher, par un certain Etienne Denis.



J'emprunte à un ouvrage de l'époque, écrit par un instituteur de cette commune, intitulé "Culture de la vigne en chaintres".

Il s'agit dans une même pièce de terrain de planter des ceps très espacés et de cultiver du fourrage ou des céréales. Le travail de la pièce se fait à la charrue et non à bras comme il conviendrait si les ceps étaient plantés plus drus.

Les vignes se caractérisent par la longueur très importante des sarments qui se déploient bas au-dessus du le sol, soutenus par de petites fourches de bois. Quand vient le moment du charruage, les sarments sont rabattus pour laisser passer les socs.



Il paraît que ce procédé enrichit le brave Père Denis, son inventeur.

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