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dimanche 12 octobre 2014

Commencement


Recommencement d'abord, puisque voilà plus de deux mois qu'aucun article n'est plus venu alimenté ce blog.

Fin aussi, puisque voilà cinq semaines que celle qui bien souvent inspirait et nourrissait ce site de ses souvenirs d'enfance ou de jeunesse, s'est éteinte.

La raison qui m'a poussé à écrire mes petites histoires et à les soumettre à la bienveillance publique, à convoquer ce passé ; ce mélange de curiosité historique ou sociologique et d'évocations personnelles ou familiales ; ce souci de conférer de l’héroïsme (c'est-à-dire de la considération publique) aux pauvres gens, mes ancêtres de Guémené, tout cela ne s'est pas éteint le 7 septembre dernier à 11 heures 15. Bien au contraire.

Je ne peux concevoir en effet que la vie du moindre d'entre nous ne vaille celle du plus encensé des hommes. Et alors que l'on consacre des articles et des livres à ceux que l'écume des choses portent bien souvent sur le devant de la scène le temps d'une mode, une urgence imparable m'invite à tenter de restituer un peu de la gloire obscure de ceux qui luttaient pour simplement survivre ou nourrir les leurs. Ma mère fut de ceux-ci.

Il y aurait beaucoup à dire à ce sujet, et j'ai eu l'occasion de l'exprimer longuement déjà en l'église de Guémené, devant les amis et voisins du village de La Hyonnais ou d'ailleurs, qui s'étaient assemblés pour l'ultime hommage. Née à Guémené, entourée d'hommes et de femmes de Guémené :  accompagnée pour son dernier voyage d'hommes et de femmes de Guémené...


Ma mère a vécu 34.095 jours sur cette terre, mais on peut commencer par le commencement, et parler des deux premiers.

Elle est ainsi née à L'Epinay, à 11 heures 15 (heure aussi de son décès), le mardi 3 mai 1921, de parents alors désignés comme cultivateurs. Leur maison existe toujours, quoique désertée par la famille : c'est l'une des premières à droite de la route quand on entre dans ce village en venant de la route de Redon.

Gilles Durand est alors maire et c'est lui qui, le lendemain après-midi vers 16 heures, enregistre la naissance d'Anne Marie Aimée Legendre, fille - et premier enfant - d'Aimé Julien et d'Augustine Marie Josèphe Ferré qui s'étaient mariés le 3 juillet de l'année précédente.

Le frère jumeau du papa, Pierre Legendre, cultivateur à L'Epinay également, est témoin, ainsi qu'un employé de Guémené, Jean Taillandier.


Le jour-même de l'enregistrement de l'enfant à l'état civil, se tint le baptême. Le parrain était l'oncle Pierre Legendre, mentionné ci-dessus, et la marraine, la grand-mère maternelle Françoise, dénommée Ferré dans l'acte par le vicaire, mais qui vivait déjà séparée de son mari et dont le nom de "jeune fille" était Brard. Sa signature semble absente de l'acte de baptême.

En bas à droite du document, la signature du vicaire Pierre Boya, originaire de Cordemais et âgé de 44 ans à l'époque, est élaborée : elle tranche sur les signatures plus "immatures" des deux "paysans".





En rangeant des affaires de ma mère dans son appartement, nous sommes tombés récemment sur un paquet contenant notamment son bonnet de baptême, petite chose frêle qu'elle avait donc sauvée tout au long de sa vie des outrages et des tribulations. Émotion...cette femme a portée avec elle ce petit souvenir pendant tant d'années et on n'en a jamais rien su...

Voici donc un témoignage de ce que les nouveaux-nés pouvaient bien porter en cette occasion solennelle, il y a près d'un siècle, et même avant car il est bien possible que ce couvre-chef ait appartenu à quelque autre bébé plus ancien, de la famille ou du voisinage...

Ce petit bonnet doublé de dentelle et de gaze comporte un ruban en forme de jugulaire et deux autres qui pendent sur le côté et qui devaient probablement être noués sous le menton. Une petite étiquette manuscrite, de son écriture si typique pour moi, était jointe au fragile objet : "Mon bonnet de baptême 1921"
















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