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dimanche 8 février 2015

Nouveautés sur le presbytère de Guémené


Le mémoire de Marie-Pierre Guérin (déjà sollicité la semaine passée pour l'article sur les missions), me permet de compléter le dossier sur le presbytère de Guémené auquel un article avait, là aussi, été consacré, naguère (15 août 2013).

On rappelle que son avènement fut compliqué. L'ancien presbytère - qui se trouvait au même endroit - menaçant ruine, il fallut se résoudre à l'abattre et à le reconstruire. L'affaire fut longue car l'argent manquait. Ce n'est qu'en septembre 1865 que les prêtres de Guémené - qui avaient évacué l'ancien bâtiment en 1863 pour se réfugier chez une bonne dame du bourg (madame de la Ville Aubry, née de Boisfleury) - emménagent dans leur "petit château" nouvellement édifié.













Trois architectes se sont penchés sur le dossier. Le premier fut un certain Leberge (ou Liberge) dont les travaux furent repris et augmentés par Ogée son successeur, très probablement Emile Paul Ogée, né à Nantes en 1826 et mort dans la même ville en 1879, fils d'un architecte-voyer de la Ville de Nantes et petit-fils d'u architecte conservateur des bâtiments civils de cette ville.

Le projet Ogée fut approuvé par par le conseil de fabrique de Guémené lors de différentes réunions tenues en 1861. Il fallut encore deux ans de mise au point avant que ce projet ne soit envoyé à la commission des bâtiments civils.

Mais celle-ci le rejette en juin 1863 sur rapport d'un certain Bourgerel (Gustave), architecte du département de la Loire-Inférieur, qui n'y va pas avec le dos de la truelle sur le compte du boulot réalisé par son cher collègue Ogée.

Il y pointe en effet de nombreuses faiblesses : vestibule desservant indûment à la fois une pièce destinée au public (parloir) et d'autres destinées aux prêtres (cuisine, salon) ; existence d'une chambre de réserve inutile et défaut de salle à manger ; manque de cabinets d'aisance "indispensables" à l'étage ; surnombre de cabinets de toilette ; lucarnes de façade inutiles ; croupes (toiture) "inexécutables"....(osant un jeu de mot franco-anglais-sportif, on pourrait dire que, et pourtant, normalement : "Ogée c'est nice !...")

Emile Ogée

Pendant ce temps-là, l'ancien presbytère s'écroule. L'évêque de Nantes décide d'envoyer un autre architecte, Gilée, Henri de son prénom, dresser un état des lieux : les murs en terre sont lézardés ; les lézardes s'accentuent de jour en jour ; les tuyaux de cheminée laissent pénétrer la fumée dans les pièces ; les solives menacent du fait de l'écartement des murs ; les planchers sont en mauvais état ; les planches sont disjointes et on peut tomber à cause des trous ; la charpente est en ruine ; le faîtage a disparu ; les chevrons sont portés par des lattes pourries ; l'eau et l'air rentrent par la couverture délabrée...

Sans grande surprise, Gilée recommande l'évacuation immédiate de ce bâtiment...

Un nouveau plan (et un nouveau devis) est réalisé par l'architecte...Gilée. Celui-ci est né en 1816, à Nantes, et il y décède en 1885. Membre de la commission départementale des bâtiments civils, il fut l'architecte de nombreux bâtiments religieux dans la région et était fils...d'architecte (Louis).

Le projet Gilée fut accepté par la commission départementale des bâtiments civils le 26 février 1864.

S'en suivit un cahier des charges débouchant sur une adjudication des travaux qui se tint le 30 mars 1864 : sept soumissions ayant été déposées, ce fut celle de l'entrepreneur de Pipriac André-Marie Bouche qui fut retenue. Ce dernier s'engage alors à réaliser les travaux en un an, avec un rabais de sept et demi pour cent.

On ne peut pas dire que cette construction fut sans difficulté. 

Bien sûr, il y eut la pose grandiose de la première pierre que j'ai un peu narrée lors de l'article de 2013, en me trompant d'ailleurs sur l'évêque qui y présida. En effet, celui de Nantes étant malade, il ne put se déplacer et fila le mistigri à un collègue, l'évêque de Vincennes, Mgr de la Hailandière.

Ce brave homme arriva à Guémené par le Bout des Ponts, venant de Guénouvry où il y avait confirmé quelques enfants. Débouchant au carrefour des routes de Plessé, Guénouvry et Blain, une délégation l'attendait, formée du curé et de ses vicaires, du maire, du juge de paix, des membres du conseil municipal et de quelques ratons-laveurs.

La population s'était agglutinée sur le pont sur le Don et sur la passerelle qui enjambe cette rivière parallèlement, ainsi qu'au carrefour des trois routes. Monseigneur étant grand seigneur, il daigna accorder sa bénédiction à ces braves gens pieusement agenouillés en travers de la chaussée.

Monseigneur étant aussi un peu pyromane, il ne se fit pas prier pour allumer un feu de joie : la foule enthousiaste se mit à vociférer des "Vive Monseigneur !", à éructer des "Vive Pie IX !", à beugler des "Vive la Religion !" que l'écho s'empressa d'épandre sur les contrées alentour. Une bonne flambée : voilà comment on devrait de nos jours ranimer la flamme vacillante de la foi...!

En principe, il reste un témoignage visible de cette fiesta : la première pierre fut en effet placée dans un contrefort de la façade nord et elle porte gravée une croix ainsi que la date de la cérémonie (7 juin 1864). Il faudra que je vérifie à l'occasion.

C'est ensuite que les choses se gâtèrent un peu. Bouche, l'entrepreneur, commença par ne pas tenir ses engagements et mit très peu d'ouvriers à disposition du chantier. Une bagarre s'engagea avec le maire, le curé, l'architecte,... Finalement les travaux avancèrent à l'automne 1864. Une embrouille financière vint se greffer là-dessus...Cahin-caha, tout s'arrangea et après quinze mois de chantier, l'édifice fut habité par ses saints locataires.

Le presbytère est construit dans un style néo-gothique bien dans le goût de cette époque.

Il comprend un soubassement sous toute l'étendue du bâtiment, avec caves et magasins ; un rez-de-chaussée avec deux vestibules (un côté cour et un côté jardin), une cuisine, un office, un parloir, une salle à manger et un salon ; un premier étage composé de cinq chambres dont quatre disposant d'un cabinet de toilette (finalement !) et une disposant d'un cabinet de travail ; un second étage avec quatre chambres, quatre greniers et des lieux d'aisance.

Il dispose d'un vaste jardin clos qu'on peut voir encore de nos jours. Il faut savoir qu'une loi de 1802 imposait aux communes non seulement de mettre à disposition des prêtres un logement, mais également un jardin.

Ci-dessous, pour terminer, des plans, dont celui (en premier), assez difficile à lire mais tout à fait intéressant, de l'ancien presbytère.





















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