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dimanche 1 mars 2015

La vieille poste


Etant pas mal pris depuis quelques mois, je n'arrive pas à maintenir un rythme de production aussi élevé que souhaitable. J'en suis désolé.

En attendant de retrouver la cadence, voici une petit sujet sur la poste, la vieille.

Quand dans les années 60 du siècle passé, mes parents me confiaient pour les vacances à ma grand-mère Gustine et à ma tante Madeleine-qui-m'a-élevé, le temps devait leur paraître bien long. Et si mon père m'envoyait une carte postale fantaisie tous les jours ou presque (je les ai d'ailleurs conservées), les nouvelles dans l'autre sens n'allaient pas aussi fort...

Il restait le téléphone, heureusement. Bien sûr nous ne l'avions pas à La Hyonnais, ni personne d'ailleurs.

Il fallait aller chez la bouchère, Madame Poupon ou à la poste.

J'aimais bien aller chez la bouchère, car c'était comme pénétrer dans les coulisses d'une entreprise mystérieuse. Dans un salon, trônait un lit breton, un rouet et sans doute d'autres choses qui ne m'ont pas marqué. Et puis surtout un téléphone noir sans cadran, contrairement à ceux qu'on avait à Paris. C'était donc cela l'envers d'une boucherie.

A la place du cadran avec chiffres et lettres, l'appareil téléphonique local proposait une espèce de patte en métal qu'il fallait actionner latéralement un fois ou deux pour alerter et joindre une opératrice à qui l'on dictait son numéro d'appel et qui vous rappelait quand la liaison était établie. 

Je n'ai pourtant pas le souvenir qu'on ait jamais fait cela. Bien plutôt une rendez-vous était-il convenu, par exemple le dimanche après la messe de onze heures, et, dans le salon, nous attendions sagement et tout endimanchés, grand-mère Gustine, ma tante-Madeleine-qui-m'a élevé et moi, que le téléphone veuille bien sonner.

Les conversations ne devaient pas durer bien longtemps, ma mère maîtrisant parfaitement les tarifs, étant elle-même téléphoniste (et très économe).

Pourquoi donc alors sommes-nous allés à la poste quelques fois pour téléphoner ? Je l'ignore.

Je ne peux pas dire que j'y conserve des souvenirs très précis : il me semble cependant que c'est là que j'ai appris, sans doute de façon précoce, ce qu'est un appel "en PCV". Et je trouvais ça génial de ne pas payer (encore aujourd'hui,...).

J'ai cependant toujours aimé ce bâtiment qui porte, gravée sur sa façade en lettres surannées, sa raison d'être.

C'est sans doute dans le courant de l'année 1891 que le projet de cet "hôtel des postes" voit le jour.

En effet, le 24 janvier 1892, le Maire de Guémené (Fidèle Simon fils) aborde le sujet de la construction de ce bâtiment avec son Conseil municipal en faisant état de l'aboutissement de longs pourparlers entre lui et l'Administration des Postes et Télégraphes.

On apprend ainsi que cette Administration a cherché en vain à louer une maison dans Guémené pour y installer son bureau et s'est donc retournée vers le Maire pour trouver une autre solution.

L'arrangement proposé est le suivant : la Commune vend à l'Etat un terrain, en face de l'école de garçons, terrain situé à l'angle de ce qui étaient  à l'époque deux chemins vicinaux.

La Commune, pour sa part, construit le bâtiment pour le compte de l'Etat. Ce dernier paierait, une fois l'hôtel réalisé, trente annuités de 900 francs. Compte tenu du coût estimé de la construction, cela reviendrait à vendre le terrain de 310 mètres carrés 5.090 francs.

Le bâti comprendrait non seulement l'hôtel, mais également le mur de clôture. Un puits et une pompe sont également prévus. Si, lors de l'adjudication des travaux, on dégage une économie, elle serait affectée au profit de l'agrandissement de la cave.

Pour l'ensemble de ce dispositif, l'Etat propose à la Commune de Guémené un "traité". En l'espèce, l'Etat est représenté par le Ministre du Commerce, de l'Industrie et des Colonies, un certain Jules Roche. On ne voit pas très bien d'ailleurs, si un dossier de ce type relève du Commerce, l'Industrie ou des Colonies...

En face, c'est bien sûr Fidèle II, fils de papa et député-maire de Guémené, qui représente la Commune.

Ce "traité" prévoit d'abord que la Commune s'engage à construire un "immeuble destiné au service de la Poste et du Télégraphe ainsi que, le cas échéant, du Téléphone". Le plan retenu est celui de l'architecte de la Commune de Guémené, dont le nom n'est pas connu à ce jour.

Les travaux doivent durer au maximum six mois après l'accord du Ministre.

Un article prévoit en outre que si la Commune disposait de "conduites d'eau et de gaz", elle s'engagerait à faire bénéficier l'hôtel des postes des tarifs préférentiels consentis aux établissements municipaux.

Le Conseil municipal de Guémené approuve le dispositif proposé par son Maire.

Lors de la séance suivante, le 9 avril 1892, on apprend que le Ministre a apposé sa signature au "traité". Le Conseil y vote la proposition du Maire de réaliser un emprunt auprès du Crédit Foncier de France pour financer les travaux.

Une nouvelle réunion du Conseil Municipal a lieu le 15 mai 1892, suite aux élections du 1er mai précédent. Outre que le Simon de service y est élu Maire à nouveau, on revient sur la construction de l'hôtel des postes pour signaler que l'adjudication des travaux aura lieu le jeudi 26 mai 1892, à deux heures "du soir", à la mairie. Le Conseil désigne quatre "délégués" pour suivre cette session : MM. Durand, Chenet, Lucas et Chapron.

Sans doute l'affaire suivit-elle normalement son cours car on n'en entend plus parler avant le 7 avril 1895 où l'on apprend que le Directeur des Postes de la Loire-Inférieur autorise la Commune à construire des trottoirs devant la Poste de Guémené, l'Etat prenant une partie des frais à sa charge.

Le second bâtiment, plus petit et à l'angle des rues, est une adjonction plus récente.


Arrière de l'ancienne Poste




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