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lundi 6 avril 2015

Le Chanoire Courgeon


Le patrimoine c'est aussi les hommes et pas seulement les pierres. Parfois, il ne reste des hommes que des pierres : on appelle cela des tombes. Au cimetière, celles des prêtres nés ou officiant à Guémené sont identifiables en ce qu'elle sont massives et qu'elles longent l'allée centrale.

Parmi celles-ci, je voudrais m'arrêter un instant sur celle du Chanoine Courgeon qui fit une brillante carrière ecclésiastique et qui, de ce fait, fit l'ornement du catholicisme guémenois à la grande charnière des XIXème et XXème siècles.

Sa tombe vaut son pesant de granit : aucune chance de s'échapper. La pierre qui la recouvre est sculptée d'une grande croix : il faut se pencher pour apprendre sur sa tranche frontale qu'il s'agit de la sépulture de "Monsieur l'abbé Henri Courgeon". La seconde ligne de l'inscription mentionne qu'il fut chanoine et, à son extrémité, on devine qu'il est question de Nantes.

Cette tombe se trouve juste devant celle de l'abbé Joseph Revert, curé de Guémené à la fin du XIXème siècle, à qui l'on doit l'église monumentale de Guémené, dont j'ai déjà largement parlé.

















Ce prélat était né le 7 janvier 1850 à Guémené, certes, mais plus précisément au Grand Moulin du bas du bourg, où son père, Auguste Courgeon était "farinier", ce qui n'est guère surprenant en ce lieu. La maman du futur ensoutané s'appelait Françoise Prier. Auguste était le fils de François, lui-même farinier en ce Grand Moulin, à son époque.

Ses parents donnèrent au bambin les doux prénoms de Henri Aimé Marie. Si l'on ne sait pas grand-chose de son enfance et de son adolescence qu'on présume studieuses et appliquées, sa carrière religieuse est en revanche plutôt documentée.

Il fut ordonné prêtre en 1874. Il entame alors un cursus orienté vers l'enseignement catholique. Il est ainsi maître d'études au Petit-Séminaire en 1875 puis à l'Ecole Normale Ecclésiastique en 1875 / 1876. Il est ensuite nommé préfet des études à Saint-Stanislas et au Petit-Séminaire en 1882 / 1885. A cette dernière date, il devient Supérieur de Guérande puis chanoine prébendé (il reçoit une paie) en 1888. Bref, une belle réussite.

On ne peut éviter de penser que sa vocation tienne à l'exemple d'un sien oncle, originaire de Guémené également, François René (ou Aimé) Courgeon.

Tonton était né le 1er pluviôse an VIII, autrement dit le 21 janvier 1800, et fut enregistré à l'état-civil (sinon baptisé) par François Maillard, prêtre révolutionnaire et premier maire de Guémené. Il était fils d'un meunier du bourg, François Courgeon.

Ce précurseur familial fut ainsi en 1825 professeur au Petit-Séminaire puis prêtre en 1827. Il suit alors un cursus d'officiant, œuvrant d'abord à Herbignac comme vicaire, puis à Piriac comme curé en 1832. Nommé curé de Notre-Dame de Clisson en 1846, il y décède le 13 décembre 1870.

Henri Courgeon porta plus haut que son oncle les couleurs de la famille dans la carrière et, comme je l'ai raconté à propos de l'inauguration de l'école Saint-Michel de Guémené lors de laquelle il prit la parole, il fut dans le département de Loire-Inférieure l'un des fers de lance de la reconquête catholique face à la laïcisation de l'enseignement.

Hélas, toutes les bonnes choses ont une fin et Henri Courgeon finit lui aussi par monter au ciel. Il s'éteignit en juillet 1922 au Bon-Pasteur à Nantes, où il s'était retiré.

Les obsèques furent l'occasion d'un rassemblement de prêtres du voisinage et d'ailleurs dans le diocèse, qui formèrent dans le vaste choeur de l'église "une belle couronne". De surcroît, "tout ce que Guémené compte de vieilles familles fidèles aux traditions était représenté et accompagna le corps jusqu'au vaste cimetière où il fut déposé à l'ombre de la croix de granit qui en occupe le centre".

Le poète journaliste qui écrivit ces derniers mots précise que "c'était le vœu le plus cher de celui qu'on appelait le "bon chanoine" de dormir son dernier sommeil dans la terre natale qu'il avait tant chantée et tant aimée".

Bon ben voilà, il y est toujours.

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