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samedi 5 avril 2014

La croix et la manière (7)


Il faisait printemps et même chaud dimanche dernier : pourquoi ne pas aller explorer quelque(s) recoins(s) de la commune ?

C'est ainsi que, prétextant une nouvelle chasse aux croix de chemins, je me suis dirigé vers le bourg pour emprunter la route de Redon. Objectif final de l'expédition : la croix de la Glaudais, à l'extrême ouest de Guémené.

Mais pour atteindre ce but, encore faut-il marquer certaines étapes.

La première est désolante : à quelques centaines de mètres du bourg, à l'angle de la route de Redon et du chemin de La Potinais, à hauteur du village du Pigeon Blanc, gît le reste d'un petit calvaire (33) dont on distingue à peine le socle de grosses pierres jaunes cerné de végétation. Sa croix est partie et personne n'a songé à la remettre. Ainsi s'en va le petit patrimoine.

























Pas question d'en rester là, cela va de soi. En poursuivant le long de la route de Redon, on passe le pont de la Rondelle et bientôt sur la gauche, voici le village d'Orvault. Il y a juste en face du chemin qui y mène, sur le bord droit de la route départementale, une autre croix, perdue dans un massif de ce qui doit être du laurier.

Quand on regarde à quelque distance le site, on distingue trois arbres à l'arrière plan, qui ne sont pas sans rappeler les trois croix du Golgotha, celui du milieu étant plus grand que les deux autres.




De loin, seul un bout de maçonnerie blanche se distingue vraiment. Il faut aller au plus près pour apercevoir le pauvre crucifix de métal peint de couleur argentée (31).

De près justement, le christ à l'air excédé de cet étouffant envahissement de verdure qui vient le chatouiller jusque sous les bras, et de très près, on a même l'impression de l'entendre s'en plaindre.




Je reprends mon chemin, toujours en direction de Redon.

Un kilomètre et demi après Orvault, sur la gauche, se trouve le village de l'Epinay, lieu de naissance de mes ancêtres Legendre. Le temps de biser une gentille cousine et de faire un brin de papote, j'ai tôt fait de traverser ce grand village et de trouver la route de Fégréac que j'emprunte à droite sur deux cents mètres. Stop à la Jaunais d'où une petite route, à gauche, dessert une rafale d'autres lieux-dits.

C'est à ce carrefour que se situe une nouvelle croix intéressante.

Sur une assez haute base formée de pierres de silex, une croix métallique ajourée est fichée (30).

Elle émerge d'un champ et semble affublée d'une robe longue faite de végétation, traînant au sol.

A l'intersection des deux branches, dans un cercle tressé, un petit christ mort (sa tête repose sur son épaule) a l'air de s'ennuyer depuis pas mal de temps.

Au pied de la croix, dans un petit coeur de tôle argentée, on a écrit à la peinture noire le nom des familles sans doute à l'origine de cet édifice. Le premier nom est en grande partie effacé, mais on devine ensuite celui de Hamon (peut-être) puis celui de Ferré (s'il s'agit des Ferré de l'Epinay, c'était des parents).

La pointe du coeur se termine par un petit dessin représentant une croix sur un petit socle.

La partie inférieure du monument comporte une petite niche grillagée qui a dû renfermer par le passé quelque statuette de saint-vierge probablement, à laquelle les villageois environnant ne manquèrent sans doute pas de faire leurs dévotions.




Il temps de partir et de suivre cette petite route qui plonge dans le quart sud-ouest de la commune. Ne suivant que le plaisir que me procure la promenade dans la campagne ensoleillée, je m'égare dans les chemins déserts de ce dimanche matin, trop au sud pour ma destination. Mais qu'importe, c'est tellement agréable.

Je rebrousse chemin vers la Moussaudais et je prends la direction du Pas Heurtel. A quelques centaines de mètres, je dépasse le hameau de la Glaudais. Un ruisseau à gauche marque la séparation d'avec la commune limitrophe d'Avessac. Les maisons sont encore endormies, le ruisseau frontière fait entendre son débit. On est ici au bout du monde, dans le calme de la campagne sereine, sous le soleil printanier et bienfaisant : on aimerait pouvoir y rester longtemps.

A quelques pas de la dernière maison, le dos au ruisseau, se tient la dernière croix de cette nouvelle expédition (32).




Au fond, ce n'est pas la moins intéressante de toutes celles rencontrées jusqu'à présent.

Elle est précédée d'un seuil rectangulaire. Le socle de la croix est formé de palis maçonnés et comporte également une niche à statuettes. La croix proprement dite est en ciment, tacheté ici ou là de lichen. Un christ curieusement cambré (il a l'air de se tortiller) est fixé à l'intersection des deux branches.

Contre cette croix et à son pied, est apposée une autre croix en métal, où du moins ce qu'il en reste. Il s'agit peut-être de celle qui précédait la croix présente en ciment. Sur la hampe on remarque un personnage à longue robe que j'interprète comme une sainte-vierge.




La niche du socle comprend quatre statuettes dont trois rouillées. Deux anges entourent une sainte-vierge. Une autre statuette de sainte-vierge a été ajoutée à cet ensemble. Le tout est enfermé dans sa grotte par une porte grillagée, style grillage à poules.

Sous la niche, un cartouche dans lequel une inscription devait se trouver naguère, aujourd'hui illisible.

C'est à regret que je quitte la Glaudais, vers Saran et la route de Fégréac : retour vers le bourg.


Je repars maintenant vers l'autre extrémité de la commune, vers le Tahun, tout à l'est. Deux raisons m'y poussent : tenter ma chance à la chapelle des Lieussaints où j'aimerais faire des photos dans la chapelle si elle est ouverte, et visiter une croix qui m'a échappé jusqu'à présent que j'ai fini par repérer.

Je fonce sur les routes dominicales délaissées. Je grimpe la colline qui conduit à la chapelle. Je suis accueilli par le beat insolite d'une musique techno...: un groupe d'une quinzaine de jeunes gens a visiblement passé la nuit en cet endroit. L'un danse, un autre complètement nu se promène parmi les voitures...

La chapelle est fermée. Tant pis, je repars et vais voir la croix du Tahun, tout à côté.

Je repasse d'abord devant la croix de la veuve Tessier (28 : commentée dans l'épisode précédent de cette série sur les croix de chemin) et j'aborde le hameau du Tahun. Je prends la première route à gauche qui s'insinue entre deux collines. On se croirait pour un peu à la montagne.

Bientôt à droite de la route, se tient une vilaine croix toute de travers, quasiment dans le fossé (29).

Elle est à trois étages, en quelque sorte : un premier gros cube gris cimenté est surmonté d'un second, plus petit. Dessus, une croix peinte argentée en métal, formée d'arabesques, présente en son milieu un grossier petit christ qui ne semble pas très à l'aise.

Seul l'écoulement d'un ruisseau vient troublé le silence de l'endroit.







Mon hommage rendu à ce petit monument assez laid, je repars dans la campagne, pour m'en retourner à ma Hyonnais.

Voici deux cartes avec les emplacements des nouvelles croix du jour (29 à 33) :

A très bientôt, surement.


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