C'est un coin perdu de la campagne, aux confins de la commune, au point où se rejoignent Guémené, Vay, le Gâvre et Marsac.
Après avoir traversé sur des routes très secondaires de grandes étendues de champs, on aperçoit au loin vers le sud une ligne boisée qui barre l'horizon. On débouche enfin à un carrefour spacieux, à l'angle de la forêt du Gâvre où, sur un bout de terre herbeuse, se dresse une grande croix : la Croix des Quatre Contrées.
Mais si les contrées se bousculent ici, il faut bien admettre qu'on éprouve le sentiment d'être au milieu de nulle part, tant les fermes sont espacées et tant le monde de la "cité" paraît éloigné.
Il faut pourtant imaginer qu'en cet endroit, au long des siècles écoulés, bien des gens sont passés : voyageurs et soldats empruntant la voie romaine de Nantes à Rennes, pèlerins en route pour Compostelle, la Duchesse Anne peut-être, et bien d'autres qui ne faisaient que vaquer dans la région, d'un point à un autre.
De cet endroit démarre une promenade balisée qui, vers le nord, conduit au château de Pont-Veix, empruntant en partie le chemin ancien, permettant ici et là parfois de mettre le pied sur les grosses pierres polies où quelque légionnaire antique posa sa caliga cloutée, usée par tant de marches sur ces terres barbares.
Bien sûr, si l'on est puriste, on dira que la croix n'est par exactement sur le territoire de Guémené : il s'en faut probablement d'une poignée de mètres. Mais ce n'est pas trahir l'esprit de ses promoteurs que de considérer qu'elle est en indivision entre les quatre communes, dont Guémené.
Matériellement, il s'agit d'une très grande croix en granit. Son "tronc" (son fût) est de section octogonale. Cette croix latine repose sur un socle de maçonnerie à pans rectangulaires surmonté d'un entablement de schiste bleu.
Un jardinet touffu mêlé de rocailles forme à son pied un écrin brouillon.
Le socle est mangé de lichens gris sur lesquels des inscriptions en grosses capitales dorées indiquent une date d'érection (1850) et le nom des communes selon l'orientation de chaque côté : MARSAC, VAY, LE GAVRE et enfin...GUENOUVRI : Guémené n'est donc mentionné qu'à travers sa section-fille de Guénouvry, mal orthographiée ...
Mais bon, c'est pas grave : le coin vaut le détour.
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