Voilà un moment que je cherchais à revisiter la chapelle Sainte-Anne des Lieussaints (ou de Lessain ou de etc...) où j'avais manqué, la dernière fois, de prendre des photos des vitraux, me concentrant sur les fresques.
En arrivant ce matin sur le sommet de la colline où perche cet édifice qui domine la vallée du Don, voyant de loin sa porte latérale grande ouverte, je savais ma persévérance enfin récompensée.
Il faisait bien sombre et pas trop chaud dans la petite chapelle.
Je me suis d'abord dirigé vers les deux vitraux proches de l'autel et qui sont les plus intéressants du point de vue artistique.
Il sont l'oeuvre du maître-verrier Antoine Meuret de Nantes, déjà mentionné pour ses importantes réalisations dans l'église de Guémené :
Je n'ai pas réussi à en identifier les commanditaires, en dépit de la présence de deux blasons surmontés d'une couronne comtale, au bas des deux ouvrages (peut-être à gauche, celui des de Gueriff de Launay, du château de la Herbretais, à Marsac). Si donc vous avez l'information, je suis preneur.
Le premier vitrail, à droite de l'autel, est singulier en ce qu'il représente une scène de guerre coloniale.
Une petite troupe d'infanterie de marine, pantalon blanc, casque colonial (modèle 1885) frappé de l'ancre, vareuse à double rangée de boutons et guêtres, progresse dans une nature exotique, avec pour fond de hautes collines sombres.
Elle est commandée par un jeune officier moustachu plein d'entrain et sabre au clair. La troupe, derrière, semble plus perplexe et moins lancée vers l'aventure consistant à civiliser les autochtones à coups de fusils. On dirait même qu'elle est un peu "paumée".
On remarquera un jeune clairon sur la gauche qui semble avoir remarqué quelque chose au loin.
L'ensemble de la scène est surmontée d'une figure un peu mystérieuse assise dans les nuages, une femme apparemment.
Le vitrail qui lui fait face n'est pas signé, mais doit provenir du même atelier que le précédent. Il a d'ailleurs pour donateurs le même couple de comte et comtesse inconnus.
La scène principale met en scène deux femmes devant un nouveau-né dans un berceau monté sur patins.
La plus jeune est revêtue de bleu et est agenouillée devant l'enfant, mains jointes, tandis que la seconde est debout et porte des vêtements clairs. Il s'agit probablement de Marie et de Sainte Anne, sa mère.
Le tableau prend place dans une pièce carrelée avec à l'arrière-plan des grands pans d'un rouge sombre marqués de motifs circulaires.
Un bon Dieu barbu plane dans le ciel juste au-dessus, bras écartés.
Tant que j'y étais, j'en ai profité pour examiner les deux autres vitraux, moins vivement colorés, présents vers le fond de la chapelle. Ils sont d'une autre série et probablement d'un autre artiste (pas de signature visible).
Tous deux sont dédiés à Sainte Anne qui en orne la partie centrale par deux "portraits" quasiment identiques :
Des "phylactères", ces rubans de paroles fréquents dans les représentations religieuses, louent les mérites de la sainte dans un lyrisme dont on se demande à quelle source exacte il peut bien puiser, mais qui m'a un petit air de saint-sulpicisme rance, une odeur de fond de sacristie où se mêleraient sans discernement l'encens, la bougie et l'humidité :
"Sainte Anne, Tige fleurie, Institutrices des Vierges ",
"Mère des veuves, Sainte Anne, priez pour nous",
"Sainte Anne, racine féconde, Gloire de la Terre",
"Rampart de l'Eglise, Sainte Anne, priez pour nous".
Il est fort à craindre que l'auteur de ces sentences, à qui l'eau bénite est visiblement montée à la tête, n'ait pas été vierge, hélas. Car sinon, cette personne aurait forcément eu pour institutrice la bonne Sainte Anne qui lui aurait dit que "Rampart" (correct en anglais) s'écrit "Rempart", en bel langaige françouais !
Quoique selon Saint Âne,...
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