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samedi 18 mai 2013

Cousin Emile, Chef de la Clique


J'étais enfant (et même en assez bas âge) quand disparut Cousin Emile. Il n'est pas sûr d'ailleurs que ma Grand-mère en fût bien émue et soit allée à l'enterrement, ce dont elle raffolait comme d'une séance de ciné, car ce n’était pas un Cousin très fréquenté (mais savait-on même que c'était un cousin ?).

Je vous ai déjà parlé, naguère, de ce Cousin Emile vieux garçon, qui habitait au bourg chez sa belle-sœur et était clerc de notaire principal chez M° Geffray, au détour d'un article consacré à l'Assemblée générale de sa profession tenue avec faste à Guémené en 1931 et dont le Cousin fut l'un des héros.

Cousin Emile fut à vrai dire une personnalité de Guémené dès les années 30, et c'est à ce titre qu'il mérite que je lui consacre un petit hommage. C'est d'ailleurs pour la même raison que la majuscule paraît s'imposer, s'agissant du Cousin. C'était, à vrai  dire, un Cousin majuscule à tous égards, et son tour de taille n'était pas pour rien dans l'affaire.

Mais ce n'est ni son cousinage, ni même tant sa profession, qui pourtant lui valut une certaine visibilité, qui pourraient justifier vraiment l'hommage qu'on doit lui rendre. Non, Cousin Emile était surtout l'infatigable Chef de la Clique de Guémené, l'animateur inusable de la Société des Gymnastes de l’Étendard et peut-être même le Secrétaire de la Société des courses de Guémené-Penfao.

Son nom retentit dans les pages des journaux de l'époque qui célèbrent ses exploits : ce sont naturellement ses activités "syndicales" au service de la profession des clercs et employés des études qui lui valent quelques citations flatteuses : on l'a bien vu dans l'article que j'ai mentionné ci-dessus et on le voit déjà en 1930, où il préside à l'hôtel "Fleur-de-Thé" de Pornichet, s'il-vous-plaît, (l'hôtel existe toujours) l'assemblée générale annuelle de ses pairs de l'arrondissement de Saint-Nazaire, et, sans doute, le banquet qui lui est consubstantiel.

Mais son engagement fanfaresque et gymnique trouve encore plus d'écho et de rayonnement.

Le voici par exemple à la tête de ses troupes en la commune voisine de Massérac, le dimanche 2 décembre 1934, lors de la grande fête des Anciens Combattants. Cousin Emile, martial, y dirige la Clique de l’Étendard qui ouvre et ferme le ban lors d'une remise de décoration. Suivie d'un vin d'honneur, quand même.

On le retrouverait encore à la fête de Jeanne-d'Arc, le 11 mai 1938, à Guémené. Une bien belle fête d'ailleurs. A la grand-messe de 11 heures, l'Abbé Martin, d'une voix mâle, prononce une bien belle allocution patriotique du haut de sa chaire. Puis c'est au tour, l'après-midi, des jeunes filles de la Jeunesse Agricole Catholique (J.A.C.) de Guémené de se produire à la salle Saint-Michel où elles interprètent une pièce de théâtre restée dans les mémoires : Chanteuse de rue.

Mais tout cela ne dut pas égaler la retraite d'après-dîner, organisée par la Clique du Cousin Emile. Suivie par une foule nombreuse, elle fit retentir tambours et clairons dans les rues du bourg illuminé tout au long de la soirée, jusqu'à ce qu'un Salut à l'église vienne sublimer cette journée patriotique, catholique, musicale et française (pour les mécréants : un Salut est une cérémonie religieuse comportant principalement la bénédiction du Saint-Sacrement...).


Cousin Emile Carudel était né le 24 juillet 1875 à Conquereuil. Dernier des six enfants de Pierre Carudel, charpentier à l'aise, et de Julienne Ferré, ménagère ; enfant de "vieux" (son père a 48 ans et sa mère 46 ans, à sa naissance), il ne tarde pas à devenir orphelin de ses deux parents (1888).

Sa mère et le père de ma Grand-mère Gustine étaient cousins germains.

Il mourut à Guémené le 28 mai 1961. Toutefois, le point d'orgue de son existence pourrait bien être survenu un peu avant.

Ainsi, le vendredi 4 juin 1937 est à marquer d'une pierre blanche, mais non pas parce que c'est la date anniversaire de la nomination de Léon Blum comme Président du Conseil.

Non, le matin de ce jour-là, Cousin Emile prit son café chez sa belle-sœur comme à l'accoutumé. Rasé de près de part et d'autres de son bouc et de sa moustache, il sortit et serra quelques mains jusque chez le marchand de journaux où il acheta l'édition du jour de Ouest-Eclair.

Un sourire perdu dans sa pilosité épanouissait néanmoins son visage, tandis qu'il portait son journal sous le bras avant de s'attabler pour une petite douceur au café Gilbert de la rue de l'église.

La source de cette béatitude se trouvait en page 12, où l'on apprenait qu'Emile Carudel de Guémené-Penfao, recevait une "Première Lettre de félicitation accordées pour services rendus aux sociétés d'éducation physique et de préparation au service militaire à la date du 30 décembre 1936".

Certes, d'autres guémenois en recevaient aussi, soit comme lui une première (Albert Meslier) soit même une troisième (Pierre de Boisfleury, Président des Gymnastes de l’Étendard).

Mais pourquoi bouder son plaisir ? Et c'est ainsi que quelques temps avant son 62ème anniversaire, une reconnaissance officielle vint consacrer les efforts du Cousin envers la jeunesse, la musique, la gymnastique, la défense de la France et les banquets.

Pour compléter cet hommage personnel, je vous propose quelques photos mettant en valeur le Cousin Emile dans toute sa plénitude (notamment la dernière, de profil). Je les dois à mon ami A.P., qui mériterait bien qu'on lui fasse un petit article aussi, si sa discrétion n'égalait sa gentillesse qui est infinie.

La première est prise dans la cour de l'école Saint-Michel avec la Clique. Dans la seconde on reconnaît bien évidemment la Mairie et dans la troisième, de même, la rue de l'église avec la maison du sabotier Cochetel. Appréciez...




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