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dimanche 2 juin 2013

Lieux-dits


Les noms de lieux font partie du patrimoine d'une région et cela fait un moment que l'envie me taraude d'écrire un petit texte sur ce sujet.

C'est assez difficile en soi parce que la toponymie est une science, et que je ne la possède pas. De plus, la toponymie du pays gallo superpose et emmêle des origines culturelles et linguistiques diverses qui suscitent des débats parfois passionnés - et non dénués d'arrière-pensées politiques parfois - entre "experts".

Une question sous-jacente est celle des traces du Breton qui fut parlé par une partie de la population locale il y a de nombreux siècles...

Je n'ai pas de réponses assurées et encore moins scientifiques.

Voici néanmoins quelques interprétations ou rapprochements de noms de lieux de Guémené que je tire de mes lectures. Probablement discutables, ils sont précisément un appel à la discussion et aux compléments.


Une première catégorie de toponymes fait référence à la végétation, aux arbres et arbustes notamment.

L'aulne à donné Launay, de Beix ou Richard pour en préciser le lieu ou le propriétaire.

Le bouleau se retrouve peut-être dans la Bézellerie, voire la Boule d'Or. Le tremble nous a donné la Tremblais.

Le hêtre, présent dans le "fao" de Penfao, pourrait bien figurer dans Boudafay, sur Beslé, que l'on peut traduire par : buisson de hêtre ; mais aussi dans la Foie, Coisfoux (bois de hêtres) et Tréfoux (village des hêtres). Le Bot, village légèrement au nord de Juzet, revoie au "buisson" (comme le "bou" de Boudafay).

Le Brossay, au nord de Guémené, rappelle que le lieu était couvert de broussailles et la Houssine, non loin du bourg, évoque les balais de houx...Bruc, quant à lui, nous parle de la bruyère...

Au registre des "piquants", Guémené n'est pas manchot : Lépinay vers Avessac, l’Épine des Haies au sud du bourg de Guénouvry, l’Épine des Forgettes sur la route de Plessé.

Le chêne est également représenté par le Jarrier, village situé au nord de la commune, non loin de Castres (et par le Gros-Chêne ou la Chénaie de Juzet, bien entendu).

A noter que la Rabine, tout près de ma Hyonnais préférée, désigne une allée plantée d'arbres.

Des villages ont pris le nom d'un propriétaire ou d'une famille. C'est le cas fréquemment de ceux dont le nom se terminent par le suffixe "ière". On en trouve deux en particulier sur le territoire de Guémené : la Rouaudière au sud-ouest de la commune et la Gicquelière, vers Avessac, près de la route de Fégréac.

La notion de clôture a également influencé la toponymie. Ainsi en va-t-il du Plessis, au sud-est de Guémené, dont le nom signifie terrain clos, propriété. Pour les spécialistes, le plessis est "une haie vive faite de jeunes tiges, baliveaux et branches incisées à la serpe, ployées et entrelacées". On pourrait ajouter à cette catégorie la Claie (palissade) de la Claie des Landes, vers Callac.

Il est un toponyme que j'affectionne particulièrement, c'est celui de "la Grée" qui fait référence à une éminence (rocheuse). Il est très fréquent non seulement à Guémené mais aussi dans les communes avoisinantes : la Grée-Bréhaut, la Grée-Caillette, la Grée-Jubin pour notre commune ; la Grée-Bel Air, la Grée-Blandin, la Grée du Queux, la Grée Gadessaud ou la Grée-Midi à Pierric, par exemple, ou encore la Grée-Fosse, la Grée de Vauzelle, la Grée Heurlais ou la Grée-Pichard, au Grand-Fougeray.

Pour finir cette première approche, je voudrais signaler les Fontenelles qui font allusion à de petites sources et le Thenou, dans la Vallée du Don, dont la signification est précisément "vallée". Et je risquerais bien, pour couronner cette première tentative, que Carabosse dériverait de Keramboss, "endroit accidenté"...

Voilà pour aujourd'hui, mais on en reparlera sans doute. D'autant que les aides sont, en la matière, bienvenues...A bientôt.

3 commentaires:

  1. Alors là, vous avez visé juste ! Il se trouve que je suis passionnée (mais pas hélas pour autant férue) de linguistique. La toponymie m'a permis, comme vous, du temps où j'étais en basse Bretagne, de comprendre et de lire le paysage, et de surcroît de m'initier au breton. Ici, la réalité est éminemment complexe tant breton, gallo et français se sont mêlés. Mais il me semble que votre première approche est tout à fait juste. Avez-vous tapé les mots dans google ou autre ?
    pour Carabosse, on trouve :
    (Fin xvii e siècle) Le mot apparait sous la plume de la baronne Marie-Cathérine Le Jumel de Barneville D'Aulnoy.
    Apparenté [1] au lyonnais carabisse (« bossuer »), oisans karabosi « qui ont une bosse au front » ; en Isère, karabo est attesté avec le sens de « en aspérité » ; probable altération de cabosse.
    la consonance me fait penser à de l'italien

    mais rien de plus facile de se précipiter dans de fausses étymologies ! néanmoins, elles font toujours rêver et l'esprit continue de "battre la campagne" !

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  2. je vous renvoie éventuellement à ce type de site :
    http://www.aly-abbara.com/litterature/medicale/affixes/e.html

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    1. Merci beaucoup de vos commentaires : en fait, je me suis retourné vers des sites divers qui traitent de la toponymie de la région. Certaines mairies du pays gallo, par exemple, proposent des interprétations pour leurs toponymes qui sont parfois identiques à ceux rencontrés à Guémené. C'est une recherche aléatoire et un peu fastidieuse. Mais comme vous le dites, tout cela fait rêver. A bientôt.

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