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jeudi 25 juillet 2013

Rêve de Juzet

L'autre jour, nous effectuions une fois de plus le trajet qui consiste à se plonger dans la vallée du Don, du village de Mézillac à celui de Juzet.

Je n'apprendrai rien à personne à décrire ce parcours dont chaque particularité forme comme les stations d'un pèlerinage religieux : Mézillac où plane le souvenir du Père Jean ; la route qui serpente vers l'étang ; les ruines du moulins de la Vallée ; le coude de la passerelle, au confluent du Don et du ruisseau de Mézillac ; la vieille ferme dans la prairie ; le Thenou ; la maison en ruine au bord du Don ; le pont et le Moulin de Juzet ; le château ; les communs...

Et puis on refait surface, comme on remonte du sommeil, encore égaré par le spectacle de ce magnifique endroit que baignait le soleil.

D'ailleurs, en arrivant au bout de la route, une scène onirique nous attendait encore. Un cheval avec un bandeau de tissu lui enserrant la tête et lui ôtant la vue, semblait chercher refuge dans la chapelle Saint-Marc.

Un sort, peut-être, avait-il été jeté à cet animal sans cavalier. Une nuée l'environnait et le pourchassait : les mouches le piquaient comme un nuage de remords. La tête baissée comme par humilité, dans une plainte muette, la pauvre bête demandait asile et protection. Mais sa supplique restait lettre morte. 

Ou bien avait-elle un message à transmettre aux maîtres de séant, dont les armes surplombent la porte : celui de quelque catastrophe survenue dans une bataille où son maître aurait été désarçonné. Peut-être d'ailleurs, son cavalier était-il le maître de ces lieux.

C'est cela : parti à la guerre, le maître de Juzet fut tué. Son cheval, dont dépendaient sa vie et sa victoire dans le combat selon sa promptitude à répondre à ses injonctions de mouvement, en conçut une peine étrange et la culpabilité de cette perte.

Aveuglé par la douleur, il s'en retourna néanmoins vers Juzet et tenta de pénétrer dans la chapelle seigneuriale pour confesser et y expier sa faute.

Mais l'entrée lui en fut refusée obstinément, comme le pardon. La chapelle dressée devant lui, cabrée dans son refus de l'accueillir, marquait le chagrin silencieux de Juzet à la perte de son Seigneur.

Était-ce un rêve ou un pressentiment de Jeanne de Lescrain tandis que son époux, Guillaume Godart de Juzet, guerroyait à la bataille de Chanteauceau, en juillet 1420, pour délivrer le duc de Bretagne Jean V traîtreusement emprisonné dans la forteresse de cette place forte ? Peut-être, après tout.

Mais Guillaume, comme Jean V, revint et tout finit pour le mieux.

Voici quelques images de ce rêve.

Au-dessus de la porte de la chapelle, un bas-relief est devenu illisible, le temps, le vent et la pluie ayant eu raison de la sculpture. On distingue cependant encore deux blasons au-dessus de la fenêtre : celui de gauche paraît représenter un oiseau et comporte trois bandes horizontales ; celui de gauche présente simplement un croissant. Difficile de savoir les familles auxquelles il renvoie.














1 commentaire:

  1. j'avais bien remarqué ce cheval il n'y a pas longtemps mais sans doute ne me suis-je pas suffisamment attardée pour avoir "ma vision" !

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