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vendredi 27 décembre 2013

Fantôme du clocher


Il fait bon retourner à Guémené après quelque temps d'absence. Car c'est avec l'espoir au coeur que tout nouveau séjour se présente : espoir de nouvelles rencontres, espoir de nouvelles découvertes.

Visiblement cette année, le Père Noël avait envie de me gâter : car l'espace d'une visite à la Mairie, et c'est tout un espace multidirectionnel qui s'est dégagé (en français : plein de pistes se sont ouvertes). Comme il y en a plein, on aura l'occasion d'y revenir.

Mais pour commencer, je voudrais vous faire voir ce que presque aucun habitant ou visiteur de Guémené ayant vécu depuis 1886 n'a probablement (et malheureusement) été en mesure de contempler.

Pourquoi 1886 ? Parce que c'est l'année où fut achevée la nouvelle l'église monumentale qui fait l'ornement de cette bourgade.

Mais justement, achevée est impropre, car elle manquait d'un clocher qui ne vit jamais le jour depuis.

On se souvient de cette façade d'où sortaient de grosses pierres où devaient s'attacher le campanile fantôme ; on se souvient des sombres bardages de bois ajourés de huit persiennes qui en fermaient le triangle supérieur et qui ajoutaient encore à l'incongruité d'un bâtiment aussi monstrueux.



On connaît la blancheur lisse et tout à fait navrante de la façade visible actuellement, résultant d'aménagements contemporains.



Mais à quoi donc, finalement, songeait l'architecte François Bougouin dans ses délires médiévaux ? et le curé d'alors, Revert, dans son mysticisme mégalomane ?

On se rappelle (cf. l'article "Adieu Bougouin") que le premier avait pour référence la Saint-Chapelle de Paris dont la flèche est haute de 33 mètres au dessus des combles. Quant au second, un peu agité du goupillon, il faisait sans doute le concours de la plus grosse (église) avec les collègues du coin (il est vrai qu'il avait une grosse personnalité et qu'il rêvait de se faire enterrer dans l'édifice...).

Bref, on peut se douter que le clocher imaginé n'aurait pas déparé le délire du reste.

Eh bien, en effet !

La municipalité de Guémené dispose dans ses richesses d'un plan complet de la façade, clocher compris, à l'échelle de 1/100ème. Sur ce plan, on reconnaît à peine la façade actuelle - et même passée - tant le gigantesque campanile imaginé en transfigure l'aspect.



Si cette touche finale avait pu être financée à l'époque (c'est en effet à une question de gros sous que l'on doit d'en être privé, hélas) la hauteur totale de l'église, déjà remarquable, en aurait été doublée !

Par ailleurs, le plan prévoyait une forme de perron, une terrasse bordant la façade sur toute sa largeur et cet élément a d'ailleurs été réalisé lors des aménagements récents. De même en va-t-il du couronnement des deux étroites tours pointues latérales.

La déviation entre ce qu'on observe de nos jours et le projet de départ commence au niveau du portail central qui aurait du comprendre un quadrilobe comme les portails latéraux.

Au-dessus, dans l'espèce de niche qui abrite aujourd'hui un vitrail moderne, on aurait vu une rosace. Elle aurait été surmontée d'une horloge (au passage, celle d'aujourd'hui fait penser à celle de la gare Montparnasse à Paris : hommage à la Bretagne ?). Et puis le clocher se serait élancé, terminé par des gargouilles, des tourelles et un toit pointu encore rehaussé d'une croix ou d'un paratonnerre en forme de croix. 







La signature du plan que j'ai photographié à la Mairie de Guémené semble être celle de François Bougouin, l'architecte nantais à l'origine du projet. Mais à la date indiquée, 21 septembre 1938, il y avait belle lurette qu'il suçotait les pissenlits par la racine...Plus probablement celle de son fils Paul, architecte également, mort en 1959. Mystère...



En tout cas, mille mercis à Isabelle Barathon, adjointe à la Culture, et à la Municipalité de Guémené, grâce à qui la révélation du clocher imaginaire de ce bourg est désormais accomplie urbi et orbi, c'est-à-dire sur Internet...

3 commentaires:

  1. pourquoi ne pas suggérer une exposition, par exemple de tous les bâtiments religieux, anciens ou présents, les archives recèlent toujours de trésors qui restent malheureusement inconnus du grand public

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    1. Je crois en effet que tout cela finira par une exposition publique. Peut-être pas tout de suite : les célébrations du centenaire de la guerre de 14 et celles des 70 ans de la libération de Guémené vont probablement prendre le pas, en 2014.

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  2. C'est bien Bougouin fils qui a signé. Il a aussi fait les plans du clocher de l'église de Conquereuil qui fut aussi dessinée par son père. A l'opposé de Guémené, Conquereuil avait reçu une subvention du Conseil général pour la réalisation de son clocher, le plus haut du canton, finalement.

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