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lundi 29 décembre 2014

Vitraux et merveilles (8)


Aujourd'hui, on va s'attaquer à du lourd. En effet, il s'agit rien moins que d'évoquer les vitraux de l’extrémité orientale du transept de l'église de Guémené. On y trouve essentiellement une rosace et cinq baies hautes et étroites.

Vu de loin, les compositions qui forment la décoration de cette partie de l'église sont moins chatoyantes que leurs alter ego situés à l'opposé, côté ouest. Le bleu et le rouge semblent y dominer.






Je le dis tout de suite, je ne sais pas à quel atelier cet ouvrage a été confié, ni en quelle année.

En revanche le commanditaire probable est identifiable à sa "signature", à savoir des armoiries que l'on trouve tout à droite et tout à gauche des quatre œils-de-bœuf lobés qui séparent la rosace supérieure des cinq baies inférieures.

Vu la hauteur et la petitesse de ces petits vitraux, mes photos sont médiocres. On y découvrent cependant un blason surmonté de la couronne comtale, comprenant quatre quartiers répétant deux motifs, flanqué de deux lions.

Les quartiers supérieur gauche et inférieur droit sont identifiables aux armes des Potiron de Boisfleury : sur un fond rouge, une aiguière d'argent est inscrite dans une couronne d'or ("de gueule, à l'aiguière d'argent dans une vire d'or"). Encore que le fond rouge paraisse surprenant : on s'attendrait plutôt à du bleu...

Mais au total, difficile quand même de dire de quels commanditaires précisément il s'agit.




Ces vitraux semblent dédiés à l’Évangile. Les cinq baies inférieures représentent en effet les étapes essentielles de la saga de Jésus.

Chacun des cinq grands vitraux  sous la rosace comprend trois scènes de la vie de Jésus - essentiellement - mais la chronologie veut qu'on les lise ligne à ligne, horizontalement (de la première scène en haut du vitrail de gauche jusqu'à la première scène en haut du vitrail de droite ; puis de la seconde scène, au milieu du vitrail de gauche jusqu'à la dernière scène à même hauteur du vitrail de droite ; et ainsi de suite).

En tout donc, quinze scènes du Nouveau testament :

1 - L'Annonce faite à Marie : dans une loggia à carreaux blancs et noirs, un ange sur un nuage, de mauve vêtu, remet un lys à Marie. Celle-ci le reçoit agenouillée, enveloppée d'un manteau bleu, tandis que la colombe du Saint-Esprit lui envoie ses rayons sur la tête.



2 - Episode non identifié : Joseph, portant une cape rouge et tenant une sorte de chapeau de paille à la main ainsi qu'un bâton de pâtre, et Marie font leurs adieux à Saint-Anne (?). C'est la nuit, on distingue de la végétation à l'arrière plan à gauche et un palmier à droite.



3 - La Nativité : dans une hutte couverte de branchages feuillus, deux bergers se recueillent face au bébé Jésus, langé de blanc et couché sur de la paille posée sur un tréteau. Joseph et Marie le leur présentent. Au pied du "berceau", un agneau aux pattes liées gît. L'un des berger porte une tunique bleue tandis que l'autre a un manteau marron et des chausses rouges.



4 - La présentation au Temple : les parents de Jésus se tiennent en position inférieure par rapport au personnage central qui doit être Siméon le Sage. Un autre personnage en chasuble verte en retrait de Siméon ne m'est pas connu (en principe, l'autre personnage de cet épisode est Anne, une prophétesse : mais elle n'avait probablement pas de barbe, contrairement au bonhomme en vert évoqué). Conformément aux rites, les parents de Jésus ont apporté en sacrifice deux colombes qui sont dans une cage près de Joseph, sur laquelle celui-ci pose la main.



5 - Jésus discute avec les docteurs au Temple : Jésus est un enfant de douze ans chevelu et glabre : il se tient entre deux autres personnages, un livre à la main, en robe blanche et manteau rouge, assis sur un trône de pierre posé sur un carrelage blanc et noir dans une pièce à colonnettes. Les deux docteurs, chauves et barbus, ont également un livre, plus gros d'ailleurs, et semblent écouter le jeune orateur à la main levée.



6 - Au jardin de Gethsémani : nous sommes après la dernière cène. Dans ce jardin au pied du Mont des Oliviers, Jésus est angoissé. Un ange tenant un calice à la main et vêtu de mauve vient le rasséréner. Au fond, on aperçoit trois disciples qui dorment.



7 - La Flagellation : attaché à une colonne dans un espace délimité au fond par un muret, Jésus semble supporter stoïquement les coups que lui assènent avec vigueur deux soldats barbus et moustachus dont l'un porte un casque.



8 - Le Couronnement d'épines : résigné, Jésus subit les insultes et la dérision des soldats dans le prétoire. Un des soldats lui tresse une couronne d'épines avec une sorte de tenaille tandis que l'autre paraît continuer de le frapper. Une sceptre de roseau a été glissé entre les mains liées de la victime revêtue d'un manteau de pourpre.



9 - Le chemin de croix : Jésus est tombé à genou sous le poids de sa croix qu'un passant barbu et chauve, en tunique bleu sombre, Simon de Cyrène, l'aide à porter. Un personnage arborant une longue tunique verte et des chausses bleues, portant l'épée, tire l'attelage avec une corde. Une femme auréolée en manteau bleu, Marie ? - accompagne le funeste cortège.



10 - La crucifixion : on ne voit que Jésus crucifié, mort, le corps livide, la tête penchée sur l'épaule. On distingue les clous et la plaie au côté. Deux femmes sont présentes : Marie sa mère, à gauche et toujours en manteau bleu ; et peut-être Marie-Magdeleine, de l'autre côté, mains jointes et en manteau pourpre.



11 - La Résurrection : Jésus est descendu aux enfers et en revient bouleversé. D'où ce regard perdu dans le lointain, ce visage livide. Il sort du tombeau n'ayant sur lui que son manteau rouge, et il tient un étendard blanc dans la main gauche ( la droite est levée vers le ciel). Trois soldats gardiens du tombeau sont épouvantés et s'enfuient.



12 - L'Ascension : Jésus s'envole au ciel devant deux disciples. Il semble porté par des nuages blancs. On a l'impression de voir deux empreintes de pied dans le sol...



13 - La mort de Marie (?) : une femme en manteau vert est surmontée de la colombe du Saint-Esprit. Elle est agenouillée au bord d'un tombeau, entouré de six disciples de Jésus. Certains prient les mains jointes.



14 - L'Assomption de Marie : la mère de Jésus sort par le haut de son tombeau rempli de rose, reposant ses pieds sur un nuage blanc qui ressemble à un coussin, que tiennent par en dessous quatre anges.



15 - Le Couronnement de la Vierge : Marie, toujours vêtue de son manteau bleu, le visage juvénile, est agenouillée sur un nuage (nous sommes au Ciel...). Un peu au-dessus d'elle sur les côtés, se trouvent Dieu le Père et son fils qui lui posent une couronne à fleurons et perles blanches sur la tête, sous les auspices bienveillants du Saint-Esprit (la colombe au dessus de tout le monde). Dieu le Père tient dans la main droite un globe tandis que Jésus tient sa croix de son bras gauche.




Vous vous souvenez qu'il y a quatre oculus lobés entre les vitraux qu'on vient de regarder et la grande rosace.

Il s'agit d'anges annonciateurs. En effet, les représentations montrent quatre personnages auréolés et munis d'une paire d'ailes tenant des phylactères, ces petites bandelettes ondulantes qui portent en général la parole.

Je ne sais pas pourquoi, j'ai oublié d'en photographié un.






La rosace n'est narrativement pas très intéressante. Elle est composée principalement de vitraux ornementaux. Seuls onze pièces, des oculus à cinq lobes, figurent des personnages. Pour la plupart, ces derniers sont des anges musiciens. Toutefois, le plus élevé d'entre eux, en tunique rouge, ne joue pas d'un instrument de musique mais présente un chapelet. En voici une moitié :










Pour finir avec ce coin de l'église, voici un petit complément concernant les vitraux non figuratifs qui sont au-dessus de la porte latérale qui donne dans l'église à l'est.

Je n'ai pas non plus identifié l'atelier qui a réalisé ces oeuvres comportant deux baies allongées couronnées d'un oeil-de-boeuf lobé.

En revanche on sait (parce que c'est mentionné) que le commanditaire et donateur en fut le curé de Guémené. Il s'agit probablement du curé Revert, promoteur de l'église qui mourut en 1898, ou de son successeur, Alexandre Arbeille, curé de choc engagé dans la lutte en réaction à la laïcisation dont j'ai, à plusieurs reprises déjà, évoqué l'oeuvre et la personnalité.






Ainsi s'achève ce voyage vitrailliste du jour.

La suite à un prochain numéro.

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