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dimanche 28 février 2016

Coins et recoins d'église (2)


Quand on entre dans une église, il faudrait pouvoir prendre un peu de hauteur...

Quand on pénètre dans celle, énorme, de Guémené, on ne peut qu'y aspirer.

Quand je regarde un édifice, un immeuble, une église, tout autre, je suis toujours fasciné par les endroits inaccessibles pour lesquels on aperçoit pourtant, de l'extérieur, des échelles, des passages,etc...

Je me figure dans ma tête des cheminements acrobatiques vers des lieux improbables, délivrant des points de vue inédits et remarquables. Un frisson et un sentiment de bien-être par anticipation à se trouver seul, blotti, là où personne ou presque ne va, m'étreignent alors.

J'envie les architectes qui, dans la quiétude rassurante de leur cabinet, se sont ingéniés à concevoir ces espaces vertigineux, qui nécessairement ont dû se plonger en imagination dans ces chemins étonnants où seuls quelques initiés, bravant les périls, probablement d'ailleurs par nécessité, pourront ou devront se rendre.

Bref, j'avais très envie depuis longtemps de monter dans les combles de l'église de Guémené, et ce n'est que la semaine passée que cette opportunité m'a été offerte par ceux qui, dans cette commune, prêtent attention à cet édifice (je les remercie vivement, en passant).

Bien sûr, il s'agit d'un privilège considérable, car en temps normaux, ces endroits sont logiquement fermés au public. Je dois dire que cette incursion dans des lieux interdits m'a beaucoup fait plaisir, une sorte de plaisir enfantin.

Il ne faut pas être grand clerc pour savoir qu'on commence par monter dans la tourelle qui flanque la façade de l'église, à gauche en la regardant, en empruntant le passage qui se trouve juste derrière le portail gauche de l'édifice.

Un escalier de pierre poussiéreux, en colimaçon, permet d'abord d'accéder à la tribune. Il est probable qu'on aurait pu y installer un grand orgue, et un choeur pourrait y stationner.

C'est aujourd'hui le refuge d'une pauvre statue de Saint-Pierre, et les vitraux qui dominent cet espace sont recouverts de toiles d'araignée, constellées des mouches immémoriales qui sont venues s'y suicider.

Il reste le point de vue sur la nef, que rien ne peut remplacer.






















Poursuivons l'ascension.

L'escalier amène finalement au plan des combles de l'église. L'endroit est vaste et sombre. On distingue dans la pénombre, rompue ici et là par la lumière pénétrant par de petites ouvertures grillagées, un capharnaüm de poutres de bois enchevêtrées : à première vue une sorte de mikado pour géant.

Une forêt a certainement été engloutie pour la charpente de cet édifice !

Le sol est formé de mamelon blanchâtres qui rappellent des édifices orientaux : voilà donc l'envers de ces voûtes néogothiques qui dominent les fidèles. Cet envers du décor à un côté inachevé qui rompt avec la précision des lignes qu'on observe de l'intérieur du bâtiment.

Il est évidemment difficile de se déplacer sur ce charivari de bosses : aussi, des planches posées sur des poutres, des rampes de bois et des échelles permettent de progresser dans l'espace, en long, en large et en hauteur.

Ces planches ne sont pas sans procurer quelques émotions car elles dansent sous le poids des piétons ! A cela s'ajoute l'effroi que suscite la pensée du vide sous nos pieds : ces mamelons plâtreux, ces seins obscènes et maladifs n'ont par l'air bien solides... 

Et puis on pense à ceux qui se sont aventurés ici, au vent, pour construire tout cela. On a le vertige pour eux.




























Puis, ici et là une potence émerge de la pénombre. De petites poulies y sont accrochées : c'est donc ici qu'on pendait les grands lustres du choeur...































La visite se termine et, sur le retour vers le point de départ, on s'arrête au pied d'un appareillage de bois qui paraît plus ancien que le reste. Il est situé juste derrière la façade affreuse de l'église. 

Là se cache l'ancienne cloche de l'ancienne église (celle qui siégeait jadis sur l'actuelle Place Simon), assurant par sa présence la continuité paroissiale.

Le temps l'a une peu ébréchée et sa petite taille lui donne un air égaré dans le gigantisme ambiant. 

Elle sonne...
























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