Il m'arrive, à mes heures, de collectionner les vieilles cartes postales de Guémené. Je les achète essentiellement sur Internet et en particulier sur le site spécialisé "delcampe.net". De toutes, je préfère en réalité les cartes postales des années 50-60, qui restituent quelque chose de l'ambiance du Guémené de mon enfance, Guémené tout ensoleillé des vacances d'été, plutôt que Guémené tout humide de celles de Pâques.
Pour cette raison, je "flashe" sur les cartes postales signées "Gaby" qui ont empli les présentoirs des librairies-papeteries de l'époque. Cet éditeur s'appelait en réalité Gabriel Artaud. Il était installé à Nantes et j'ai griffonné bien des produits de son catalogue de propos lénifiants ou d'enthousiasmes vacanciers à destination de mes parents restés à Paris.
Voilà déjà pas mal de mois, j'avise ainsi une carte que j'ai seulement fini par acquérir ces jours-ci. Le vendeur indiquait sur le site "delcampe.net" que la carte postale concernait "Le Pontret, Guémené Penfao 56".
Internet permet bien des audaces épistolaires et donc je lui écris, mi aimable, que notre commune ne saurait se trouver dans le vil Morbihan, mais adornait bien plutôt de sa présence, notre valeureuse Loire-Atlantique. Le style était moins lyrique, mais le propos non moins clair et il ne fallait pas confondre le torchon du Scorff avec la serviette de Penfao...
Pour un peu, je lui explique que je connais l'endroit et que ni d’Ève ni d'Adam, ni de mère, ni de grand-mère, on n'a jamais eu de Pontret à Guémené !
La vendeuse (car c'était une femme) ne se démonte pas et me répond fermement que Le Pontret se trouve bien à Guémené-Penfao. La preuve : c'est indiqué sur la carte, au dos !
Hélas ! Je ne l'avais pas vu....
Bien sûr, on croit reconnaître le chemin du lavoir qui descend de la Place Simon le long du Vieux Logis. Mais allez savoir : peut-être qu'à Guémené-sur-Scorff aussi, ils ont un coin de leur patelin qui ressemble à cela (en fait, je ne le crois pas : une traversée furtive et ancienne de cet endroit ne me rend pas enclin à le penser).
Bref, ce n'est que récemment que je me suis rendu à la raison. D'abord, la chance a porté mes regards sur la mention, dans une délibération municipale, d'un échange de terrain entre un particulier et la commune dans les années 1830, lequel terrain était présumé se situer dans le lieudit Le Pontret. Enfin, un repérage in situ, accompagné de prises de photos, m'a permis de rapprocher le cliché du Pontret de Gaby, de celui du Vieux Logis.
Voilà donc Le Pontret ressuscité...
Les enfants que l'ont aperçoit sur la carte postale ancienne ont peut-être 5 ou 6 ans et la photo a du être prise à la fin des années 50 : ce sont des contemporains... Le Chemin du Lavoir avait bien l'air d'un chemin...Mais les folles herbes et les fleurs des champs ont fait place à une ruelle plus policée, les enfants ont disparu...L'insouciance a fait place à l'inquiétude et ce Pontret d'antan prend soudain une saveur de Paradis perdu.
Aviez-vous entendu parler du Pontret ?
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