Voici le terrible récit d'un drame survenu avant-guerre à Guémené, tiré d'un entrefilet publié dans Ouest-Eclair, édition de Nantes.
Le 20 juillet 1935 à 7 heures du matin, il faisait déjà beau sur les vallons de Tréfoux, en Guénouvry. Cela faisait bon temps que le gars Mahé, 14 ans, était levé et vaquait à ses occupations de valet de ferme.
A cette heure encore matinale, le jeune garçon conduisait tranquillement au champ le troupeau de vaches au Père Louis (Rolland), fermier avec sa femme et ses quatre enfants à Tréfoux, justement.
A un moment donné, bêtes et homme approchèrent le passage à niveau libre qui se trouve près de la gare de Tréfoux, où deux petites pancartes invitent les usagers à la prudence. Mais alors que le troupeau faisait mouvement pour passer la voie ferrée, un train surgit, une sirène rugit : trop tard pour éviter le choc !
Les bovidés inconscients furent happés et broyés. Le mécanicien horrifié bloqua immédiatement ses freins : mais ce n'est qu'après avoir traîné ces paquets de chair saignante sur une centaine de mètres qu'il put s'arrêter.
Arrivant de Nantes et se précipitant sur Rennes, le rapide Bordeaux -Saint-Malo venait de passer, huit vaches venaient de trépasser.
Ma mère, qui vécut à Guémené à cette époque, me racontait ce matin que dans sa famille, comme dans bien d'autres familles pauvres, on n'avait pas souvent l'occasion de manger de la viande. Toutefois, quand dans un village arrivait quelque accident à du bétail, le bestiau était débité et vendu aux voisins.
Nul doute que les 70 habitants du Tréfoux de l'époque, n'aient eu l'occasion de faire bombance à bon compte en ce mois de juillet 1935, aux dépens du pauvre Père Louis Rolland.
Et le chef de gare de Tréfoux, Eugène Beaudoin, perturbé dans son quotidien, eut son compte de biftecks, que lui poêla, ainsi qu'à ses enfants Georgette et Robert, sa femme Anne-Marie.
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