Quand j'étais petit, c'est mon père qui m'emmenait à la messe, à Paris. L'église était Sainte-Geneviève-des-Grandes-Carrières, dans le XVIIIème arrondissement où nous habitions alors.
Nous nous postions toujours au même endroit, près d'un Saint Antoine de Padoue très haut sur son piédestal. C'était une statue de plâtre comme on en voit partout.
A Guémené, Grand-Mère Gustine se plaçait dans la nef, à droite de la travée centrale, à mi-distance du bas et du haut de l'église, dans doute pour retrouver ses amies. Ainsi, nous étions en général assez près de la chaire et bien loin des chapelles qui se trouvent dans les transepts.
Or ces deux chapelles sont ornées de statues de plâtres, deux chacune, auxquelles du coup je n'attache que peu de souvenirs : pour tout dire je n'y ai jamais prêté attention et c'est par hasard que récemment j'ai pris conscience de la présence de ces ornements.
On y trouve un Saint-Antoine, un lys dans la main droite, portant l'enfant Jésus. Il est dans la chapelle du Sacré-Cœur, à l'ouest, à droite de l'autel et il ressemble pas mal pourtant à mon Saint-Antoine de Paris.
De l'autre côté, ce qui pourrait bien être une Sainte Thérèse, je ne suis pas sûr...La Sainte tient sur elle un crucifix et des roses.
Dans la chapelle orientale, une Sainte Vierge un peu pâlotte joignant les mains, un long chapelet à son bras droit et des roses à ses pieds.
De l'autre côté de l'autel, une Sainte Jeanne d'Arc qui pète la forme dans son armure et sa longue jupe bleue fleurdelisée, étendard en main, main sur le coeur.
Ce sont des statues peinturlurées aux chairs rosâtres et douceâtres. Elles ont toutes les quatre des visages poupins et juvéniles qui ont un air de bonne santé : ces saints-là ont grandi au bon air de la campagne !
Saint Antoine est plein de bienveillance pour le petit enfant qui se confie à lui et dont la petite main se saisit du lys. Sainte Thérèse semble en conversation intérieure avec son Créateur et son visage exprime des sentiments indicibles.
La Sainte Vierge est bien jeune et l'on s'attendrit un peu à contempler cette frêle silhouette qui va porter Dieu. Jeanne d'Arc s'inspire du Ciel et cela lui donne de l'émotion que trahissent ses petites joues toutes rouges.
L'une des statues, celle de la Vierge, comporte une signature sur sa plinthe. Son "fabricant" était Pierre Bouancheau dont le magasin se trouvait au 29 rue de Verdun à Nantes, dans l'ancienne Haute Grande Rue, pas très loin finalement de la cathédrale.
Si l'on en croit l'Annuaire de l'Union Fraternelle du commerce et de l'industrie, où il est encore répertorié au début des années 1920, il exerçait le métier de fabricant de statues en plâtre, en terre cuite, en carton, en pierre et en fonte de fer. Pierre Bouancheau était spécialisé dans les crèches de Noël et les chemins de croix. On trouve encore de ses fabrications dans plusieurs églises de la région.
Il eut pour successeur ou bien pour associé un certain Calac, dans ce même commerce. Il est probable que les quatre statues de l'église de Guémené proviennent du magasin de Bouancheau ou de Calac, apportées là il y a quatre-vingt-dix ou cent ans.
Un petit coup de peinture sur le visage un peu écaillé de ces braves saints leur ferait du bien...
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