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samedi 11 février 2012

La Mère Mariette

Les anciens du pays ont ben connu Mariette,
La vieille avaricieuse de la rue de Mirette,
La femme à Mathurin, le plus rich' du pays
Qui avait hériteu de son cousin d'Paris.
Quand son bonhomm' fut mort, li laissant sa fortune,
Ell' le fit enterreu dans la fousse commune,
Y n'eut que l'enterrement des pauvres misérables
Et pour des gens si rich's, ça n'éteu point aimable.
Quand il y eu une année que Mathurin fut mort,
L' cureu vint vouer la veuve et li dit dès l'abord :
"Eh ben, la Mèr' Mariette, pensez-vous au service ?
"Au servic' du bout d'l'an qui comport' deux offices ?
"Le pauv' Pèr' Mathurin n'a pas souvent d'prières !
"Faudrait li fair' dire, car c'est vous l'héritière !
"- Monsieur l' cureu, qu'ell' dit, j'en avais ben l'idée !
"J'ai eu le temps de réfléchir pendant tout' mon année.
"Et j'ai bru tout mon saoul ben des faill's en cachette :
"Tout le mond' vous l' diront dans la rue Mirette
"Je se un' bonn' personn' qui n' tient point à l'argent
"Et qu'a terjours partout fait les chous's largement.
"Mais je m'se dit de même, ma pauv' Mèr' Mariette
"Laiss' don les chous's alleu et garde ta galette,
"A quoi bon t' tourmenter pour ton pauv' défunt.
"Son sort est décidé à c't heur'-ci, c'est certain.
"S'il est au Paradis, il n'a point besoin de nous
"Et ce n'est pas la pein' de dépenser tes sous !
"S'il est dans les enfers, le pauv' Pèr' Mathurin,
"C'est un ben grand malheur. Mais dam' on n'y peut rin.
"S'il est au Purgatoir' j' pourrions le secourir,
"Mais, têtu comme il teu, y n'voudra point sortir !

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