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mardi 20 août 2013

Histoire de l'école de filles de Guémené


En 1836, un ensemble de textes législatifs encouragent l'ouverture d'écoles primaires dans les communes, d'abord pour les garçons (Loi Guizot), puis pour les filles (Loi Pelet de la Lozère).

J'aurai l'occasion de reparler de l'instruction des garçons.

En 1842, la première école pour filles est ouverte à Guémené. C'est une école privée. Pour enseigner les jeunes demoiselles de Guémené, le maire propose de recourir à des sœurs, celles de Saint-Gildas des Bois, en l'occurrence. Il se trouve qu'elles ont plutôt bonne réputation pour cette activité : ce sont de bonnes "classières", selon l'expression consacrée.

Cette initiative connaît un grand succès : les effectifs de l'école de filles ne va cesser de croître entre 1844 et 1871. Cela a pour effet d'ailleurs d'augmenter le nombre des sœurs enseignantes : trois en 1844 ; huit en 1879 et même dix en 1887 ! A noter que l'école accueille aussi des élèves pensionnaires (entre vingt et trente).

Les sœurs sont plutôt appréciées, non seulement de la population qui leur envoie ses filles comme on vient de le constater, mais de l'inspection académique dont les rapports les présentent comme "morales, zélées et estimées". On peut donc en conclure, au passage, que ni la morale ni le zèle n'étaient donnés pour acquis...

Nos souvenirs d'histoire nous indiquent que la fin du XIXème siècle et le début du XXème ont été des périodes de lutte d'influence entre républicains laïques et cléricaux, lutte dont l'enseignement fut un terrain d'exercice.

Une loi de 1886, la Loi Goblet, vient couronner la reprise en main de l'Ecole par la République, à Guémené comme ailleurs, en imposant que le personnel en soit laïcisé, autrement dit que les bonnes sœurs rendent leur tablier et soient remplacées par des institutrices laïques. Idem côté masculin de la chose, évidemment.

A Guémené, il semble qu'une forme de résistance se soit déployée quant à la mise en oeuvre de cette disposition, car ce n'est qu'en 1902, apparemment, que la laïcisation de l'enseignement intervient.

Mais les sacripants de l'Ecole du Diable (terminologie à peine anachronique) n'ont qu'à bien se tenir car la réplique des catholiques - hiérarchie et paroissiens - est foudroyante : l'école chrétienne pour les filles de Guémené ouvre ainsi ses portes en 1903.

Il s'agit de l'Ecole Saint-Marie, bien sûr, dont on peut affirmer qu'elle est le résultat d'une mobilisation assez transversale de la société guémenoise de l'époque.

Par exemple, le terrain est donné par Monsieur du Halgouët (après tout, c'est un propriétaire terrien) ; des contributions financières des paroissiens facilitent le financement (une bonne taxe porte nécessairement sur une large population) ; de la main-d'oeuvre gratuite est fournie pour assurer les charrois lors de la construction des bâtiments (ça rappelle le bon vieux temps et les corvées d'Ancien Régime)...

Le succès de cette école communale congréganiste est immédiat, ce dont témoigne à nouveau l'augmentation de ses effectifs.

Naturellement, l'enseignement religieux, "sorti" des écoles laïques, est présent, et certains ouvrages utilisés sont ceux qu'on trouvait déjà dans l'école des bonnes sœurs de Saint-Gildas, en 1880 : Le catéchisme du diocèse, l'Histoire Sainte, Les Devoirs du Chrétien,...

Nostalgie, quand tu nous tiens...

Ma mère, comme bien d'autres filles avant et après, a fait ses "études" à Saint-Marie. Même toutes ses études...

Elle m'en parle parfois,...les quatre kilomètres à pied depuis l'Epinay,...parfois, les repas pris le midi chez la grand-mère Françoise au village de la Hyonnais, relativement peu éloigné de l'école,... mais c'était à la fin des années 20...c'est loin...

Je ne résiste pas au plaisir de publier une photo de classe, de sa classe, de 1927, où elle figure avec 39 condisciples. Je ne sais pas s'il est facile ou courant d'avoir une photo de classe si ancienne, mais je trouve le document exceptionnel quand même. Et émouvant aussi, bien sûr : combien de petites filles de cette photo peuvent-elles encore évoquer leurs souvenirs, bons ou mauvais ?...

Ma (future) mère étant parmi les plus petites (physiquement), elle est au premier rang, presque au milieu, vêtue d'un sarrau à pois sombres qui se boutonne sur le côté et de bas noirs. On dirait qu'elle est en chaussons (les autres - sauf une autre, à droite, en charentaises également - ont des bottines), ce qui tendrait à prouver qu'elle venait à l'école en sabots...

J'imagine que c'était une de ses premières photos. Son regard noir de petite fille de six ans paraît assez farouche sous la petite frange...

Le cliché a dû être pris devant le bâtiment qui se trouve le plus éloigné de la route, dans la cour figurant sur la dernière photo à la fin de ce post.







Je suis retourné à l'Ecole Saint-Marie, dimanche dernier, faire quelques photos. La vie continue...










3 commentaires:

  1. très émouvantes photos de classe

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  2. Bonjour je recherche des photos de classe entre 1968 et 1972 periode primaire . Sauriez vous ou je pourrais les trouver ? Merci

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  3. Je ne peux malheureusement vous renseigner sur ce point. Je me suis également posé la question et j'imaginais interroger la direction de l'école, mais je ne l'ai pas encore fait.

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